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- La révolution des drones a permis à l’agriculture de précision de faire un pas de géant. Car les données obtenues par agrodrone permettent à l’agriculteur d’optimiser les intrants (apports d’azote, d’engrais ou de pesticides, d’irrigation)
- Crédit : http://www.airinov.fr/
Qui, dans les années 90, aurait pensé que ce qui devait être un jouet pourrait devenir l’une des armes les plus destructrices de notre siècle ?
Pourtant, sur le champ de bataille de Fleurus, le 26 juin 1794, pour la première fois dans l’histoire militaire, les Français ont eu l’idée d’employer des montgolfières pour se renseigner sur les mouvements de l’ennemi.
Force est de constater qu’Obama, en utilisant des « drones prédateurs » pour éliminer sans la moindre forme de procès les individus jugés potentiellement dangereux pour les intérêts de la zone transatlantique, a durablement terni leur image. A tel point que l’ONU, qui s’en sert pour des missions de maintien de la paix, préfère parler de Unmanned Aereal Vehicle (UAV ou aéronef sans pilote) et que nos agriculteurs préfèrent nettement les termes de « drones civils » et « d’agrodrones ».
Il n’en demeure pas moins que ces robots volants, équipés de caméras et d’autres équipements de mesure puissants, peuvent rendre d’excellents services à l’humanité, notamment dans les missions humanitaires, dans la protection civile ou encore dans la lutte contre les incendies.
Une révolution cartographique
Avant d’aborder leur apport dans le BTP et l’agriculture, il est utile de rappeler de quoi on parle. « Un drone, c’est un aéronef, un capteur et des logiciels de traitement d’informations », résume Emmanuel de Maistre, directeur général de Redbird, un gros opérateur de drone. Pour lui, il s’agit de bien plus qu’une caméra volante.
Car la véritable révolution se situe dans une nouvelle technique de cartographie en trois dimensions : la photogrammétrie. « Le drone est équipé d’un appareil photo numérique qui prend un cliché toutes les secondes. En mesurant la taille du pixel au sol, on déduit l’altitude du point photographié ». Chaque point étant photographié plusieurs fois, cette altitude est affinée par trigonométrie. Il en ressort une carte numérique en trois dimensions d’une précision de 6 cm.
Dans le BTP
Ce sont d’abord les architectes qui ont recours au drone, au début du projet, afin d’intégrer leur modélisation 3D dans des photos aériennes, puis à la fin pour effectuer des photos et vidéos des travaux en cours ou du bâtiment construit.
Le drone se révèle également très utile dans l’exploitation des carrières. En effectuant plusieurs allers-retours, il permet de quadriller le terrain et de prendre des photos à intervalles réguliers. Une fois assemblées dans le logiciel de photogrammétrie, ces images permettent de reconstituer le terrain en 3D, de générer des modèles numériques de terrain et de calculer le volume des stocks de granulats. La procédure est moins complexe, plus rapide et donc moins chère qu’en prenant des mesures au sol par tachéomètre. Toute la procédure est extrêmement simplifiée dans la planification des missions grâce à la station de contrôle et le vol en autonomie de l’aéronef.
Le drone intervient également pour l’inspection des pylônes haute tension. Activité pour laquelle il est très adapté, et même s’il lui manque l’autonomie de l’hélicoptère grandeur nature, sa capacité à voler très proche des pylônes permet une inspection détaillée, à un coût bien moindre.
L’arrivée du drone est une véritable aubaine pour les entreprises de ravalement, d’étanchéité, de couverture, ou encore de fumisterie BTP, confrontées quotidiennement aux problèmes d’accessibilité aux immeubles. Grâce au drone, on peut aujourd’hui, en moins de 12 minutes, réaliser un diagnostic parfait d’endroits inaccessibles tels des cours aveugles, visiter le dôme d’une verrière pour en vérifier l’état ou encore localiser en quelques instants l’origine d’une fuite ou d’une stagnation d’eau sur une étanchéité.
A la piscine Aquasud de l’agglomération d’Agen, l’inspection des soudures d’un bâtiment à armature métallique n’a nécessitée que 5h et coûté 5000 € au lieu de 40h et 25 000 €, pour le même travail effectué par une nacelle devant se déplacer avec difficulté autour du bâtiment.
Le drone peut aussi diagnostiquer correctement la pathologie de monuments historiques ou immeubles de grande hauteur en copropriété, sans avoir recours à la mise en place d’échafaudages coûteux. Par exemple, sur la cathédrale de Vienne, 165 photos en très haute définition ont permis aux architectes de connaître l’état de la toiture et de certaines gargouilles en vue de la rénovation de l’ensemble. Plus petit qu’un hélicoptère, le drone peut survoler une toiture à très faible distance et récupérer ainsi des informations de grande précision.
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- Drone Bouygues Energies & Services en inspection au-dessus d’une centrale photovoltaïque.
- Crédit : Bouygues.
L’application la plus intéressante reste celle des diagnostics thermiques. Jusqu’à présent, les diagnostics thermiques des bâtiments anciens se révèlent forts compliqués, très longs à effectuer et par conséquent onéreux. Équipé d’une caméra thermique, le drone peut réaliser ce même diagnostic sans pénétrer dans les appartements, ce qui permet un gain de temps considérable. La thermographie infrarouge permet également de repérer les panneaux défaillants des centrales photovoltaïques.
En agriculture, plus performant que les satellites
En France, le milieu agricole est friand de technologie et les agriculteurs sont très attentifs à l’évolution du machinisme. D’ailleurs, ils utilisaient déjà les images satellites pour cartographier les cultures, et le GPS pour le pilotage de certaines machines.
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- La même parcelle agricole photographié par un drone en mode normal et en mode infrarouge.
- Crédit : Redbird
En matière de drones, les premiers essais ont eu lieu en 2011 avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (Inra) pour la partie Recherche et Développement, puis avec des centres techniques. Les drones ont été testés pour les grandes cultures, blé et colza, et pour une utilisation en viticulture.
Alors qu’elle n’a toujours pas vu le jour aux États-Unis, la France est devenue, avec l’arrêté ministériel du 11 avril 2012 réglementant son usage, le premier pays du monde à autoriser l’utilisation commerciale et industrielle des drones. Les opérateurs, c’est-à-dire les fournisseurs et exploitants de drones, seraient aujourd’hui 400 sur le territoire, faisant du marché français le plus avancé en la matière.
Principal pays agricole avec 13 millions de terres arables, une législation favorable, et des dispositions européennes incitant les agriculteurs à réduire les intrants dans leurs parcelles, la France dispose d’atouts indéniables. Si les drones permettent de faire de l’épandage à un coût moindre que celui effectué par avion, pour ce qui concerne les images obtenues du ciel cependant, celles en provenance des satellites restent moins onéreuses.
Cependant, le drone s’avère :
- plus précis : avec des images d’une résolution de quelques centimètres par pixel, le drone civil offre une évaluation plus précise de l’état des exploitations (croissance végétale, stress hydrique, carences en azote ou en minéraux, détection de maladies…).
- moins dépendant de la météo : volant à une hauteur de 150 mètres au maximum, le drone opère sous la barrière nuageuse, pour un rendu plus fiable.
- plus versatile : les différents types de drones existants offrent la possibilité d’emporter plusieurs types de capteurs, permettant de réaliser une grande variété d’analyses sur différentes cultures.
L’analyse des données permet ensuite à l’agriculteur de définir un plan d’optimisation des intrants (apports d’azote, d’engrais ou de pesticides, d’irrigation) et une optimisation des récoltes (estimation des rendements, prévision des meilleurs moments pour récolter). Ce qui se traduit par de réelles économies financières et environnementales et l’augmentation de la qualité des productions.
Retard américain
Aux Etats-Unis, c’est clairement le lobby militaro-financier qui impose une logique de deux poids deux mesures. Alors que Washington déploie à grands frais des centaines de drones prédateurs contre des combattants ennemis, l’emploi de drones civils y est toujours interdit car en attente d’une régulation spécifique.
En attendant, frappés de plein fouet par une sécheresse historique, les agriculteurs californiens et d’ailleurs qui violent la loi en employant des drones pour sauver ce qu’ils peuvent de leur production et éviter le dépôt de bilan risquent des grosses amendes…
# jean
• 06/08/2019 - 01:15
L’utilisation de drones civils est d’une grande aide dans bon nombre de domaines comme on a pu s’en apercevoir récemment dans le cadre du sauvetage de "Notre Dame"de Paris. Cela est dû a leur capacité d’embarquer des outils optiques et thermiques de plus en plus perfectionnés qui peuvent être utilisé dans beaucoup de situations.
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# Marc
• 01/03/2017 - 08:47
Les drones de type civils n’ont vraiment rien a voir avec les drones utilises dans le domaine militaire contrairement aux cliches que certains media vehiculent...Il y a enormement d’application dans le domaine de l’inginierie et de l’agriculture par exemple. DJI, le leader du marche vient meme de sortir le matrice 200 qui offre tout un tas d’applications aux pros !
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# Olivier
• 15/08/2016 - 11:54
Effectivement l’essor des drones à usage civil est intéressant car cela démontre que l’on peu effectivement utiliser des aéronefs sans pilotes dans un but pacifique mais cependant je ne vois pas forcément d’un bon œil les drones camera qui notamment équipés de caméras 4k permettent une surveillance poussée et très intrusive. Une infos à circulée dernièrement sur le fait que l’Etats Chinois avait conclu des partenariats avec différents fabricants de drone civils/récréatifs afin que le stream vidéo réalisés sur le sol chinois soient envoyés en temps réels vers des centres de vidéosurveillance Chinois. Je trouve cela assez inquiétant, car ça ne tardera pas à arriver en Europe et en France ...
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