Ebola ? « Une épidémie de la pauvreté et de la corruption », affirme le belge Peter Piot, ancien patron d’Onusida et aujourd’hui directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medecine. Piot avait participé, dès 1976, à l’identification du virus Ebola à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers.
Tout commence donc il y a 38 ans lorsque, dans un hôpital de brousse aux abords de la rivière Ebola au Congo, des religieux constatent que leur personnel et des malades meurent en un temps record. Après une incubation de 2 à 21 jours, pris d’une forte fièvre accompagnée de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, d’une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes, jusqu’à 90 % des malades perdent la vie. En cause dans cet hôpital, des seringues mal désinfectées utilisées à plusieurs reprises pour faire des injections.
Si, depuis 1976, le virus a été identifié une vingtaine de fois, tuant 1300 personnes réparties sur la RDC, le Soudan, l’Ouganda et le Gabon, le monde assiste depuis mars de cette année à une forte progression. Sur 1975 cas recensés en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia et au Nigeria, 1069 personnes sont décédées.
Transmission
Le filovirus Ebola est une zoonose, c’est-à-dire qu’il passe de l’animal à l’homme après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. Dans le collimateur : les chauves-souris frugivores (mangeant des fruits). Porteur sain (il ne meurt pas d’Ebola), cet animal est soupçonné de contaminer les animaux de brousse (chimpanzés, gorilles, singes, antilopes des bois) qui à leur tour transmettraient le virus à l’homme.
Entre humains, le virus Ebola se propage ensuite comme résultat de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides. Pour l’instant, aucune contagion par l’air comme la grippe n’a été constatée et, heureusement, contrairement à d’autres virus qui mutent en permanence, il s’agit toujours du même virus, c’est-à-dire qu’il est à 98 % similaire à celui isolé en 1976.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS, « les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola ». Comme le précise Peter Piot :
Comme dans toutes les cultures, toute personne qui meurt est lavée et son corps est exposé. Le problème est quand vous faites cela sans gants, à mains nues. Une personne morte d’Ebola a le corps couvert de virus à cause du vomi, de la diarrhée et du sang (…) C’est de cette façon que vous avez de nouveaux foyers de contamination et c’est ce qui se passe en ce moment en Afrique de l’Ouest.
Pas rentable !
Si, après 38 ans, il n’existe toujours aucun traitement ou vaccin, ce n’est pas un hasard, affirme Pierre Mendiharat de Médecins sans frontières (MSF) :
Ebola touche un nombre très faible de patients. Cela ne représente pas un marché pour les laboratoires privés.
« Il est clair qu’il n’y a pas de marché solvable » confirme Pierre Piot dans Le Monde. A cela s’ajoute le fait que vu la haute mortalité du virus, la recherche ne peut que se faire dans des laboratoires de très haute sécurité (P4), dont il n’en existe que très peu dans le monde et seulement deux en France.
Initiative de défense biologique
Rappelons ici que dès 1983, face à l’émergence de nouvelles pandémies et conscient des limites de la biologie moléculaire, l’économiste américain Lyndon LaRouche avait lancé un appel en faveur d’une « Initiative de défense biologique » sommant les gouvernements d’offrir « un chèque en blanc » aux chercheurs capables de faire une révolution en biophysique. Ce projet fut présenté à Paris en juin 1986 par Jacques Cheminade, lors d’une conférence sur le thème « Louis Pasteur, source d’une nouvelle renaissance scientifique ».
En attendant, sans antiviraux, il faut venir au secours des malades en les aidant à lutter contre les douleurs par des perfusions permettant de les hydrater.
Pour tenter d’expliquer la flambée d’Ebola d’aujourd’hui, Sylvain Baize, responsable du centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de l’Institut Pasteur, interrogé par l’Opinion, explique pourquoi la maladie a pu se répandre si vite : « Elle [l’épidémie] a été détectée très tard dans des pays qui n’avaient jamais été confrontés à Ebola comme la Guinée et cela a pris du temps pour qu’un rapprochement soit fait. Il s’est écoulé deux mois. On a commencé à prendre des mesures d’isolement alors que l’épidémie était déjà pas mal dispersée. »
Les BRICS ou le chaos
Ce weekend, des hommes armés de gourdins ont attaqué un centre d’isolement anti-Ebola à Monrovia, la capitale du Liberia, criant qu’il n’y avait « pas d’Ebola dans le pays » et provoquant la fuite des dix-sept patients contagieux. « Il y a un manque total de confiance envers les autorités et, combiné à la pauvreté et aux services de santé médiocres, cela donne la cause de cette grande épidémie à laquelle nous assistons », explique Peter Piot. La Guinée, 179e place sur 182 au classement de l’indice de développement humain de l’ONU, ne dépense annuellement que 50 euros par habitant pour la santé.
Ainsi, faute d’États suffisamment prospère pour offrir une éducation et des structures d’accueil dignes aux malades, c’est-à-dire disposant d’eau potable et d’électricité, la panique prend le dessus. Sinon ce qui vient de se passer ce week-end deviendra la norme.
En vérité, Ebola n’est que dernier « marqueur » d’une misère qui fragilise des millions de gens vivant dans des pays condamnés par le FMI et les banques occidentales à sombrer dans la guerre et les épidémies. [1]
C’est donc le virus du monétarisme occidental qu’il faut éradiquer avant de pouvoir attaquer celui d’Ebola ! Les pays du BRICS, en lançant la Nouvelle banque pour le développement en vue d’investir dans les infrastructures de base de l’humanité, nous montrent clairement la voie. C’était d’ailleurs comme cela que les vrais pasteuriens envisageaient leur combat.
[1] Comme par hasard, cela coïncide avec les visées de la Couronne britannique pour qui il serait plus sage, dans « l’intérêt de tous », de ramener la population mondiale à 1 à 2 milliards de personnes...
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