Selon deux articles publiés dans le New York Post et le MailOnline, un livre paraîtra dès demain, accusant John Brennan, actuellement directeur-adjoint à la Sécurité nationale des Etats-Unis, d’être responsable de l’attaque des djihadistes contre le Consulat américain de Benghazi, le 11 septembre 2012, où l’Ambassadeur américain, Chris Stevens et trois de ses collaborateurs ont perdu la vie. Or, problème de taille, John Brennan est la personne choisie par Obama, pour remplacer le général Petraeus à la tête de la CIA.
Les auteurs du livre [1], qui a pour titre Benghazi : The Definitive Report, affirment que la mort de ces représentants américains a été la conséquence d’une guerre secrète menée par Brennan, avec l’accord d’Obama, pour éliminer « discrètement », certains dirigeants d’al Qaïda dans le pays.
Le New York Post rapporte pudiquement que l’opposition à Kadhafi « n’était pas exactement dirigée par une bande de « George Washingtons » libyens. Plusieurs dirigeants rebelles étaient des partisans de la charia et membres d’al Qaïda, venus de places fortes djihadistes comme Derna ou Benghazi, deux villes tellement liées au fondamentalisme musulman qu’elles avaient fourni le gros des bataillons qui sont allés combattre les Etats-Unis en Irak. »
Selon ces sources, « Obama avait donné carte blanche à son principal conseiller en matière de contre-terrorisme pour faire tout ce qu’il estimait nécessaire en Afrique du nord et au Moyen Orient. Brennan a décidé de mener une guerre secrète dangereuse sans en informer Stevens, qui a payé de sa vie ».
Le journaliste du Post poursuit : « La nature de ces opérations retait hautement confidentielle. Elles n’auraient jamais du sortir du très petit cercle de gens qui font partie des services d’opérations spéciales et du Conseil national de sécurité d’Obama. L’ambassadeur Stevens, le chef du poste de la CIA à Tripoli et même celui qui dirigeait alors la CIA, le Gen. [David] Petraeus, connaissaient peu sinon rien des missions du JSOC (Commandement conjoint des opérations spéciales de l’armée », en charge de ces opérations.
Notons que le JSOC est aussi l’unité coordonnant les assassinats par drone ordonnés par Obama.
Selon d’autres extraits du livre publiés par le site MailOnline : « John Brennan dirigeait un programme hautement secret, et ce depuis la Maison Blanche, portant sur le transfert d’armes. Et l’on ne devait pas faire confiance à Stevens qui travaillait probablement a rassembler autant d’armes que possible pour les placer sous surveillance, une fois la guerre terminée, à un moment où Brennan, au contraire, les exportait pour déclencher un autre conflit. » Les auteurs font là référence aux armes fournies par les Occidentaux aux rebelles en Libye que Brennan aurait ensuite transférées aux mêmes « rebelles » combattant le régime de Bachar al-Assad en Syrie.
Dans un autre passage, on explique : « Des hommes d’élite spécialisés dans le contre-terrorisme appartenant à la Delta Force ont été déployés en Libye comme ’analystes’, permettant à Obama d’affirmer [au Congrès] que les Etats-Unis n’avaient pas envoyé un seul soldat sur le terrain mais seulement fourni une aide aérienne aux rebelles. La réalité était que la Delta Force avait un petit contingent d’instructeurs pour former les rebelles aux techniques les plus sophistiqués en matière d’armement et de tactique. »
Et encore plus loin : « Avec le JSOC, Brennan pouvait conduire de façon unilatérale ses propres opérations en Afrique du nord, à l’insu de la structure de commandement traditionnelle. (…) Avec le feu vert d’Obama, la chaîne de commandement allait de Brennan à McRaven [le chef du JSOC jusqu’en juin 2011], qui pouvait alors mobiliser les hommes de l’ISA (Intelligence Support Activity), du SEAL Team Six, et la Delta Force pour exécuter les missions. »
La confirmation par le Sénat de la nomination de Brennan au poste de directeur de la CIA n’aura lieu qu’une fois que la lumière aura été faite sur Benghazi, a affirmé dimanche le 10 février le Sénateur Lindsay Graham lors de son passage à l’émission « Face the Nation », sur la chaîne CBS.
Rappelons que la controverse concernant l’utilisation par Obama de drones pour faire assassiner des « responsables d’al Qaïda » supposés, ou réels, continue à faire rage, comme le rapporte le Figaro dans un article du 8 février.
L’article, intitulé Drones : Obama invente un nouveau droit de la guerre
constate que le président « s’est arrogé le droit de tuer » et a commandé aux avocats du Département de la Justice une série de mémo secrets permettant d’établir « la base légale sur laquelle s’appuie l’administration Obama pour justifier les intenses campagnes secrètes de drones qu’elle mène contre les terroristes islamistes, dans sa guerre contre al Qaïda ».
L’auteure de l’article, Laure Mandeville, correspondante du Figaro à Washington, s’étonne par ailleurs « que le débat intervienne si tardivement », puisque « cela fait au moins trois ans que des articles décrivent “le droit de tuer” que s’est arrogé Obama, les listes de cibles qu’il se voit soumettre régulièrement, et la “responsabilité” solitaire qu’il estime devoir assumer ».
Certains commencent ainsi à percevoir qu’il y a de fortes chances que le deuxième mandat d’Obama finisse par ressembler à celui d’un certain... Richard Nixon.
[1] Brandon Webb, un ancien Navy SEAL (forces américaines d’opérations spéciales, air, terre et mer) et Jack Murphy, ancien Béret vert
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