Ce qui arrive en Turquie n’est pas un « printemps turc », mais une opposition aux politiques de l’Empire britannique dans la région. L’une des principales raisons de ces soulèvements qui ont secoué 78 des 81 provinces turques, est une réaction au soutien apporté par le Premier ministre Erdogan à l’agression occidentale contre la Syrie, menée via l’Arabie saoudite et le Qatar. En effet, les milliards de dollars sous forme d’aide, d’armements et de djihadistes déployés en Syrie, transitent pour la plupart par le territoire turc.
En Syrie, les djihadistes s’attaquent aux minorités alaouites, azéries, kurdes et chrétiennes. Mais celles-ci peuplent également les provinces frontalières turques. Ces minorités, qui représentent environ 40 % des 76 millions de Turcs, ne soutiennent pas le Parti pour la justice et le développement (AKP) d’Erdogan. Le wahhabisme fondamentaliste, pratiqué par les djihadistes et leurs maîtres, est même considéré comme un anathème parmi les musulmans turcs les plus croyants.
Autre cause principale des manifestations, l’islamisation rampante du pays depuis l’accession de l’AKP au pouvoir en 2002, ainsi que la volonté affichée par ce parti d’enterrer l’héritage de Kamal Atatürk, la grande modernisation laïque entreprise par le fondateur de la République turque, et de rétablir l’Empire ottoman ! Au cours d’une des dernières manifestations silencieuses, un chorégraphe célèbre s’est tenu debout, pas moins de 8 heures, devant la statue de Kamal Atatürk, sur la place Taksim.
L’architecte de cette politique qui avance à grands pas est le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davuto ?lu. Et qui promeut cette politique ? L’Empire britannique ! En mars dernier Davuto ?lu était à Londres pour rencontrer 22 membres de la famille Osmano ?lu, descendants des sultans de l’Empire ottoman. Il a promu le retour en Turquie de cette famille pour assister à des célébrations officielles, notamment à la récente fête du « Jour de la Conquête » par les Ottomans de Constantinople. En mai, le gouvernement donnait au pont le plus long du monde qu’il construit sur le Bosphore, le nom de Yavuz Sultan Selim, 9e sultan de l’Empire ottoman.
Dans ce contexte de mécontentement croissant, les projets du gouvernement pour le parc Gezi où se trouve la place Taksim à Istanbul, ont mis le feu aux poudres. Car ce centre commercial devrait être construit au sein de la reconstruction de la caserne de Taksim, un bâtiment historique de l’Empire ottoman, démoli en 1940 !
# petite souris
• 25/06/2013 - 23:38
La Turquie reprend la main !
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