Fin avril, la présidente de la République argentine, Cristina Kirchner, s’est rendue en Russie pour une visite officielle de trois jours qui coincide avec le 130e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Sa visite en Russie est clairement un pied de nez aux États-Unis, un pays où, pour l’instant, elle ne s’est pas encore rendue.
A Moscou, la signature de plusieurs accords marque l’approfondissement d’un véritable « partenariat stratégique renforcé » entre la Russie et l’Argentine :
- Accord sur la coopération militaire entre les ministères russe et argentin de la Défense. Fustigeant les élites occidentales pour avoir recours en permanence au principe du deux poids, deux mesures, Mme Kirchner a réitéré son soutien à la position de la Russie sur la Crimée, tout en remerciant la diplomatie russe sur sa position par rapport aux Iles Malouines.
- Protocole d’entente pour la construction d’une centrale nucléaire sur le territoire argentin par la société russe Rosatom.
- Mémorandum de coopération entre Gazprom et Yacimientos Petroliferos Fiscales (YPF) dans le domaine de l’exploitation pétrolière.
- Plan de coopération dans le domaine des investissements entre la Russie et l’Argentine, dans le cadre de la Commission intergouvernementale russo-argentine sur la coopération économique, commerciale, scientifique et technique pour 2015-2016.
- Accord de coopération dans le domaine de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture pour 2015-2016. A ce titre, la déclaration du ministre argentin de l’Agriculture et de l’Élevage, Carlos Kasamikela, était très significative :
L’Argentine, de par sa production, peut nourrir 400 millions de personnes. Alors que notre population n’est que d’un peu plus de 40 millions. Nous souhaitons étendre nos relations commerciales en premier lieu avec la Russie.
- Accord de coopération dans le domaine de la culture et de l’art pour 2016-2018.
Payer la dette, oui ;
payer les fonds vautours, jamais !
Le 21 avril, pour la première fois depuis la crise de 2001, l’Argentine a réussi à placer une émission d’obligations souveraines d’une valeur totale de 1,4 milliard de dollars, un affront pour les fonds vautours de Wall Street et de la City, qui avaient prévu que le pays ne reviendrait plus jamais sur les marchés de capitaux.
Le ministre des Finances Axel Kicillof déclarait le même jour depuis Moscou que la somme levée serait investie à des fins productives, dans le développement de l’infrastructure.
Ensuite, dans un discours le 28 avril à Buenos Aires, la présidente Cristina Kirchner est revenue sur le sujet, se moquant des prédictions faites par les fonds vautours et leurs alliés locaux, selon lesquelles l’Argentine, à défaut de payer les prédateurs, sombrerait dans le chaos économique, perdrait ses réserves en devises et subirait une dépréciation monétaire et la fuite des capitaux, tout en se trouvant complètement « isolée » au niveau international.
L’Argentine n’est pas isolée, parce qu’elle n’a pas capitulé, a-t-elle déclaré. Le gouvernement a pu revenir sur les marchés de capitaux. Pourquoi ?
Parce que nous avons honoré la dette et que nous continuerons à le faire ; mais ce que nous ne reconnaîtrons jamais, ce sont l’usure et la fraude internationales. Cela ne se reconnaît pas ; Dieu l’interdit, la Torah l’interdit, le Coran l’interdit. C’est interdit par tous ceux qui croient qu’il ne faut pas exploiter un être humain, sacrifier un peuple et une histoire pour satisfaire une poignée [de vautours] qui ont mis la main sur des fonds et des ressources pour une très petite somme d’argent, et qui s’attendent maintenant à gagner des sommes exorbitantes. »
L’Argentine, a-t-elle déclaré, a dépassé même ses objectifs, et prouvé qu’il « n’est pas nécessaire de se traîner dans la boue… pour que son pays fonctionne. Il faut pour cela une bonne dose de patriotisme, de dignité, beaucoup de courage et une forte volonté. »
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