Brèves

Sarkozy veut-il privatiser le système de santé ?

mercredi 15 juillet 2009

15 juillet 2009 (Nouvelle Solidarité) – En lisant entre les lignes du discours de Nicolas Sarkozy du 4 juin dernier devant le congrès annuel de la Mutualité française, on est facilement amené à sa poser la question : notre système de Sécurité sociale, fruit de la lutte contre le fascisme des années 1930 et 1940, va-t-il être mis en pièces ?

Dans une analyse publiée dans Le Monde du 9 juillet, Cécile Prieur pose directement la question « Le système de santé en voie de privatisation ? ». Elle cite d’abord le discours du président expliquant que les « ressources de la solidarité nationale ne sont pas infinies » et que « les régimes de base ne pourront pas tout financer ». « La solidarité nationale, financée par des prélèvements obligatoires, continuera de remplir sa mission, a annoncé M. Sarkozy. Mais à ses côtés, d’autres formes de protection sont appelées à se développer (...). Je souhaite que soient confiées de nouvelles responsabilités aux organismes complémentaires. »

Autrement dit, le droit à la santé garanti par le préambule de notre constitution va être confié aux organismes privés et l’on se soignera selon ses moyens. Déjà, 7% de français n’ont pas de couverture complémentaire car ils n’en ont pas les moyens. Il s’agit essentiellement de chômeurs et d’ouvriers. Parmi eux, 32% déclarent avoir renoncé à se soigner. Et même chez les bénéficiaires de la CMU, ce taux atteint 19% et 13% chez ceux qui souscrivent une complémentaire privée. Les retraités sont également menacés car ne bénéficiant pas de régimes collectifs, les primes qu’ils doivent acquitter pour leur couverture complémentaire sont indexées sur l’âge, et beaucoup d’entre eux doivent payer très cher pour des couvertures peu performantes. « Pour tous ces Français, le projet présidentiel - transférer des pans de l’assurance-maladie obligatoire vers les complémentaires - se traduira par de nouveaux obstacles dans l’accès aux soins », estime Cécile Prieur. Ce système va rendre les soins plus chers pour ceux qui y auront accès et dissuadera les autres d’y avoir recours. « Le transfert annoncé se traduira en effet mécaniquement par une augmentation des primes. Or ce surenchérissement du prix des complémentaires serait bien plus inégalitaire qu’une augmentation des cotisations sociales, qui sont proportionnelles aux salaires. Au nom de son refus d’augmenter les prélèvements obligatoires, M. Sarkozy tourne le dos à l’idée de redistribution entre hauts et bas revenus, portée par la Sécurité sociale. Ce ne sera plus chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins, qui était le dogme fondateur de la "Sécu", mais chacun reçoit en fonction de ce qu’il aura réussi (ou non) à payer », conclut-elle.

Et il suffit d’aller voir aux Etats-Unis pour comprendre l’absurdité d’un système privatisé. Avec le système de gestion HMO – des sociétés d’assurances maladies privées auprès desquels souscrivent individuellement les américains – les dépenses de santé des ménages ont explosées et l’accès au soins s’est réduit. Pourquoi ? Soucieuses de leur rentabilité et de pouvoir payer les bonus et salaires de leurs dirigeants, ces compagnies déploient un effort bureaucratique équivalent à 30% des dépenses, essentiellement pour motiver les refus de soins à leurs assurés. En conséquence, les établissement de santé doivent trier les patients qui affluent et doivent à leur tour déployer d’énormes ressources bureaucratique pour obtenir les remboursements de ces sociétés privées faisant tout pour ne pas payer. [*]

En voulant amputer les dépenses publiques de santé de 950 milliards de dollars sans jamais remettre en question les HMO, Barack Obama a conduit sa présidence dans l’impasse et s’attire les foudres de la population qui commence à voir en lui la courroie de transmission des intérêts financiers en pleine désintégration économique.

Peut-être de quoi faire méditer M. Sarkozy…

Vidéo « Non au triage humain : Santé publique et population »


[*Voir l’intervention du sénateur indépendant Bernie Sanders, le 14 juillet lors du débat de la Commission de la Santé sur la réforme Obama ici (407e minute)
Voir aussi sur le site du LaRouche PAC.