La nécessité impérative de coloniser la Lune et Mars

jeudi 2 avril 2009, par Lyndon LaRouche

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Nous reproduisons ci-dessous le discours de Lyndon LaRouche prononcé à la conférence de l’Institut Schiller et de l’ICLC le 22 juin 1986. Après avoir écrit un mémorandum à l’attention de l’Administration américaine, il présente ici directement au public les grandes lignes de sa pensée.

Quand vous parlez de politique à un public, vous choisissez un sujet qui n’est apparemment pas politique, et vous prouvez dans votre présentation que c’est en fait un thème politique. Quelques personnes proches de l’administration Reagan nous ont dit que le président semblait être prêt à s’engager dans le projet de colonisation Lune-Mars, que la chose était sur le point d’être entreprise.

J’ai donc décidé d’écrire quelque chose sur la mission de colonisation Lune-Mars. Puis, je me suis dit ; pourquoi l’envoyer uniquement à ces illettrés de l’administration, pourquoi ne pas le rendre accessible à tous. D’autant plus qu’il se trouve que c’est un thème que j’ai à l’esprit depuis longtemps. Nous avions insisté là-dessus lors de la conférence Krafft Ehricke, l’année dernière en Virginie. Par la suite, et au cours de quelques discussions personnelles, nous nous sommes attelés à différentes sortes de rapports pour déterminer comment cette mission de colonisation Lune-Mars pourrait être menée à bien. Nous travaillons là-dessus depuis lors. Les documents sont à votre disposition.

Décollage de la Fusée Atlas V

Aussi j’aimerais vous prouver que votre conception de la géométrie façonne votre capacité d’élaborer des politiques, et qu’ainsi, la géométrie mise à l’œuvre dans des attaques de flancs, détermine l’avenir de l’humanité.

Le caractère politique d’un savant, et de la communauté scientifique, se rattache évidemment à l’impact de la science et de la technologie sur la condition matérielle de l’humanité et la résolution de problèmes militaires, soit dans leurs aspects qui sont intrinsèquement technologiques, soit dans ceux auxquels la technologie peut fournir des solutions. Mais la science, en soi, est une question politique, une question politique immédiatement pratique. On dispose de certains objectifs moraux qui sont en fin de compte des objectifs politiques auxquels on est attaché.

Par exemple, prenons le cas de quelques épouvantables aristocrates, les Tour et Taxis. Voilà l’exemple même d’horribles individus, qui à force de se reproduire entre eux, finissent comme des dégénérés.

Tout autour du monde, vous avez cette aristocratie héréditaire ou, comme les appellent les Vénitiens, ces « élites nobles », des individus et des familles stupides et vicieux qui parasitent l’espèce humaine et réduisent les membres ordinaires de l’espèce humaine à la condition de serfs. Nous voulons nous en débarrasser. Il existe des membres de l’aristocratie qui possèdent un meilleur pedigree, qui servent l’humanité, mais en général, l’aristocratie est une structure sociale défaillante.

Nous avons un autre problème du même ordre aux Etats-Unis. Les Etats-Unis n’ont pas cette maladie européenne de l’aristocratie féodale, de la noblesse, mais nous avons un groupe de gens qui s’appellent les « tories ». Depuis des centaines d’années ils considèrent leurs familles, comme une aristocratie américaine au pouvoir : l’Establishment.

Galaxie M51

La mentalité d’employé

Aux Etats-Unis, on assiste depuis une centaine d’années à une évolution sociologique, parallèle à celle qui a eu lieu en Europe ; nous n’avons plus assez de gens qui sont politiquement indépendants. La plupart des gens aujourd’hui sont soit au chômage, soit employés. Ce sont des lèche-bottes, qui doivent, pour survivre, se concilier leurs éventuels patrons, ou les sous-fifres de vrais patrons ; ils doivent bien travailler, de façon à obtenir une lettre de recommandation d’un patron à l’autre. Telle est aujourd’hui l’attitude des scientifiques, et les parents élèvent leurs enfants à ces règles, les règles de la propitiation, si bien que vous avez dans la société des personnes qui lèchent les bottes, qui baisent les pieds, par instinct ou par formation. L’individu n’a plus le sens d’être, politiquement ou personnellement, une personne ou un citoyen politiquement indépendant. Et vous le savez tous. Vous venez, pour la plupart, d’une famille de lèche-bottes. Vous êtes élevés pour vous comporter d’une certaine manière, sinon tant pis pour votre carrière. Mêlez-vous de vos oignons, autrement vous n’aurez pas ce que vous désirez. Ce que fait l’autre ne me regarde pas, je ne vais pas m’attirer des ennuis avec ça. Je n’appellerai pas la police si j’assiste à un meurtre, parce que cela m’impliquerait dans l’affaire en tant que témoin.

C’est un élément de l’immoralité essentielle de notre société, où les gens sont dégradés à rester au rang d’employés. Je ne vous proposerai pas, bien sûr, de retourner à la vie nomade, Mais quelque part sur le chemin, quelque chose a été perdu en matière d’indépendance, et du caractère moral qui accompagne cette indépendance. Si vous n’êtes pas indépendant, vous ne pouvez être moral, n’est-ce pas ?

Vous n’avez pas d’opinions propres, vous avez les opinions que vos patrons veulent de vous ou de ceux qui influencent votre employeur. Vous n’êtes pas indépendants, votre opinion n’a pas de valeur, parce que votre âme est hypothéquée par vos craintes sur votre carrière, la famille, l’entourage, etc.

Vous recherchez l’approbation. Même si vous avez des manies personnelles ou des idiosyncrasies, il vous faut un type reconnu et admis d’idiosyncrasies. Dans ce cas, même si vous ne pouvez être embauché par EDF, vous pouvez au moins être engagé par le zoo de Vincennes. Vous pouvez être excentrique dans cette société, aussi longtemps que Le Parisien Libéré approuve ce genre d’excentricité. Vous pouvez être un obsédé sexuel, vous pouvez tuer des gens, alors vous êtes dans le coup. Mais vous ne pouvez être ce qu’on appelle quelquefois aux Etats-Unis un original, un réfractaire, un penseur indépendant ; vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion.

Quand une personne vous dit qu’elle a sa propre opinion, c’est le plus grand mensonge ou la plus grande plaisanterie du monde. J’ai rencontré très peu de personnes qui aient leurs propres opinions sur quoi que ce soit. Ils ont approuvé les opinions d’autres. Leur opinion vient en regardant des mélodrames et autres feuilletons télévisés. Ils disent tout savoir de la vie sociale, des affaires, parce qu’ils regardent ces feuilletons :

Je regarde Dallas, je regarde Dynasty, je connais tout là-dessus.

De fait, vous avez des quantités de gens, aux Etats-Unis, qui essaient de tuer leurs parents à cause de Dynasty.

Aussi est-il très important, en tant qu’objectif politique d’avoir à nouveau un individu politique indépendant, non pas un oiseau rare et rejeté par la société, par les personnes qui ont les opinions des autres. Ces dernières sont des gens « dirigés de l’extérieur », des gens qui n’ont pas d’opinion propre, mais croient dur comme fer en l’opinion des autres.

Que pensez-vous de ce meurtre ? - Heu, vous savez, je ne sais pas encore, je n’ai pas encore lu l’éditorial d’aujourd’hui là-dessus. Ou - Je ne sais pas, ça passe la semaine prochaine dans Dynasty.

Il faut surmonter cette mentalité d’employé.

La farce de la démocratie

Parler de "la" démocratie est une plaisanterie. Quel genre de démocratie avons-nous ? C’est une démocratie à la Orwell 1984 : les gens vont voter, ou n’y vont pas, et votent en fonction d’une influence extérieure. Ils n’ont pas leur propre opinion, mais celle des autres. La démocratie est ainsi pourrie. On dit qu’il faut faire confiance à la volonté indépendante du peuple, qu’il faut respecter l’opinion du peuple.

1984 d’Orwell

La nature n’a aucun respect pour l’opinion des gens. La nature n’a aucun respect, par exemple, pour la politique du gouvernement de l’Allemagne fédérale. L’Allemagne est en train d’être détruite : par quoi ? Par la politique des Verts. Par conséquent, la nature hurle et dit que le gouvernement allemand est stupide. Le gouvernement allemand dit : ce n’est pas possible, notre opinion est que la nature a tort.

Nous n’avons pas de démocratie politique, au plein sens du terme ; nous avons une populo-cratie, une panico-cratie, une histérico-cratie, une zombie-cratie. Mais l’opinion des gens est généralement sans valeur ; l’opinion de 90% des gens est assurément une opinion sans valeur. Elle n’a rien à voir avec les lois de l’univers, les lois de la nature, rien à voir avec aucun processus de raisonnement.

Alors, comment influençons-nous les gens ? Très simple. L’autorité des gens n’est qu’extérieure, à part certains individus, peut-être trois ou quatre pour cent de la société occidentale qui ont un certain degré de moralité, dans la mesure où ils ont un sens de responsabilité morale pour leurs propres idées. Quatre-vingt-quinze pour cent des gens dans la société occidentale n’ont pris aucune responsabilité pour leurs propres idées : ils utilisent les idées des autres. Les idées morales ? Ils ont passé un examen là-dessus à l’école ! Les idées mathématiques ? Ils ont passé un examen sur ce sujet ! Ils ont des idées en physique, des idées en science politique - des idées propres ? Aucune ! Ils ont appris des leçons sur le sujet. Ils étudient le journal pour avoir les opinions des autres gens en science politique. Quatre-vingt-quinze pour cent des gens dans le monde sont immoraux, parce qu’ils ne prennent pas la responsabilité morale des idées sur lesquelles ils vivent et agissent. Ils ont beaucoup d’idées qui tueraient l’ensemble de l’espèce humaine, mais non, ils ne sont pas responsables.

Que dites-vous ? Mais beaucoup de gens sont d’accord avec moi là-dessus, comment pouvez-vous affirmer que je suis responsable de cette idée de tuer, ou de menacer de tuer, la plus grande partie de l’espèce humaine ?

Ils ne sont pas moraux.

Prenons l’exemple l’autorité. Comment avons-nous de l’autorité ? Parce que des gens nous soutiennent, une poignée de gens pour des raisons rationnelles. La plupart de nos sympathisants ne nous soutiennent pas pour des raisons rationnelles. La plupart des voix que j’obtiens aux Etats-Unis ne viennent pas de gens qui sont d’accord rationnellement avec ma politique. Oh, il y a bien quelques dizaines de milliers de personnes aux Etats-Unis qui le font. Mais la plupart le font sur un principe de panique, le principe de l’autorité extérieure. Je suis une autorité. Par conséquent, les gens peuvent se fier à mon opinion comme à une autre. Vous voyez, les gens se fient à l’autorité, ce qu’on appelle l’opinion autorisée. Quand vous devenez une autorité, les gens peuvent se permettre d’adopter vos opinions comme les leurs. Et c’est ce qu’on appelle la politique, les relations publiques. En politique de relations publiques, l’individu ne dit à personne qui il est, en tant que candidat, jamais - la pire des choses en politique est de dire ce que vous pensez réellement. Vous allez plutôt trouver une agence de relations publiques, et vous achetez une boîte en plastique dans laquelle vous vous glissez. Et vous mettez la boîte, avec une belle étiquette, dans les rayons d’un supermarché. Et parfois, il y a des soldes parmi les politiciens.

Ainsi, ce qui est vendu au public sur le marché est la « commercialisabilité » de cette personnalité, la « commercialisabilité » de ce qui sort de sa bouche, peu importe ce que ce peut être. Non le contenu de ce qui sort de sa bouche, mais le fait est que ça sort de là. Par conséquent, on donne de l’autorité au candidat, parce qu’il est fabriqué de façon à être acceptable, suivant les mêmes méthodes que les marques de détergent. Par exemple, les gens n’achètent pas tel ou tel détergent parce que ça marche, mais parce qu’il est accepté d’acheter cette catégorie particulière de détergent. Les femmes peuvent choisir parmi les divers détergents, mais elles ne peuvent choisir que parmi ceux qui sont approuvés. Ainsi ne peut-on choisir que parmi les candidats qui sont approuvés par les mêmes moyens de publicité que ceux utilisés pour les détergents.

Mais la plupart des candidats ne sont pas bons, pas même pour laver la vaisselle.

Il serait donc souhaitable, si nous voulons à l’avenir avoir une espèce humaine, d’attaquer cette maladie fondamentale de la majorité des gens dans la société occidentale : leur manque d’indépendance, leur autorité extérieure, leur manque d’opinion propre, leur manque de responsabilité morale indépendante et de compétence morale. Nous vivons au milieu des autres êtres humains, et quatre-vingt-quinze pour cent d’entre eux sont tragiquement immoraux, et ils ne le savent même pas. Ce sont quatre-vingt-quinze pour cent des êtres humains en Europe occidentale et aux Etats-Unis qui sont réellement coupables, non de provoquer l’effondrement de la civilisation, mais de le tolérer. A moins que vous n’attaquiez la majorité, ces quatre-vingt-quinze pour cent de majorité de cette société comme étant immorale, ils ne vont jamais devenir meilleurs. Les gens diront :

Holà, mais vous voulez devenir dictateur !

S’il y a une seule personne avec un tant soit peu de cervelle dans ce pays, eh bien, voilà le dictateur tout trouvé, pour le bien de votre pays. Une bonne démocratie ne doit refléter ni respecter aucune opinion individuelle ; le rôle de la démocratie est d’imposer un règne de la raison, qui soit en accord avec les intérêts de la nation comme un tout, plutôt qu’une forme particulière de raison qui ne serait en accord qu’avec les intérêts particuliers d’une partie de la société. Le but d’une démocratie n’est pas de laisser les gens exprimer leurs opinions. Il n’y a rien de plus ennuyeux que d’écouter toutes les opinions de tous les gens. Vous pouvez passer votre vie à écouter ces bêtises. La fonction de la démocratie est d’établir que les intérêts d’une nation, de sa politique, soient le peuple et sa postérité. Mais la règle de la société, c’est le gouvernement par la raison. Et la démocratie politique, c’est le système par lequel nous garantissons les intérêts par lesquels la raison sera interprétée et appliquée. Quand les gens n’acceptent pas la raison, alors la démocratie devient une aussi mauvaise forme de gouvernement que la pire des dictatures.

Moralité négative et positive

Il y a deux sortes de moralité sur lesquelles nous devons compter : la moralité positive, et la moralité négative. La moralité négative peut prendre deux formes. Soit : « Ceci est mauvais, et ne devrait pas être permis » ; soit : « Il serait mauvais de ne pas faire cela. » Autrement dit, la moralité négative est une condamnation ou un rejet d’actes immoraux, et des actes immoraux par omission. Si quelqu’un meurt dans la rue, il est immoral de continuer son chemin sans venir le secourir. Ce n’est peut-être pas aussi immoral que de tuer, mais c’est le même genre d’immoralité. Nous avons besoin de moralité négative. La moralité négative est indispensable, mais vous ne pouvez bâtir une société uniquement là-dessus. Par exemple, il faut manger, et faire ce qui en découle ; mais ce n’est pas la nature de l’être humain, l’être humain n’est pas un événement métabolique. Il ne se limite pas à cela.

Il existe un autre côté de la moralité, le côté positif de la moralité, qui n’est pas simplement indispensable, mais est essentiel. Ceci a trait à l’essence de la moralité, à l’essence du bien. C’est une bonne chose que d’avoir une population qui n’a pas perdu sa compréhension de la moralité négative. Nous aurions espéré qu’il y aurait au moins quelques personnes dans les gouvernements des pays qui auraient au moins quelque semblance de moralité négative. Mais cela ne va pas engendrer du développement ; cela ne va pas élever les êtres humains à l’indépendance, à la vraie indépendance morale, intellectuelle. L’essentiel repose sur le processus de développement de l’individu ; ainsi que de la culture. C’est essentiellement ce qui distingue un être humain d’un fanatique écologiste : le développement de l’étincelle divine de la raison. Pas simplement en tant que raison contemplative, mais en tant que raison efficiente agissant dans l’univers, pour améliorer l’univers au moyen du développement de l’étincelle divine de la raison, qui manque chez ces individus égarés.

Ce développement, ainsi défini par le programme d’éducation de Humboldt dans l’éducation secondaire, est un exemple parfait de la moralité essentielle, des actes qui sont implicitement mais spécifiquement dirigés pour améliorer la moralité, pour la rendre plus forte, en développant à un degré plus élevé les pouvoirs et la précision de la raison chez l’individu et dans la culture. C’est ce genre d’individu qui est développé sur la base de la moralité essentielle, positive, qui est la fondation de la société.

Alexander von Humbold

Le problème est que les Etats-Unis sont sortis de la Deuxième Guerre Mondiale comme la plus grande puissance économique et militaire que le monde ait jamais connu. Ils sont restés, en quelque sorte, ce genre de puissance économique et militaire jusqu’au milieu des années soixante. Maintenant, les Etats-Unis sont une grande puissance de troisième rang, sur le point d’être déclassée de la catégorie grande puissance. Ceci nous apprend que l’établissement de la puissance économique et militaire des Etats-Unis n’était pas suffisant. Pourquoi ? Parce que nous avons détruit la moralité de nos enfants, et à présent, nos enfants et nos petits-enfants détruisent notre nation et notre civilisation. Parce que nous avons accepté John Dewey, nous avons respecté le Dr Benjamin Spock, nous avons respecté tous ces libéraux et extrémistes, nous avons permis la contre-culture du rock, de la drogue et du sexe, les mouvements de libération sexuelle, les écologistes et autres obscénités. Nous avons permis aux écologistes anti-humains de prendre le contrôle des salles de classe, nous avons permis à des pervers sexuels de prendre le contrôle des maternelles. Et quelle sorte d’enfant avons-nous eu ? Nous avons hérité d’un enfant transformé en bête, qui est maintenant déterminé à détruire la société, de telle sorte que tout le bon travail que nous avons accompli dans le miracle économique a été jeté par les fenêtres. Pourquoi ? Parce que nous avons permis à Willy Brandt et à ses amis de prendre le contrôle de l’éducation de nos enfants. Ce qu’il nous faut, c’est la moralité essentielle.

Comment se fait-il que Brandt et d’autres aient pu réussir ? C’est très simple. Tout simplement parce que les gens disaient :

Je suis un homme pratique. Je ne fais pas de politique. Je suis un homme pratique : je m’occupe de ma carrière, de ma famille, de mes affaires, et je ne souhaite pas être impliqué dans quoi que ce soit d’autre.

Cet homme produira un enfant qui le détruira.

Pourquoi ? Parce que la moralité n’est pas une chose inerte qui peut être mémorisée ou enregistrée sur bande magnétique d’une génération à l’autre. Ce n’est pas de la logique formelle, ce n’est pas un système déductif. La moralité est un processus actif de développement de la moralité. Et par quoi est-elle créée ? Par les pouvoirs créateurs de la raison. C’est quelque chose qu’un bureaucrate ne pourra jamais faire. Vous devenez moral en vous lançant dans un travail créatif, en vous occupant des problèmes de la société, en vous engageant à découvrir les solutions à ces problèmes. Dans cet engagement, cette étincelle divine de raison créative, voilà ce qu’est la moralité. C’est la partie essentielle de la moralité.

Si les gens de votre société disent : « Je m’occupe de ma carrière, de mon boulot, de ma famille », cette société sera détruite par ses enfants et ses petits-enfants. La moralité essentielle n’est pas une chose statique, ce n’est pas inscrit sur des tablettes de pierre. L’essence du bien est l’individu en tant qu’être actif, la capacité à raisonner créativement. Raisonner n’est pas un substantif, c’est un verbe. Ce n’est pas un objet de musée, c’est une chose vivante qui, si elle n’est pas développée, meurt, et devient un cadavre.

Mais, oui, nous avons une moralité, entrez donc dans notre salon. Le cadavre de notre moralité est là, au-dessus de la cheminée, merveilleusement embaumé.

Pas mal ma moralité, non ??? Elle se conserve bien

La bestialité de Descartes et des Jésuites

Tel est le lien politique général avec tout travail scientifique créatif. C’est la question morale en science. Nous avons deux courants dans la science, dont un courant immoral depuis le seizième siècle : ce dernier, qui domine les manuels et les universités aujourd’hui, a commencé essentiellement avec les jésuites et Descartes.

L’autre courant fut lancé par Nicolas de Cues, avec en particulier La Docte Ignorance, et par l’œuvre de Pacioli et Léonard de Vinci, en développant les fondations de la science moderne. Elle est associée au travail de Kepler, celui de Desargues et Fermat, Pascal, Leibniz, Euler, Monge, Gauss, Riemann. C’est la science, la science basée sur la géométrie constructive. C’est une science qui repose sur le rejet de ces cadavres de science qu’on appelle l’algèbre et l’arithmétique. Si vous ne pensez pas géométriquement, vous n’êtes pas un scientifique. Cependant, l’éducation mathématique de la plupart des scientifiques aujourd’hui est faite d’arithmétique et d’algèbre axiomatiques ; leur esprit et leur moralité sont détruits en étant entraîné à croire en ces absurdités.

La méthode adéquate pour le développement des pouvoirs potentiels de la raison dans l’individu est essentielle pour vraiment développer la moralité. Vous ne demandez pas à un écologiste de venir réparer votre machine à laver. L’idée de réparer une machine à laver peut être bonne, mais vous faites appel à la mauvaise personne. Vous avez besoin d’un plombier ou d’un électricien pour réparer votre machine. Quand vous avez besoin de la raison, vous n’utilisez pas l’arithmétique ou l’algèbre pour essayer de rendre les gens rationnels. Vous pouvez en faire des comptables, mais vous ne pouvez pas les rendre rationnels. Il vous faut employer la bonne méthode. Ainsi la question de la moralité n’est pas seulement une question de moralité essentielle, de moralité positive, il s’agit d’utiliser une méthode qui soit cohérente avec l’objectif que vous désirez atteindre.

En général, notre objectif politique doit être de développer ce que Socrate, dans les dialogues de Platon, appelle le Bien. En tant qu’individus, nous attachons beaucoup d’importance aux choses que nous faisons pendant notre vie, et qui pourraient recevoir l’approbation d’autres personnes. Nous prisons beaucoup les choses particulières que nous faisons ; nous construisons une maison, mais un siècle plus tard, la maison s’écroule. Nous construisons une voiture et quelques années plus tard, elle tombe en pièces. Nous cultivons du blé, il est consommé ou pourri en l’espace d’un an ou deux. Les choses particulières que nous faisons sont indispensables, mais pas durables.

La puissance qu’une société acquiert aujourd’hui peut s’évanouir parce que les petits-enfants de cette société vont la détruire. Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce qui est bien ? De bonnes actions ne sont pas intrinsèquement bonnes. Les actes sont bons uniquement s’ils sont indispensables au service du bien essentiel. Qu’est-ce que le bien essentiel ? Le bien essentiel est quelque chose qui nous survit, quelque chose à quoi nous contribuons. Le bien essentiel est le développement de la force de la raison en tant que force dominante dans la culture, qui cultive les individus. Le bien est le fait que nous pouvons être sûr, à l’avance que nos petits-enfants ordonneront la société plus intelligemment, plus efficacement que nous. Et c’est contribuer à assurer la domination du bien sur les esprits de nos petits-enfants, et de l’améliorer à cet effet. Encore une fois, pour accomplir le bien, pour accomplir la raison, nous devons parler à la raison comme à la raison, et nos actes doivent se conformer au caractère de la raison.

Le projet de colonisation de la Lune et Mars a trait à cette question. Dans mon esprit, la question était : étant donné que l’avant-garde de la science et de la technologie est bien définie aujourd’hui, comment pouvons-nous organiser les efforts de la société autour du progrès scientifique dans la technologie dans un cadre politique unique qui fera se produire toutes les choses qui devraient se produire dans la science et la technologie ? Eh bien, le projet Lune-Mars est la réponse.

Clair de Terre

Nous savons depuis longtemps, en particulier depuis le dix-neuvième siècle, qu’il n’y a pas de connaissance scientifique absolue. Cues l’établit plutôt rigoureusement. Ce qu’il y a, ce sont des connaissances moins imparfaites, et la manière dont ceci s’exprime dans la science, c’est que quelqu’un établit ce que les manuels scolaires définissent comme le dernier mot dans telle ou telle théorie. Et puis l’expérimentation continue. Tôt ou tard, au cours de ces expériences, il arrive des choses que vous appelez « anomalies ». Elles ne s’accordent pas avec les manuels scolaires et sont en flagrante opposition avec les dernières inventions en vogue, comme le concept des « quarks » par exemple.

Et la manière dont le progrès scientifique se fait généralement est que quelqu’un dit :

Écoutez, vous ne pouvez pas éternellement appeler ces choses des anomalies, vous devez admettre le fait qu’elles se produisent.

Ce ne sont pas des anomalies. L’anomalie, c’est le maudit manuel scolaire, et non le fait expérimental.

Donc, la science essaie de trouver une manière de reformuler l’ensemble de la science dans des termes qui s’accordent avec la réalité. Ces anomalies sont la démonstration de la réalité. C’est ce qui nous intéresse, parce que la méthode scientifique est uniquement socratique ; donc nous essayons de faire remonter nos présupposés à ce qu’on pourrait appeler les présupposés fondamentaux, sous-jacents, de la science. Faites remonter toutes les idées aux présupposés les plus fondamentaux, implicites dans ces idées, et s’il y a quelque erreur dans la pensée de quelqu’un, à moins que ce soit une erreur factuelle ou de détail, toute erreur de pensée vient de quelque présupposé que vous trimbalez avec vous, certainement inconsciemment. Vous croyez que les points matériels existent : ils n’existent pas, mais vous croyez vraiment cela, au fond de vous-même, sous quelque forme. Vous croyez que le mouvement s’effectue selon une ligne droite ; vous n’en faites pas un axiome, la plupart d’entre vous en tout cas, mais au fond de vous, vous pensez que c’est sûr, une certitude des sens. Vous croyez d’autres choses ridicules, et dans la mesure où vos idées quant à la nature reposent sur ces idées, de certitude des sens et autres présupposés, vous avez des idées ridicules, qui circulent et vous permettent de vous débrouiller la plupart du temps, mais à chaque fois, il se passe quelque chose qui vous montre combien votre façon de penser en général est ridicule. Maintenant, pour corriger une façon de penser ridicule, il ne suffit pas de la rafistoler, il ne suffit pas de mettre une clause restrictive là-dessus, comme un avocat sur un testament. Ce que vous devez faire, c’est remonter à la source fondamentale de votre erreur de présupposition, et trouver l’erreur la plus sous-jacente dans votre pensée, et la changer pour l’accorder à la réalité. Voilà comment la science progresse.

Depuis le milieu du dix-neuvième siècle, nous comprenons plus clairement ce que cela signifie concrètement en termes de science physique. Vous devez vous occuper d’astrophysique d’un côté et de microphysique de l’autre, et prendre les conditions les plus extrêmes, et vous verrez que les mêmes lois s’appliquent dans chaque domaine. C’est le test des principes fondamentaux. Il y a un troisième test, qu’on comprend essentiellement depuis l’époque de Léonard de Vinci et de Paccioli, et c’est que vous devez aussi examiner les mêmes principes, ceux que vous avez prouvés pour l’astrophysique et la microphysique, en termes des principes fondamentaux des processus vivants, non pas en tant que principes chimiques, mais bien en tant que processus vivants. Le problème, voyez-vous, c’est que la chimie ne reconnaît pas la vie. Un biologiste moderne est ordinairement, par définition, une personne qui vous enseigne qu’il n’existe pas. Parce que si ce qu’il dit sur la biologie était vrai, il ne pourrait pas exister. Voilà les trois domaines que vous devez tester.

Comment coloniser Mars ?

Mars

C’est là que la question de Mars intervient.

Nous savons aujourd’hui que pour entrer dans des domaines importants de la microphysique, de la physique des plasmas et d’autres domaines, nous devons explorer les aspects de l’astrophysique qui ne nous sont pas vraiment accessibles avec les télescopes et autres instruments actuellement sur la surface terrestre. Nous devons examiner les espaces les plus vastes de l’univers et tenter de comprendre comment les étoiles, les planètes et tous ce qui s’y trouve organise cet espace supposément vide.

Nous devons examiner les radiofréquences, les micro-ondes, les infrarouges, l’ultra-violet et les spectres de fréquences associés aux faisceaux de particules, etc. Alors nous devons aller là-haut grâce à des instruments spéciaux, pas seulement des télescopes, et nous devons orienter ces instruments dans toutes les directions de la Galaxie, observer des phénomènes comme la nébuleuse du Crabe, ou les systèmes d’étoiles doubles en rotation rapide, des choses dont on sait qu’elles produisent des phénomènes très intéressants d’une importance fondamentale, et nous devons tester les lois de la physique avec ces observations.

La Nébuleuse du Crabe

Placer un télescope en orbite terrestre est fort utile, mais cela ne nous aidera pas assez, pour bien des raisons. D’abord, l’orbite terrestre est très sale et très bruyante d’un point de vue électromagnétique. Elle contient des tas de déchets provenant du Soleil et d’autres endroits, c’est très sale, ce n’est pas vraiment bon pour effectuer une observation propre, une observation précise d’un phénomène distinct. Et vous ne pourriez pas vraiment observer avec précision des objets à certaines distances de l’orbite terrestre de toute façon. Ce que j’aimerais faire, et ce que tout astrophysicien aimerait faire, c’est de placer ces petits objets que l’on appelle des senseurs sur l’orbite de Mars. Ainsi, vous créeriez en fait une espèce de lentille gigantesque en orbite ou dans une position équivalente. Vous l’orienteriez alors astronomiquement vers quelque objet dans les galaxies lointaines. En d’autres termes, grâce à l’ouverture de cette lentille, de la taille de l’orbite martienne, vous pouvez mesurer avec beaucoup de précision des objets très lointains dans l’univers. Nous voulons ce genre de chose pour les radiofréquences, les micro-ondes, le domaine spectral des infrarouges, et ainsi de suite.

Donc, pour résoudre les problèmes sur Terre, bien qu’une ouverture de cette taille puisse être une recherche un peu lointaine pour l’avenir prévisible, nous allons dans cette direction. Nous devons avoir ces lentilles gigantesques très loin dans l’espace, à quelque distance de l’orbite terrestre, loin de l’atmosphère terrestre sale, qui est comme une route encombrée d’ordures.

Mais ceci signifie que des dizaines de milliers de personnes devront être là-bas, des ingénieurs, des savants, etc., de manière à faire le travail sur la partie habitée de ces observatoires et laboratoires, et pour superviser les instruments robotiques de près. Mettre 10000 personnes dans l’espace, à proximité de Mars, ce n’est pas comme le boulot-métro-dodo quotidien. Même à des accélérations équivalentes à une gravité, c’est un voyage plutôt long - vous ne pouvez pas rentrer à la maison pour le souper. Cela signifie qu’il faut maintenir les gens dans l’espace, des dizaines de milliers de personnes dans l’espace. Les maintenir dans l’espace, c’est comme un problème logistique militaire. Cela nécessite des systèmes de vie, des systèmes logistiques qui doivent être maintenus pour l’entretien de ces personnes. Par conséquent, pour entretenir dix mille personnes dans l’espace, vous en arrivez très vite à une population dans l’espace équivalente à la population d’une grande ville. Mais nous ne voulons pas avoir plusieurs vaisseaux spatiaux tournant en rond là-haut. Trouvons un gros objet, créons un environnement de type terrien, pour que ces personnes vivent à proximité de leurs laboratoires. Mars est le meilleur objet pour cela. Donc, bâtissons une colonie sur Mars. Comment allons-nous sur Mars ? Dans quarante ans, nous pourrons probablement aller à la surface de Mars pour bâtir la première colonie. Ce ne sera pas la première fois que nous aurons débarqué un homme là-bas, mais la première fois que nous construirons une colonie permanente sur Mars.

Vous avez tout ce bric-à-brac empilé sur l’orbite martienne, comme une grande gare de triage pleine de marchandises. Nous allons descendre toute cette marchandise à la surface de Mars et construire nos premières installations. Comment apportons-nous tout cela là-bas ? Dans des vaisseaux spatiaux. Quel genre de vaisseau spatial ? Des vaisseaux spatiaux individuels ? Seul un fou enverrait un vaisseau spatial individuel à une telle distance. Il faudrait être dans la lune pour proposer un tel pari. Le risque est trop grand. Donc, vous envoyez une flotte de vaisseaux. Cinq est à peu près le chiffre minimum. Ces vaisseaux doivent être plus grands que les plus grands superpétroliers d’aujourd’hui. Comment allons-nous mettre de tels engins sur orbite terrestre ? Mettons-les à la surface de la Lune. Ah ! C’est une proposition plus facile. Et pour les mettre à la surface de la Lune ? Nous devons les produire sur la Lune, n’est-ce pas ?

Donc nous avons besoin d’une Lune industrialisée, pour produire ce qu’il nous faut pour établir une colonie sur Mars. Croyez-moi, le coût du fret entre la surface et l’orbite terrestres est très élevé. Par conséquent, nous avons besoin de la méthode tremplin. Et c’est très amusant. Nous avons beaucoup de lunatiques sur Terre.

Les besoins sur Terre exigent une méthode étape par étape de la colonisation Lune-Mars. Sinon, nous ne serons pas capables de résoudre le genre de problèmes scientifiques que nous devons résoudre pour que l’espèce humaine continue à vivre sur Terre. Cela implique aussi quelque chose d’autre. La colonisation de Mars n’est pas comme la colonisation de la Lune. Nous pouvions coloniser la Lune avec les technologies que nous avons aujourd’hui ou même avec ce que nous avions au début des années soixante-dix. Elles étaient toutes essentiellement là - elles avaient besoin d’un peu d’ingénierie, mais elles existaient toutes. Mais cette technologie ne suffit pas pour coloniser Mars. Pour la raison très simple que Mars est trop loin. Cette différence en distance signifie tout un saut technologique. D’abord pour la Lune, c’est un vol balistique, beaucoup d’individus l’ont fait - c’est comme un voyage en wagon-lit. Mais aller sur Mars sur ce mode touristique ne marchera pas. Ce serait de la folie. Nous avons besoin d’un vol à propulsion permanente. Vous ne pouvez pas faire voyager dans l’espace des gens ordinaires : à cause de l’absence de gravité, ils deviendraient fous, leur système craquerait. Par conséquent, pourquoi ne pas faire la moitié du voyage à une accélération qui vous donne une gravité ? Et à un certain point, vous basculez, renversez la vapeur et décélérez à une gravité. Ainsi, tout le monde se prépare et s’enthousiasme pour le renversement de la mi-parcours. C’est comme quand on traversait l’Équateur dans les voiliers au long-cours, jadis.

Maintenir une colonie sur Mars est une simple question d’énergie. Nous devons tout produire. Nous devons maintenir un environnement artificiel. Et l’air conditionné, croyez-moi, est très coûteux ! Nous devons avoir beaucoup d’énergie par personne, et beaucoup d’énergie par mètre carré, beaucoup d’énergie par mètre cube, bien plus que vous en avez sur Terre aujourd’hui. Avec suffisamment d’énergie, les problèmes se résoudront. Quelle énergie allons-nous utiliser pour aller sur Mars et en revenir, et quelle source d’énergie sur Mars ? Parce que là-bas nous aurons besoin d’une source d’énergie. L’énergie solaire ? Mettez une croix sur l’énergie solaire, mettez une croix sur le bronzage dans l’espace, tout ce que vous allez attraper c’est un cancer. Donc, il va vous falloir une source énergétique portable, qui propulsera votre vaisseau spatial, et qui vous donnera le genre de densité énergétique dont vous avez besoin pour vivre sur Mars. Cela signifie la fusion thermonucléaire par confinement inertiel - la fusion par laser. C’est ce qu’il vous faut, c’est l’un de nos défis.

Sonde Phoenix sur Mars

Mais vous devez emporter tout votre matériel sur Mars. Vous ne pouvez pas prendre avec vous un catalogue de La Redoute et passer vos commandes de pièces détachées à Roubaix, sur Terre. Il faut les construire là-bas, vous devrez produire les métaux. Sur la Lune, nous devrons bâtir l’atmosphère dans laquelle nous vivrons. Nous devons produire de l’eau, en extrayant de l’oxygène et de l’hydrogène des pierres. Nous allons synthétiser notre eau, et construire tout ce que nous utiliserons là-haut, à partir des matières premières disponibles. Comment le ferons-nous ? C’est très simple. Vous prenez cette pierre, vous la passez dans une espèce de hachoir, vous la jetez dans la chambre à haute-énergie, vous faites cuire, faites bouillir ; vous distillez, vous vaporisez et chauffez encore un peu. Maintenant nous avons du gaz, mais il nous faut du plasma, alors nous chauffons encore. Maintenant, nous avons ce plasma. Que me faut-il ? Ma femme m’a fait une liste de courses ici. Tant de ceci et tant de cela. C’est la séparation isotopique à laser. Et vous prenez dans le rayon ce que vous voulez, comme dans un supermarché. Essentiellement, nous utiliserons des outils comme les lasers et les faisceaux à particules dans ce processus. Vous emportez du matériel de la Lune à Mars, puis vous le branchez sur la source d’énergie, qui est le confinement inertiel et vous reliez cette énergie sous une forme cohérente, utile, et cela vous donne un outil utilisable. Le laser à électrons libres est un bon exemple du genre d’outil qu’il nous faut.

Maintenant, aller dans l’espace requiert la biophysique optique. Parce que la biophysique ordinaire ne marche pas. Elle ne prend pas en compte que les processus vivants sont vivants. Et quand vous sortez du laboratoire, vous réalisez que vous avez un rapport, pas une personne vivante, mais un rapport de pathologiste. Vous tuez l’échantillon, pour chercher ce qui ne va pas avec la personne vivante. Il manque quelque chose, non ?

Nous avons besoin d’une approche qui s’intéresse à l’aspect des processus vivants qui fait qu’ils sont vivants. Ce sont des processus électrodynamiques, qui sont le sujet de la biophysique optique. Nous devons contrôler les processus vivants dans le but de pouvoir voyager dans l’espace, et les voyages spatiaux sont un problème écologique qui pose un grand défi. Vous ne pouvez pas prendre vos céréales et votre fromage blanc dans le vaisseau spatial. Vous devez fabriquez votre nourriture en recyclant ce que vous avez à bord. Quand vous serez sur Mars, il faudra résoudre un problème biologique posant un grand défi. Vous devez avoir la capacité de manipuler la vie végétale et la vie bactérienne, de la manière qui permette de produire précisément le genre d’ingénierie écologique dont nous avons besoin pour certaines applications. Nous avons besoin de biophysique optique. Mais pour aller sur Mars, il nous faut tout cela maintenant.

Non seulement nous devons aller sur Mars et y établir des colonies, mais de manière à résoudre les problèmes physiques de la prochaine percée scientifique, nous avons besoin de tout ce que nous savons actuellement, en termes de catégories de sciences. C’est l’expérience parfaite. L’expérience parfaite est celle qui utilise tout le savoir le plus avancé que vous avez et vous conduit le plus directement au savoir que vous n’avez pas encore. L’expérience scientifique parfaite, c’est le projet Lune-Mars. Donc, d’un côté, la colonisation Lune-Mars est indispensable en tant que projet concret, ce qui est la manière dont la plupart des gens vont le considérer. Mais pour moi il est plus qu’indispensable ; il est essentiel. Parce que c’est le chemin actif concret pour l’espèce humaine qui conduit directement au résultat moral dont nous aurons besoin d’ici cinquante ou cent ans, en termes d’accomplissement pour nos arrière-arrière-petits enfants.

Lac glacé sur Mars

Géométrie contre algèbre

Ce projet est né de notre travail, du travail avec la Fondation pour l’énergie de fusion (FEF) et dans l’économie. Nous sommes engagés internationalement dans différents types de travaux scientifiques. Nous avons un projet d’analyse économique générale, des projets portant sur la recherche technologique. Nous faisons aussi de la recherche scientifique en mathématiques. Personne d’autre n’est qualifié dans ce domaine. Nous regardons quels sont les besoins technologiques en termes de caractéristique thermodynamique pour un accroissement prédéterminé dans la productivité du travail. En général, il faut un accroissement exponentiel dans les facteurs thermodynamiques, pré-conditions pour que la productivité du travail croisse linéairement. Par conséquent, pour avoir un accroissement linéaire de la productivité du travail, il faut un accroissement exponentiel dans les vecteurs diviseurs de la densité énergétique, du débit de fluence énergétique et ainsi de suite. Cela doit être vrai. Ainsi, nous devons trouver des moyens d’utiliser de l’énergie pour les bonnes applications, de manière à nous donner la croissance désirée dans la productivité. Par non-linéaire, je veux dire un processus géométrique de croissance.

En physique, nous nous intéressons à la physique des plasmas et à l’astrophysique. Ce sont les deux domaines de la physique en soi où nous sommes dans une certaine mesure impliqués, au travers de séminaires auxquels participent des personnes de la FEF. Nous travaillons aussi à la biophysique optique, à la physique des plasmas. Bien sûr, toutes ces choses, l’économie, la biophysique optique, la physique des plasmas, l’astrophysique, ont toutes à voir avec le projet Lune-Mars.

Ceci nous amène à l’aspect le plus crucial de notre travail, qui vient directement de notre travail en économie, mais aussi en avant-poste dans d’autres domaines. En mathématiques, l’idée est de laisser tomber l’algèbre, de l’extraire et de le mettre au pilori. Brûler vive l’arithmétique après l’avoir torturée pendant plusieurs jours. L’idée est de former les esprits de nos jeunes absolument sans algèbre et sans arithmétique. Nous n’utilisons que la géométrie constructive.

Cela ressort très souvent dans notre travail. Nous avons un certain nombre de chercheurs qui travaillent avec nous, et réalisent des contributions cruciales. Mais nous comprenons leurs contributions mieux qu’eux. Parce qu’ils n’ont pas la capacité de les comprendre. Ils peuvent passer des années, à coups d’approximations successives, à faire une découverte. Mais ils ne savent pas comment y penser. La raison en est qu’ils ont eu une formation en algèbre, pas en géométrie constructive. La différence n’est pas simplement une façon différente de concevoir les mathématiques. C’est une façon différence de concevoir l’univers. Tout scientifique créatif, faisant un bon travail expérimental, pense géométriquement. Malheureusement la plupart d’entre eux, quand ils doivent expliquer ce qu’ils font dans des articles pour publication, doivent traduire une compréhension géométrique de la physique en un charabia algébrique. Et environ 90% de tous les articles scientifiques écrits sur des découvertes valables peuvent être jetés aux ordures. Ils ne cherchent qu’à se rendre agréables, à prouver que toutes les autorités, vous soutiennent - à supposer seulement qu’elles existent !

Il y a un physicien qui travaille épisodiquement avec nous, depuis 1974-75 sur la physique des plasmas. Il travaille sur les systèmes sans force. Nous l’avons aidé à faire revivre, à réactiver un projet qui était mort depuis 1979. Au cours de discussions, il a été étonné que j’insiste sur la conception de la moindre action en physique ; il l’aime de plus en plus. Il essaie toutes sortes d’approches d’approximation valables de ceci en physique. De même, le Pr Robert Moon, qui s’enthousiasme de l’enthousiasme de l’autre, essaie de reconstruire la Table périodique des éléments, sur la base de ma conception du principe de moindre action.

Récemment, nous avons travaillé avec un chercheur qui est conseiller de la NASA, et travaille sur un problème avec certains satellites. Il utilisa ce problème comme un point de départ pour démontrer que la masse gravitationnelle et la masse inertielle ne sont pas identiques, mais diffèrent d’un facteur qui est une fonction de la constante de structure fine. C’est aussi très intéressant, et le chercheur en question ne réalisa pas qu’en prouvant cela il prouva notre conception de la moindre action.

Il y a deux conceptions de l’univers, de même qu’il y a deux conceptions des mathématiques et de la physique. L’une est associée à Descartes, un jésuite intelligent, ou à Newton, un calviniste stupide. L’empiriste est le calviniste, et le cartésien est plus rigoureux. (Vous connaissez la différence entre un calviniste et un Jésuite ? Le calviniste va tout droit en enfer, sans qu’on lui pose de question. En revanche, quand le jésuite meurt, Satan le torture éternellement en le faisant supplier de pouvoir y entrer). Les jésuites sont plus bavards et plus sophistiqués que les calvinistes.

Pour revenir à nos deux conceptions de l’univers ; l’une est la perception sensorielle de petites boules, qui entrent dans l’espace euclidien. L’action tend à suivre des lignes droites, et l’espace est vide. La matière est tout et l’espace est zéro. Les seules choses efficaces qui se produisent, arrivent à la matière. L’espace ne fait jamais rien.

L’autre vision, établie comme physique avec Kepler, veut qu’il n’existe pas des choses comme la matière, plus l’espace, plus le temps. Il n’y a pas de telle division ; il y a seulement l’espace-temps physique. Vous savez peut-être que la mesure de la gravitation universelle fut développée par Kepler.

Représentation, conçue par Kepler, de la combinaison géométrique dans laquelle s’insère le système solaire.

Au moins, il fut solidement établi à la fin du dix-neuvième siècle que si vous invertissez les lois de Kepler de la manière adéquate, vous arrivez à la formulation de la gravitation universelle. Mais il n’y a pas de masse dans la dérivation de la loi de Kepler. Pas de masse ! Qu’est-ce que les lois de Kepler expriment ? Elles ne sont qu’une approximation, parce qu’elles n’utilisent pas la géométrie adéquate. Mais néanmoins elles prouvent que l’espace physique a une géométrie, une géométrie efficace indépendante des masses impliquées. Autrement dit, l’interaction des masses ne détermine pas ce qui arrive dans l’espace. L’espace détermine ce que les masses font et comment elles le font. Ainsi, la conception correcte de l’espace est celle d’un espace-temps physique qui détermine la façon dont le processus physique arrive.

Le problème est que les scientifiques qui ont été conditionnés au point de vue physique cartésien ou newtonien, ne peuvent pas comprendre ces aspects de leur propre travail qui vont tout droit à ces principes d’une géométrie efficace de l’espace physique. Le problème est qu’ils n’ont pas accès à la moindre formation rigoureuse en mathématiques qui contraste avec la mauvaise éducation qu’ils reçurent en mathématiques. Donc, ils disent qu’ils comprennent intuitivement ce que je dis mais permettez-moi de voir si je peux le traiter algébriquement. La raison en est qu’il n’y a pas de système d’éducation compétent en mathématiques disponible d’une manière organisée pour un étudiant d’aujourd’hui. Il n’y a pas de traité de base compétent en mathématiques dans le monde d’aujourd’hui.

Par conséquent, l’éducation est un problème. Quel cours devrait suivre l’éducation mathématique ? C’est très simple. C’est en accord avec le programme de Humboldt. Vous commencez avec le programme de Jacob Steiner dans la géométrie synthétique élémentaire pour les étudiants du secondaire vers les onze ans. Cela commence simplement à partir du cercle, la ligne droite et le point ; l’enfant construit tout en géométrie constructive. Vous passez en revue les livres 10 à 13 des Éléments d’Euclide, d’un point de vue géométrique constructif.

Une fois que vous avez suivi le programme, arrive la chose cruciale. Vous devez passer au deuxième échelon. Maintenant l’étudiant doit aller examiner toute la géométrie sur laquelle il a travaillé du point de vue de ce qu’on appelle le théorème de l’isopérimétrie du cercle, qui est aussi implicitement le principe de moindre action. Maintenant, nous devons voir qu’au lieu de développer la géométrie constructive à partir de l’action circulaire avec des points et des lignes, l’étudiant va maintenant développer les points et les lignes à partir de la rotation du cercle, et va comprendre toute la géométrie par la suite en ces termes. C’est important parce que c’est la première façon dont l’étudiant commence à comprendre ce que nous appelons « singularité » en mathématiques. Il doit comprendre de cette manière le principe de singularité ou il ne comprendra jamais vraiment ce que cela signifie.

Ensuite, l’étudiant doit s’intéresser aux œuvres de Paccioli et Léonard de Vinci dans certains de leurs travaux en géométrie, en particulier sur l’histoire de l’approche des solides platoniciens et de la section d’or. Ensuite, l’étudiant devra commencer à se plonger dans la physique, ce qui veut dire abstraire le travail de Kepler en développant une conception mathématique de l’espace-temps physique. Kepler prouva vraiment que la caractéristique métrique de l’espace-temps physique solaire est les harmoniques de la section d’or. Ce que Kepler prouva vraiment implicitement, c’est que l’univers est gaussien ou riemannien... Voici la signification de la section d’or qui se produit au sein de la physique de Kepler. Ainsi l’étudiant commence à saisir cette conception.

Croquis de Leonard de Vinci

Une fois qu’il s’est frotté à Kepler de ce point de vue, il doit regarder à nouveau Kepler du point de vue de Gauss. Il doit voir la transformation que fit Gauss de l’œuvre de Kepler. Alors, l’étudiant doit mettre l’emphase dans ses cours avancés sur une vison de Gauss du point de vue Weierstrass et Riemann sur la question des singularités et résolutions d’une fonction continue ayant de nombreuses singularités. Il doit penser à la théorie des fonctions ; souvenez-vous que c’est un élève du secondaire qui, bien éduqué, peut comprendre tout avant de passer son examen de fin d’études secondaires. Au lieu de penser à l’algèbre, ils doivent concevoir la théorie des fonctions en termes de lieux géométrique dans la géométrie constructive.

Alors l’étudiant pense en termes géométriques pour conduire des expériences scientifiques. Sur la base d’une approche géométrique, et non algébrique, de la théorie des fonctions, l’idée du principe de moindre action, du point de vue gaussien et riemannien, est claire. Une fois que l’étudiant a compris le principe de moindre action, comme dernière étape de l’éducation secondaire de la physique mathématique, on lui donnerait un cours dans les éléments de l’optique électrodynamique, du point de vue de la définition du principe de moindre action.

Voici le projet que nous devrions achever dans les quelques mois à venir. On a attendu trop longtemps pour le faire. Chacun devrait participer aux cours. Engagez-vous à connaître l’indispensable qui a trait à l’essentiel. La nature implicite du problème résolu doit être un progrès dans le pouvoir général de raisonner que nous-mêmes et notre postérité avons.

Débarrassez-vous de quelques déchets du passé et donnons à nos enfants et petits-enfants le pouvoir de comprendre les lois de l’univers, de penser raisonnablement, avec raison, plus efficacement, pour nous respecter nous-mêmes et les autres au nom de ce potentiel en nous-mêmes. C’est la chose la plus essentielle. Tous les combats politiques que nous orchestrons, tous les efforts pour sauver les nations, pour sauver l’Afrique du génocide de masse voulu par les banquiers, toutes ces choses sont nécessaires, mais à quelle fin ? Pourquoi devrions-nous sauver l’espèce humaine ? Est-ce qu’il vaut la peine d’empêcher l’espèce humaine de se détruire elle-même aujourd’hui, si elle doit être détruite à la génération suivante ? Pourquoi sauver l’espèce humaine ? Cela fait beaucoup de travail !

L’objectif est la perfection continue de la raison efficace. La manière dont nous contribuons à cela est en défendant la raison négativement, contre ses ennemis, comme les Verts. Mais vous ne pouvez pas seulement protéger la raison et la maintenir en vie, si vous la faites crever de faim. Vous devez contribuer à l’alimentation de la raison et de la science. Il doit donc y avoir un équilibre qui devienne le motif de la politique. Le motif de la politique est l’expérience de l’anticipation dans le processus développant la raison. La meilleure façon de le faire est de situer tout votre travail dans le sens du développement effectif de la raison, de le situer dans le cadre de référence de quelque grand dessein concret, qui doit être accompli de toute urgence, que nous pouvons réaliser. Faisons-le ! Nous devons développer la raison. Et si nous ne le faisons pas, nous allons avoir beaucoup plus de difficultés à résoudre certains problèmes scientifiques importants.

Finalement, travailler sur ce genre de chose est la plus grande joie. Ainsi, la raison pour laquelle vous allez le faire n’est pas parce que c’est un devoir, mais parce que c’est une joie !