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Obama : un état de l’Union plein de promesses...et d’austérité

jeudi 28 janvier 2010

28 janvier 2010 (Nouvelle Solidarité) – Hier soir dans son discours devant le Congrès sur l’état de l’Union, Barack Obama a subtilement changé son fusil d’épaule pour échapper à la colère du peuple… mais c’était pour mieux lui tirer dessus. Après sa molle « déclaration de guerre » à Wall Street jeudi dernier, le Président a consacré son intervention à la principale préoccupation des américains : l’emploi. Mais, après avoir promis quelques crédits d’impôts pour les PME et la création d’emplois verts, Obama en est revenu au programme qui lui est dicté par son entourage : l’austérité.

« Même si la réforme de la santé réduirait notre déficit (sic), cela ne suffit pas pour nous sortir de l’ornière fiscale dans laquelle nous nous trouvons (…) Les familles de ce pays se serrent la ceinture et prennent des décisions difficiles. Le gouvernement fédéral doit faire de même. (re-sic) Donc ce soir, je propose des mesures spécifiques pour payer le millier de milliards de dollars que nous avons dépensé l’an dernier pour sauver l’économie. Dès 2011, nous allons geler les dépenses budgétaires pour 3 ans. Les dépenses liées à la sécurité nationale, Medicare, Medicaid et Social Security ne seront pas affectées [c’est-à-dire la couverture santé publique pour les personnes âgées et les pauvres ainsi que le système public de retraite pour les travailleurs les plus modestes - ndlr]. (…) [1 minute plus tard] Mais après avoir payé ce que nous avons dépensé sous mon mandat, nous ferons toujours face au déficit massif dont j’ai hérité. Et encore plus important, le coût de Medicare, Medicaid et Social Security continuera à grimper en flèche. C’est pourquoi j’ai appelé à la création d’une commission fiscale bipartisane modelée sur la proposition des sénateurs républicain et démocrate Judd Gregg et Kent Conrad. Cette commission ne sera pas encore un de ses trucs mis en place pour faire croire que nous avons résolu un problème. Elle devra fournir un ensemble de solutions spécifiques à une date donnée. Mais il se trouve qu’hier, le Sénat a bloqué un projet de loi qui aurait instauré cette commission. Je vais donc procéder par décret présidentiel pour que nous puissions aller de l’avant. »

Comme l’a expliqué le Financial Times la veille, rapportant un entretien avec Peter Orszag, directeur du Budget à la Maison Blanche et grand promoteur du rationnement des soins médicaux, « l’Administration Obama va passer du combat contre la récession à la consolidation fiscale », afin de « convaincre le marché obligataire [c’est-à-dire Wall Street et la City] de son sérieux sur la réduction du déficit » ; cette commission pour les coupes budgétaires constituera « une police d’assurance contre une rébellion des marchés ». Peter Orszag a également reconnu que les Etats-Unis allaient adopter le critère maastrichtien des 3% du PIB pour le déficit, sans dire toutefois si cette limite sera l’objectif du prochain budget ou si c’est cette commission qui devra la faire appliquer.

La Commission fiscale prévoit de soustraire aux représentants du peuple au Congrès leurs prérogatives budgétaires en leur soumettant ses recommandations de coupes dans les programmes sociaux sans que ceux-ci ne puissent ni en débattre, ni y apporter d’amendement. Il s’agit, ni plus ni moins, d’outrepasser la constitution et la souveraineté des Etats-Unis pour imposer une inacceptable et meurtrière cure d’austérité. La commission devrait tirer ses premières salves à partir du 3 novembre prochain, c’est-à-dire au lendemain des élections de mi-mandat, comme le prévoyait le projet de loi Gregg-Conrad.

Apparemment l’avertissement envoyé par le peuple lors de l’élection du Massachusetts n’a pas entamé la frénésie austère du Président. L’on assiste quasiment déjà à la fin de l’administration Obama… reste à savoir si cela attendra les urnes...


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