Le président russe Vladimir Poutine se trouvait en Autriche le 24 juin, accompagné du PDG de Gazprom Alexei Miller, pour la signature d’un accord sur la construction du segment autrichien du futur gazoduc South Stream entre la Russie et l’Europe.
Poutine s’est également entretenu avec le chef de l’OSCE, qui est actuellement le président suisse Didier Burkhalter. Ce dernier a qualifié ce contact direct d’« extrêmement important » dans « cette phase très délicate ».
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier se trouvait au même moment à Kiev pour rencontrer Porochenko, et tenter de concrétiser le « corridor humanitaire » faisant partie du plan de paix proposé par ce dernier. Steinmeier a ensuite déclaré, selon Segodnya.ua, avoir proposé un élargissement de la mission de l’OSCE en Ukraine, et l’inclusion de représentants russes dans le processus.
Poutine avait participé le 22 juin à une réunion téléphonique avec Merkel et Hollande, à la veille de la rencontre surprise où a été annoncé un cessez-le-feu couvrant la période du 20 au 27 juin, entre les forces armées ukrainiennes et les milices de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk.
Le président russe a annoncé avoir déposé une requête formelle auprès du Conseil de la Fédération (le sénat russe) pour faire abroger la résolution du 1er mars dernier sur l’usage des forces armées de la Fédération russe sur le territoire ukrainien. Faisant remarquer qu’il avait demandé ces pouvoirs dans le contexte de la crise en Crimée (et qu’il ne les avait pas utilisés, puisque les consignes de sécurité pour le référendum du 16 mars ne mentionnaient que les forces russes déjà stationnées en Crimée selon le Traité en cours), il a déclaré qu’il avait demandé que ces pouvoirs lui soient retirés, « afin d’aider à normaliser la situation et permettre la réconciliation dans l’est de l’Ukraine ». Le Conseil de la Fédération a accédé à sa demande dès le lendemain, le 25 juin.
Bien que ce cessez-le-feu soit un pas positif, le président russe a souligné que sept jours de trêve ne suffisent pas et qu’il faut étendre l’accord pour permettre la tenue de négociations « substantielles » et laisser le temps au « processus de paix de se développer », afin d’arriver à des « solutions respectant les droits légitimes des citoyens vivant dans l’est » du pays, incluant une révision de la Constitution pour garantir ces droits.
Le président autrichien Heinz Fischer a déclaré de son côté que « Kiev doit aussi apporter une contribution, quelque chose que je souhaite particulièrement souligner. Il doit y avoir des pourparlers avec les séparatistes, et de sérieux efforts pour une réforme de la Constitution, tendant la main vers l’est de l’Ukraine. Nous avons ainsi exprimé certains souhaits à l’égard de la Russie, mais aussi à l’égard de Kiev. »
Malgré l’éruption de combats sérieux dans la région de Slavyansk, avec la destruction en vol d’un hélicoptère de l’armée ukrainienne, le président ukrainien Porochenko a décidé, lors de sa conférence téléphonique du 25 juin avec Poutine, Merkel et Hollande, de maintenir malgré tout le cessez-le-feu.
Le Kremlin a décrit la conférence comme un « échange substantiel de vues sur la situation de crise en Ukraine » incluant sur les moyens de surveiller l’application du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers entre les forces déployées par Kiev et les milices du bassin du Donbass dans l’est du pays.
Selon l’agence de presse ukrainienne Zerkalo Nedeli, le bureau du Président Porochenko a publié quelques détails supplémentaires de la discussion entre les quatre dirigeants politiques, disant qu’Angela Merkel avait proposé trois mesures pour prolonger le cessez-le-feu et faire progresser le plan de paix, dont l’envoi d’observateurs de l’OSCE pour surveiller les frontières, incluant avec la Russie, et le maintien du groupe trilatéral ayant négocié la trêve le 23 juin.
A Moscou, Poutine a pour sa part tenu une réunion avec plusieurs ministres pour discuter de l’assistance matérielle, financière et médicale aux milliers de réfugiés ukrainiens se trouvant aujourd’hui en Russie. Le Premier ministre adjoint Dmitri Kozak a réitéré la présence de 400 000 réfugiés au total sur le territoire russe. 95 000 d’entre eux ont demandé de l’aide auprès des services officiels.
Fidèle à son cynisme, le département d’Etat américain a de son côté nié l’existence de tout exode significatif de réfugiés vers la Russie.
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