Discours remarquable prononcé par le Président chinois Xi Jinping à l’Unesco, le 27 mars, émaillé d’images et de références choisies pour un public français. M. Xi Jinping a démontré combien la poésie peut éveiller l’esprit et toucher le cœur des hommes, beaucoup plus profondément que les discours politiques en tant que tels.
C’était bien le sens de son propos. Le président chinois rappela que l’Unesco avait été créée à la fin de la deuxième Guerre mondiale, pour promouvoir les échanges culturels et l’éducation entre les peuples et les empêcher de sombrer dans de nouvelles guerres. Suite aux deux crises internationales graves au cours desquelles l’humanité a senti le boulet de la guerre mondiale passer tout prêt d’elle - en Syrie et en Ukraine – le message de paix de Xi Jinping n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. « Depuis des siècles (...) l’humanité a toujours rêvé d’une paix durable, mais la guerre hante constamment. (…) Il nous faut développer des activités éducationnelles (...) entre les civilisations, pour que l’idée de la paix s’enracine et germe dans tous les esprits, et que les forêts de la paix prospèrent partout sur notre planète. »
Défendant un monde fondé sur un modèle multiculturel, Xi Jinping a enchaîné les métaphores du « un » et du « multiple » : « Les Chinois ont été très tôt conscients de ’’l’harmonie dans la diversité’’ », dit-il, rapportant les propos de Yan Ying, Premier ministre du royaume de Qi et cité par l’historien chinois Zuo Qiuming, qui a vécu il y a 2500 ans :
L’harmonie est un peu comme préparer une soupe. On cuit du poisson et de la viande avec de l’eau, du feu, du vinaigre, de la sauce, du sel et des prunes. La musique, c’est comme le goût. Elle est un mélange d’air, des corps, de catégorie, de matériel, de son, de règles, de mélodie, de style et de chants. Si on assaisonne l’eau avec de l’eau, qui veut en boire ? Si on joue de la musique avec un seul ton, qui la supportera ?"" Il est impensable qu’il n’y ait qu’une façon de vivre, une langue, une musique et un style le vestimentaire dans le monde.
Pour Xi, toutes les cultures sont « inclusives », bien que « chaque civilisation soit unique ». Ce qui permet leur évolution, ce sont les échanges avec d’autres nations. « Notre civilisation, bien que née sur la terre chinoise, est ce qu’elle est aujourd’hui à travers une interaction enrichissante et continue avec les autres civilisations », a-t-il dit, s’étendant longuement sur les phases successives d’ouverture de la Chine à d’autres cultures qui l’ont, en retour, transformée. « Tant que nous nous en tenons à l’esprit d’inclusivité, le "choc des civilisations" n’aura pas sa place dans ce monde, et les civilisations coexisteront en harmonie. »
Et Xi Jinping d’appeler Victor Hugo à l’aide sur cette question : « Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme. Et face aux différentes civilisations, nous avons besoin d’une âme plus grande que le ciel. » Et de poursuivre : « La culture est comme l’eau qui pénètre les choses, très finement et sans bruit. (...) Nous avons intérêt à nous nourrir de la sagesse des différentes civilisations pour (...) relever, main dans la main, les défis communs de l’humanité. »
Le rêve du peuple chinois
Dans la dernière partie de son discours, le président chinois a expliqué aux Français le rêve de ses compatriotes, qui est de réaliser la prospérité du pays, le redressement de la nation et le bonheur du peuple. Mais, a-t-il souligné ensuite, ce rêve « implique le développement équilibré et le renforcement mutuel des civilisations matérielles et spirituelles ».
« Chaque civilisation porte en elle l’âme d’un pays et d’une nation. Elle doit être transmise et préservée de génération en génération, et évoluer avec le temps, avec le courage d’innover. »
Un message, un commentaire ?