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Helga Zepp-LaRouche : contre le Club de Rome, le Club de la vie !

mercredi 2 septembre 2009

Nous présentons ici un deuxième extrait de la déclaration de candidature d’Helga Zepp-LaRouche, présidente de notre parti frère, le Bürgerrechtsbewegung Solidarität (Büso, Mouvement des droits civiques-Solidarité), et candidate à la chancellerie allemande aux élections fédérales du 27 septembre. Le texte complet est disponible en allemand sur le site du Büso et en anglais sur le site du LaRouche Political Action Committee (LPAC).

Dans les premières décennies de l’après-guerre, sous le choc des atrocités commises par le national-socialisme, dominait un consensus international pour que l’on ne tolère jamais plus l’euthanasie. « Plus jamais ça », fut pendant longtemps le credo de cette opposition de principe.

Ainsi, lors de la période de reconstruction, en dépit des privations matérielles résultant d’une Allemagne réduite en lambeaux suite aux ravages de la guerre, un vecteur d’optimisme prévalait. Une volonté tenace de la part du peuple allemand et une politique économique fondée sur des principes sains fit alors naître en un temps record ce que la Terre entière allait reconnaître comme « le miracle économique allemand ». Notre système de santé se développe jusqu’à devenir l’un des meilleurs au monde. C’est également une époque où, à l’ONU, on parle régulièrement de telle ou telle « décade de développement », partant de l’idée que la plupart des pays du Sud peuvent rattraper rapidement leur retard en développant agriculture et industrie.

Cependant, un changement de paradigme politique, culturel et économique advint à la fin des années soixante et en dernière analyse, c’est là qu’il faut chercher les origines de la crise actuelle. 1968 n’est pas seulement l’année qui voit naître les soixante-huitards, mais la date de naissance d’une des principales armes de propagande de l’oligarchie promouvant ce changement paradigmatique : le Club de Rome (CdR).

Avec des moyens financiers quasi-illimités, le CdR publie d’innombrables livres, dossiers et articles dans plusieurs douzaines de langues, affirmant que le problème du Tiers-monde n’est pas le sous-développement, mais sa surpopulation. Avec la thèse « Halte à la croissance ? », le CdR tente alors de convaincre le monde que l’on va fatalement vers l’épuisement des ressources.

Pourtant, les deux auteurs de ce pamphlet, les professeurs Meadows et Forrester du Massachusetts Institute for Technology (MIT), avouèrent par la suite que leurs modélisations informatiques étaient en réalité paramétrées pour démontrer une « vérité » décidée d’avance. Pour ce faire, ils écartèrent consciemment les progrès scientifiques et technologiques de leurs équations. Or, c’est précisément ces progrès qui définissent une « ressource naturelle » de ce qui n’en est pas une. C’est à partir de là que les fondements idéologiques pour la création du mouvement vert furent établis.

En quelques années, l’être humain ne fut plus considéré comme un individu créateur, capable d’accroître, l’espérance et la qualité de vie grâce à des découvertes scientifiques et à leurs applications dans la production. Petit à petit, l’image de l’homme fut dénaturée, il devint facteur de pollution pour un environnement dont il épuise les ressources ; bref, une créature dont il vaut mieux réduire le nombre.

En 1974, à Bucarest, lors de la conférence des Nations unies sur la population à laquelle j’assistai, la thèse de la « surpopulation » défendue par John D. Rockefeller III fut ridiculisée par toutes les ONGs comme étant un bébé de Rockefeller.

Mais la mise en œuvre, la même année, du National Security Study Memorandum 200 (NSSM 200), rédigé par Henry Kissinger, à l’époque Conseiller national à la sécurité du président Richard Nixon, vise précisément à imposer cette politique. Le NSSM 200 affirme sans détours que les ressources naturelles de la planète représentent un intérêt stratégique pour les Etats-Unis. Ce pays s’octroie donc le droit de contraindre d’autres pays à réduire leur population — si besoin, au moyen de l’arme alimentaire.

Au début des années 1980, la propagande des croisades menées par le CdR, le World Wildlife Fund (WWF), la Commission trilatérale ou encore le Bilderberg ainsi qu’une myriade de centres de réflexion sous les auspices de l’oligarchie, a déjà provoqué un tel impact dans les esprits que le principe de l’inviolabilité de la vie humaine et la dignité de tous les êtres humains vivant sur la planète est déjà éclipsé par une notion comptable de calculs coûts/efficacité. Ainsi, les thèses sur la surpopulation et la pénurie des ressources ont façonné une vision darwinienne du monde et un racisme latent dans l’esprit et le cœur d’une partie grandissante de la population mondiale.

Le droit à la vie

En 1982, face à cela et explicitement comme antithèse du CdR, j’ai fondé le Club de la vie dont le but était, et reste, de défendre l’image humaniste et chrétienne de l’homme, distincte de toute autre forme de vie par sa capacité de raison créatrice. Le cardinal-philosophe Nicolas de Cues, que je chéri comme un trésor, est le véritable fondateur de la science moderne et de l’Etat-nation souverain. Il définit l’homme comme une imago viva Dei, image vivante du créateur, capable d’imiter les qualités les plus nobles du Dieu créateur et ainsi de perpétuer le processus de la création.

La dignité inviolable de l’homme résulte de ces caractéristiques uniques que Nicolas de Cues nomme la vis creativa et qui permettent à l’homme d’être capax dei, c’est-à-dire qu’il a la capacité de participer en Dieu par l’activité créatrice. Pour cette raison, l’homme est le couronnement de la création comme l’affirme le livre de la Genèse (1:26) et pas seulement l’intendant de la nature ou un simple singe évolué. L’homme est l’unique forme de vie qui, par son appréhension créative des lois de l’univers physique, peut soutenir un progrès scientifique et technologique permanent. Quand ce progrès s’applique aux processus de production, la productivité du travail s’accroît ce qui augmente d’autant les capacités de production, le potentiel de peuplement ainsi que l’espérance et la qualité de vie.

De cette image de l’homme, dont dérivent la capacité humaine d’un amour désintéressé pour son semblable (l’agapè) et le libre arbitre, découle le droit inaliénable à la vie humaine dans toutes les phases de son existence. La seule institution capable de protéger ce droit humain est l’Etat-nation souverain qui doit s’engager à promouvoir l’intérêt général, c’est-à-dire, le potentiel de chaque citoyen dans son humanité essentielle.

C’est précisément ce principe de droit, ce droit inviolable et inaliénable de l’homme qui est protégé par l’article 1 de la Loi fondamentale (constitution) allemande, et heureusement, la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe, par son verdict sur le Traité de Lisbonne, a identifié ces principes de droit, en supplément de l’article 20 qui définit l’Allemagne comme un Etat social, comme intangibles.

Depuis vingt-sept ans, dans ses publications et colloques, le Club de la vie défend ce droit inaliénable de la vie lors de chaque tournant significatif visant à diluer ou abroger ce droit. Qu’il s’agisse d’arguments sophistes tels ceux du bio-éthicien Peter Singer ; de l’euthanasie aux Pays-Bas ; des diagnostics pré-implantatoires (permettant de connaître les caractéristiques génétiques d’un embryon) ; de la suspension de l’alimentation artificielle des comateux ; du suicide médicalement assisté ou du testament biologique ; le Club de la vie a toujours cherché à défendre la vie avec des mises en garde contre l’immense danger de s’engager sur une pente savonneuse, si l’on altère les lois qui la protègent.

Depuis 1992, le système sanitaire allemand connaît une dégradation dramatique résultant du pacte conclu entre Horst Seehofer, à l’époque ministre de la santé, et l’expert des affaires sociales du SPD, Rudolf Dressler. Ceci fit qu’on imposa une politique de maîtrise des dépenses, provoquant une compétition entre les secteurs privé et public, et même entre les différentes caisses d’assurance maladie publiques. Ces politiques ont ouvert la voie à la pensée comptable en termes de coût/bénéfice. Depuis lors, un sous-financement systématique et une pénurie de l’offre de soins, scandaleux et potentiellement mortel, a vu le jour conduisant à des politiques d’euthanasie (que l’on cache), au rationnement des soins et au triage des patients. En conséquence, l’accès aux soins se retrouve donc au niveau à celui du tiers monde pour une partie de la population, suivant l’expression employée par une nonne catholique.

Depuis longtemps, la tendance va vers une tarification forfaitaire des médecins, permettant d’écarter les patients les plus coûteux. Ainsi le patient ne se trouve plus traité en tant que personne, mais comme appartenant à un groupe de malades rentables. Toute cette politique a d’abord été mise en place par un gouvernement CDU-CSU-FDP puis reprise par le gouvernement SPD-Vert et ensuite par la Grande coalition actuellement au pouvoir.

Si l’offensive menée par les fonds « sauterelles » [hedge funds] contre le secteur de la santé atteint son objectif, les cliniques et assureurs privés mettront en coupe réglée les hôpitaux publics et mettront fin aux pratiques médicales habituelles. Dès lors, l’accès au soins sera fortement réduit pour bon nombre de patients – un quart et ensuite un tiers, voire plus – ce qui impliquera la réduction de leur espérance de vie.

Si le krach financier entre dans sa prochaine phase, toute l’Allemagne risque de finir avec un système sanitaire digne de Calcutta, en Inde. Quand le professeur Jörg-Dietrich Hoppe, président de l’Association médicale allemande, lors de la récente convention de son mouvement à Mayence, dit que l’on assiste déjà au rationnement caché des soins et que cela mérite un débat public afin de décider s’il ne faut pas allouer plus de moyens à l’infrastructure médicale, la ministre de la santé Ulla Schmidt s’est indigné, déclarant que cette proposition était plutôt inhumaine.

Cependant, la vérité est qu’avec la politique de Mme Schmidt et sa réforme de la santé, nous subissons déjà un sous-financement manifeste dans ce domaine, ce qui est inhumain parce que les plafonds imposés aux coûts impliquent soit une baisse de la qualité des soins ou des surcoûts à la charge des malades — bien qu’ils aient cotisé toute leur vie. Par ailleurs, on fait comprendre aux médecins libéraux qu’ils feraient mieux de se constituer un petit contingent de patients rentables au lieu de dispenser des soins à de coûteux patients, notamment ceux souffrant d’affections chroniques. Dans les hôpitaux, la situation est similaire : des lits restent vides par manque de personnel et je pourrais citer encore beaucoup d’autres exemples !

Bien que situation allemande ne soit pas aussi horrible qu’en Angleterre, où la Haute autorité de la santé (NICE) et des programmes tels que le Quality Adjusted Life Years (QALY) mettent brutalement fin aux traitements médicaux pour certaines catégories d’âges de sujets et de patients, ou celle des Etats-Unis où la réforme d’Obama vise à réduire les coûts de la santé de 30%, ne nous voilons pas la face : nous autres allemands, ne sommes pas bien loin derrière !

Nous ne devons tolérer d’aucune façon l’argument suivant lequel quand le chômage et les dépenses de l’Etat explosent, peu de ressources financières restent disponibles : des coupes dans les dépenses seraient donc incontournables. Les centaines de milliards offerts aux banques sur un plateau d’argent ne doivent d’aucune façon conduire à des réductions budgétaires pour la santé des malades comme l’exige sans façon Peter Orszag, le directeur de l’Office of Management and Budget (ministère du Budget) américain. En Allemagne, nous devrions faire particulièrement attention quand on nous propose des critères comptables de coût/bénéfice dans le domaine de la santé.

Après la guerre, lors du procès contre les médecins nazis à Nuremberg, le docteur Leo Alexander, conseiller médical de la Cour, souligne dans ses notes qu’en dernière analyse, c’est la pensée utilitariste Hégelienne qui est à l’origine de la politique d’euthanasie en Allemagne nazie.

En 1949, il écrit dans le New England Journal of Medicine : « peu importe les proportions que ces crimes prirent par la suite, il devenait évident pour tous ceux ayant menés l’enquête qu’elles commençaient petites. Les débuts n’étaient initialement que des changements légers de priorités en ce qui concerne l’attitude de base des médecins. Cela commença avec l’acceptation, essentielle dans le mouvement pour l’euthanasie, qu’il existe quelque chose comme une vie « indigne d’être vécue ». Initialement, ce jugement n’allait qu’à ceux frappés de maladies graves et chroniques. Graduellement, on inclua dans la même sphère les individus socialement improductifs, les personnes idéologiquement ou racialement non désirées et enfin tous les non-Allemands. Cependant, il est important d’avoir conscience que toute cette tendance commença par l’attitude envers les malades incurables. Ainsi, c’est ce changement subtil de l’attitude des médecins qu’il faut examiner. »

Ce changement subtil des priorités est déjà de mise en Allemagne. Il ne vient pas des médecins, mais deséconomistes de la santé qui intègrent des évaluations coût/bénéfice dans le budget et des investisseurs sans scrupules qui voient le secteur de la santé comme la prochaine vache à lait, capable de leur fournir du cash pour spéculer.

Si ce n’est plus le serment d’Hippocrate et le droit inaliénable à la vie qui définissent la relation médecin/patient, nous nous engageons alors sur une pente savonneuse avec impossibilité d’en sortir en période d’effondrement économique.

Ce qu’il se passe actuellement en Californie donne un aperçu de ce danger. Après que « Terminator » Schwarzenegger eut brutalement coupé les budgets, plusieurs patients atteints de maladie chronique et totalement désespérés, ont pris la parole devant des caméras, affirmant que sans le rétablissement d’urgence de leurs traitements, ils mourraient d’ici quelques jours.

En France, l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) collecte des signatures pour résister contre les dernières directives de la loi Bachelot — qu’impose le président Sarkozy — en évoquant les préceptes dictés par le Conseil national de la résistance (CNR). Au nom de ces valeurs, les urgentistes affirment clairement qu’« Aucun patient n’est une marchandise, nos hôpitaux ne sont pas des entreprises où un pseudo PDG pourra demain décider quels sont les bons et les mauvais soins, quel est le projet médical que les médecins "à la botte" devront mettre en œuvre. »

La loi récemment votée par le Parlement et le Sénat allemands en ce qui concerne les directives pour les patients en fin de vie n’est qu’une expression de ce changement subtil d’attitude. Cette loi, qui permet au malade de donner des instructions sur son traitement (testament biologique) en fin de vie lorsqu’il aura perdu conscience, n’est en réalité que l’expression de ce processus sur l’échelle de valeurs distordues définie par ce changement paradigmatique (comme l’analysis situs).

Dans une situation sociale où l’on fait comprendre aux personnes âgées qu’elles ne sont que du ballast démographique et qu’elles gâchent l’avenir et le niveau de vie des jeunes, une pression insoutenable s’exerce sur cette génération pour qu’elle cesse d’être un fardeau pour sa progéniture.

Naturellement, le droit à l’autodétermination est un bien précieux et la crainte de perdre son autonomie en vieillissant mérite d’être prise en considération. Cependant, c’est la maladie qui est l’ennemi de cette indépendance. Des études existent prouvant que les gens frappés de maladies incurables peuvent avoir une attitude complètement différente et se confier aux autorités sanitaires quand la situation le demande. On a aussi démontré qu’un grand nombre de signataires detestaments biologiques, le font très souvent faute de soutien social.

Ne serait-il pas plus avantageux pour le respect de la dignité humaine, de réformer la société de telle façon que dans un environnement façonné par le souci pour l’autre, tout un chacun puisse être épaulé ? Dans un de ses premiers sermons, le pape Benoît XVI exprime son inquiétude devant le développement d’une « culture de mort » et l’acceptation croissante de l’euthanasie. Cependant, même si le testament biologique du patient ne va pas jusqu’à l’euthanasie active comme c’est le cas aux Pays-Bas ou jusqu’au tourisme de la mort conduisant certains malades à Zürich, en Suisse, pour s’y faire euthanasier, la bonne question à se poser est : pourquoi une majorité de parlementaires allemands, au pire moment d’une crise économique sans précédent, est tellement pressé de voter une loi impliquant, rappelons-le, des économies financières.

Ce sont ainsi les premiers pas sur la pente savonneuse. Si vous élisez au parlement des représentants de notre parti, le Büso, nous aurons la possibilité de faire machine arrière sur cette privatisation du secteur de la santé et de le protéger comme la loi l’exige. Une fois rétabli le plein emploi dans une économie productive, nous aurons parfaitement les moyens de garantir un système de santé d’une aussi bonne qualité que celui dont nous disposions jusqu’en 1992.

Article : Helga Zepp-LaRouche : refaisons de l’Allemagne le pays des poètes et des penseurs !


Un 9 juin pour le salut commun


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