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- Le Vladivostok, un des deux Mistral, en attente de livraison aux chantiers de Saint-Nazaire.
- Crédit : Fabien Ramel - S&P
Surfant sur une accusation sans preuves, selon laquelle le crash du Boeing de la Malaysia Airlines en Ukraine serait de la responsabilité de Vladimir Poutine, le Premier ministre anglais David Cameron a profité de l’occasion pour jeter une bombinette dans le jardin de la France.
Franchement, il serait impensable dans ce pays d’effectuer une commande comme celle qu’ont les Français [de livrer les Mistral à la Russie], a-t-il lâché. (...) Nous devons faire pression avec tous nos partenaires pour dire qu’on ne peut pas continuer à faire des affaires comme si de rien n’était avec un pays qui se comporte de cette façon.
La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé. Un responsable français qui a préféré garder l’anonymat, l’a expliqué à Jean Dominique Merchet de l’Opinion :
Si nous devions annuler la vente des Mistral, il faudrait qu’en même temps les Anglais prennent des mesures contre la finance russe à la City et que les Allemands fassent de même dans le domaine du gaz.
C’est la position exprimée par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius depuis le début de la crise ukrainienne : la France ne sera pas le dindon de la farce d’une crise ukrainienne provoquée dès le départ à son insu, par les Anglais, les Américains, la bureaucratie de l’Union européenne et l’OTAN.
Comme l’a déclaré le responsable français cité plus haut :
Cela doit être douloureux pour tout le monde et d’abord pour les Russes, qui redoutent bien plus des sanctions financières ou énergétiques que la non-livraison des deux Mistral.
Évoquant cette affaire, le vice-premier ministre russe Dimitri Rogozine déclarait de son côté : « Il s’agit là de milliards d’euros. Les Français sont très pragmatiques. Je doute [que le contrat sera annulé]. La suspension de l’accord serait beaucoup moins dommageable pour la Russie que pour la France » qui serait obligée de rembourser 1,1 milliard d’euros à la Russie.
Le gouvernement français est-il bien décidé cette fois-ci à défendre ses intérêts ? Lundi, au cours d’un dîner avec l’Association de la presse présidentielle, M. Hollande a déclaré que la livraison du premier Mistral se ferait en temps et en heure : « Le marché a été conclu en 2011, le bateau est quasiment achevé et doit être livré en octobre. » A la question « le reste du contrat pourra-t-il être honoré » avec la livraison du 2e Mistral, le Président a répondu : « Cela dépendra de l’attitude de la Russie (...). Mais à ce stade, il n’y a pas de sanction décidée qui nous obligerait à y renoncer. Et s’il devait y avoir des sanctions, cela interviendrait au niveau du Conseil européen et ça ne porterait que sur du matériel à venir. On n’en est pas là. On verra si les Russes se comportent mal mais, a-t-il souligné, Poutine est plutôt sur l’idée de faire des propositions politiques. »
Faut-il rappeler à David Cameron que l’ancien Premier ministre anglais Tony Blair doit encore comparaître devant les tribunaux de son pays pour avoir menti sur les armes de destruction massives supposément détenues à l’époque par Saddam Hussein, afin de créer le prétexte ayant permis d’entraîner l’Empire britannique dans la dernière guerre d’Irak ?
Monsieur Cameron tente-t-il d’entraîner la France, une deuxième fois, dans une opération frauduleuse ? En effet, les services de sa Majesté sont soupçonnés aujourd’hui par nos spécialistes d’avoir été à l’origine de l’attaque au gaz chimique imputée frauduleusement à Bachar al-Assad en août 2013, un acte qui a failli nous conduire au bord de la guerre mondiale.
Pas sûr que M. Fabius, qui était alors monté au créneau jurant connaître l’origine du tir et se disant prêt à envoyer ses missiles, avant d’être lâché en rase campagne par ses confrères américains et britanniques, soit prêt à se laisser prendre une deuxième fois.
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