Par Agnès Farkas
Il nous faut faire la part des choses dans la lutte contre le coronavirus. Notre société anxiogène face à l’épidémie est avide de solutions « simples » et immédiates. Or, seuls la recherche scientifique et des essais randomisés apporteront les solutions à la crise sanitaire que nous traversons.
Les laboratoires européens travaillent de concert et la France a, quant à elle, lancé 20 projets de recherche et un essai clinique, qui ont démarré mi-mars.
Le Covid-19, trouver une parade internationale
Le coronavirus Covid-19 arrive sur un terrain vierge. Ce qui signifie qu’aucun membre de la population n’a développé de défenses immunitaires face à cet agent infectieux complètement nouveau, d’où sa propagation fulgurante qui nous mène à une pandémie. Selon Josselin Thuilliez, chercheur au CNRS, « les dernières épidémies équivalentes sont celles de la grippe espagnole, qui durant l’hiver 1918-1919 a fait plusieurs dizaines de millions de morts dans le monde, ou celle de la grippe asiatique entre 1956 et 1958 ».
De plus, il ne peut y avoir de comparaison avec le virus grippal annuel, contre lequel la recherche est mobilisée depuis quasiment un siècle dans une coopération mondiale, notamment pour produire des vaccins. Lors d’une conférence de presse au ministère de la Recherche, le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris, a rappelé qu’on ne connaît encore aucun traitement efficace contre le coronavirus. On se limite actuellement à une prise en charge pour traiter rapidement les symptômes.
Je m'inscris à l'infolettre S&P
En cela, la Chine, première touchée par la pandémie, a été d’un courage exemplaire : mise en quarantaine, construction de 16 hôpitaux temporaires dans un délai très court, mobilisation des soignants, disponibilité des tests se sont faits dans le cadre d’une mobilisation nationale, non seulement pour protéger la population autochtone mais aussi pour ralentir la propagation du virus hors de ses frontières.
Dès la reconnaissance du caractère inhabituel de l’agent pathogène, et mesurant la vitesse de propagation de l’épidémie dans le monde, la communauté scientifique internationale, en collaboration avec les chercheurs chinois, s’est mobilisée pour étudier ce nouveau virus et lui trouver une parade. Le temps est compté.
Remdesevir, Kaletra, Chloroquine... Ce que l’on sait
Dans un premier temps, comme en Corée et en Chine, il faudra tester le plus de monde possible. Aussi la France doit-elle se donner les moyens urgents de produire les tests en nombre suffisant. Ce qui aura un effet double : éviter la panique d’une population qui ne connaît pas son état de santé réel, et isoler au plus vite les personnes contaminées pour en assurer le suivi.
Actuellement, faute de vaccin et de médicaments, l’un des traitements consiste à faire « les choses habituelles : oxygène,ventilation, etc. ». On a également recours à des antiviraux existants, dont l’OMS estime qu’ils sont susceptibles de soigner ce virus. Cependant, selon le Pr Yazdan Yazdanpanah, les traitements basés sur les antiviraux connus ne peuvent suffire – qu’il s’agisse du remdesevir utilisé contre Ebola, du Kaletra utilisé contre le VIH ou d’un interféron bêta (naturellement produit par le système immunitaire).
Selon le Pr Raoult, de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, l’hydroxychloroquine serait efficace, après un premier test restreint. Il s’inspire de l’expérience chinoise. Aussi, le laboratoire français Sanofi s’est dit prêt « à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l’antipaludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300 000 malades, après des essais jugés ’prometteurs’ auprès de patients atteints du Covid-19 ». Les autorités sanitaires ont donné leur feu vert pour un test plus vaste devant débuter entre le 12 et le 22 mars 2020, sous la conduite de laboratoires indépendants de l’IHU de Marseille.
Car, malgré tout, plusieurs experts appellent à la prudence en l’absence d’études plus poussées et en raison des effets secondaires indésirables de la chloroquine, qui peuvent être graves, notamment en cas de surdosage. Les principaux d’entre eux sont respiratoires (difficulté à respirer, asthme, écoulement nasal) et digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales,etc.). Sachant que ce virus touche principalement les poumons et qu’il faut mettre les patients sous ventilation, il ne faut pas prescrire cette molécule sans essais randomisés [1] préalables. Surtout, le ministère de la Santé ne doit prendre aucune décision hâtive qui se ferait au détriment des malades.
Agir vite et de manière coordonnée
L’Europe est également mobilisée sur la production d’antiviraux spécifiques au Covid-19. Par exemple, le 16 mars, l’annonce a été faite par l’Institut flamand de recherche en biotechnologie (VIB-UGent, laboratoire de Xavier Saelens) de la découverte d’un anticorps capable de neutraliser le virus à l’origine du Covid-19. Les recherches se poursuivent pour confirmer les résultats. « Contrairement aux vaccins, un anticorps offre une protection immédiate – bien que de plus courte durée. L’avantage de cette approche par rapport aux vaccins est que les patients n’ont pas besoin de produire leurs propres anticorps. [...] Les travailleurs de la santé ou les personnes présentant un risque accru d’exposition au virus peuvent également bénéficier d’une protection immédiate », précise le communiqué du laboratoire.
En France, 8 millions d’euros ont été débloqués pour financer une sélection de 20 projets de recherche portant sur la prévention et le diagnostic, auxquels s’ajoutent 4,6 millions de l’Europe. Ces projets sont menés et coordonnés par les plus grandes institutions scientifiques du pays, dont le CNRS, le CEA, l’Institut Pasteur ou encore l’Inserm.
Depuis mi-mars, un essai clinique compare quatre traitements différents sur 3200 patients, dont 800 en France, à qui l’on attribue un traitement au hasard (un essai « randomisé »). Toutes ces personnes sont atteintes de forme sévère de Covid-19 et hospitalisées. Si ces essais sont concluants, la production massive d’antiviraux sera mise en place dans les laboratoires européens fin mars.
Sachant que les épidémiologistes prévoient un retour du virus dans l’hémisphère nord à l’automne, après son passage dans celui du sud durant la saison hivernale, nous avons besoin de tous les moyens humains et financiers pour donner aux chercheurs les capacités de trouver un vaccin, y compris sur une version mutante du coronavirus, et surtout permettre aux laboratoires de la produire.
Pour conclure, au-delà de l’action coordonnée avec les institutions et laboratoires des pays en mesure de fournir un traitement efficace contre ce virus, il nous faut en finir avec le virus libéral financier qui nous a conduits à adopter des critères de profit dans le domaine de la santé, affaiblissant considérablement notre capacité de répondre aux défis posés par ce type de menace sanitaire.
Sur les recettes à la perlimpinpin…
Selon le Dr Gérald Kierzek, « aucune étude ne montre actuellement que la prise seule de vitamine C peut guérir ou prévenir cette maladie ». Il n’y a aucun remède miracle contre le coronavirus, en tout cas pas à ce jour ! Cette histoire vient d’un médecin américain. Il rapporte qu’une patiente chinoise de 71 ans a survécu au Covid-19 grâce à la prise de vitamine C… Ce qui est sûr, c’est que prendre de la vitamine C ne peut pas vous faire de mal. Elle contribue à renforcer notre système immunitaire, comme c’est aussi le cas avec une bonne alimentation et un bon sommeil.
[1] Un essai contrôlé randomisé est un essai dans lequel les personnes sont choisies de manière aléatoire pour recevoir l’une des interventions cliniques, nouveau médicament ou autre.