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- La figure de proue des néo-conservateurs anglo-américain Victoria Nuland. Ici lors d’une rencontre avec des militaires géorgiens en 2013.
La secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland a poursuivi sa tournée européenne en rencontrant les responsables de plusieurs pays et en proférant des menaces à l’encontre de la Russie.
Lors d’une « table ronde » avec les journalistes organisée le 15 mai au Luxembourg, à l’issue de ses rencontres avec le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel et son ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn, Nuland a demandé, dans son langage de mousquetaire à deux balles, que « nous soyons tous, 28 [membres de l’Otan] sur 28, sur terre, sur mer et dans les airs en train d’affirmer avec clarté que l’espace de l’Otan est inviolable et que nous nous déployons en force pour montrer une présence à nos frontières, et pour faire en sorte que tout le monde sache ce que signifie véritablement l’article 5 ». Le problème est que l’article 5 de la Charte de l’Otan, qui engage l’alliance à défendre ses membres en cas d’agression, ne s’applique pas et n’a pas été officiellement invoqué, puisque l’Ukraine ne fait pas partie des 28 pays membres de l’Otan... du moins pour l’instant. Cet article, il faut le souligner aussi, n’est pas contraignant.
En réponse à une question sur la différence entre les Européens et les Américains à l’égard des sanctions contre la Russie, Nuland a nié qu’une telle différence existait, avant d’ajouter que si les Russes perturbaient les élections du 25 mai en Ukraine ou que si l’on constatait plus « de mouvements de troupes russes en Ukraine » (elle n’a pas parlé des mercenaires déployés par les États-Unis en Ukraine), des sanctions supplémentaires seraient appliquées : « Nous aurons, a-t-elle tenté de préciser, à mettre en œuvre ce que nous appelons des sanctions sectorielles, comme un scalpel. (…) Nous parlons aux États-Unis de sanctions dans les secteurs de l’énergie, de la finance, de la défense, visant essentiellement à empêcher de nouveaux investissements en Russie », par opposition à une tentative de couper dans les transactions actuelles.
Sur le danger d’un possible embargo russe sur le pétrole et le gaz à destination de l’Europe, Nuland a prétendu que si l’Europe était dépendante des approvisionnements russes, la Russie dépendait des revenus provenant des ventes à l’Europe. « Nous devons par conséquent être confiants que si nous allons de l’avant avec des sanctions sectorielles, nous pouvons les développer de manière à ce qu’elles aient plus d’impact sur l’économie russe que sur la nôtre », a-t-elle affirmé.
Paris dit F*** Nuland
Prié, le 8 mai par Nuland de stopper la vente des deux navires de guerre de type Mistral à la Russie, Paris n’a pas caché son irritation. François Hollande avait réagi le 10 mai depuis l’Allemagne : « Ce contrat a été signé en 2011, il s’exécute et il trouvera son aboutissement au mois d’octobre prochain. Pour l’instant, il n’est pas remis en cause. »
Épouse du géopoliticien Robert Kagan, Nuland est la chef des néo-conservateurs du département d’Etat. D’après certains ceux-ci croient que « l’Occident a gagné la Guerre froide et ils sont en colère à l’idée que la Russie ait osé défier le droit qu’ils en ont tiré de réordonner l’Europe. Ils aimeraient remettre la Russie à sa place (certains ne verraient même aucun inconvénient à déclencher des opérations militaires si cela s’avérait nécessaire). »
Les remarques faites il y a deux jours par Nuland lors d’une séance de question-réponse à la conférence de Bratislava sur la sécurité (GLOBSEC 2014) confirment amplement cette analyse. Elle a déclaré :
Je pense que nous comprenons tous que ceci n’est pas un défi que pour l’Ukraine ou le partenariat transatlantique. Certains choix effectués par la Russie ont défié l’ordre mondial [le ’’nouvel ordre mondial’’ de George H.W. Bush ?]. Ainsi il faut voir la situation en ces termes. (…) Nous, et plusieurs autres personnes dans cette salle, avons été impliquées, au cours des quelque 22 années qui ont suivi l’éclatement de l’Union soviétique, dans la tentative d’intégrer la Russie dans le tissu européen, dans le tissu d’un système démocratique ouvert. Nous avons eu du succès et aussi quelques revers au cours de cette période, mais l’idée de départ a toujours été que nous devrions encourager la Russie à entreprendre le type de réformes qui lui auraient permis de se joindre à nos institutions, afin qu’elle devienne un partenaire. (…) Ce qui est arrivé n’est pas tant que nous avons changé, mais que le Président Poutine a fait le choix que ces règles ne s’appliquent plus à la Russie, et il faut par conséquent un ajustement, bien sûr.
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