Le 22e sommet Asie-Pacifique, réunissant les 21 pays membres de l’APEC, qui se tient à Beijing en Chine du 8 au 11 novembre est aujourd’hui le lieu où s’opposent plus que jamais l’ancien monde associé au « Consensus de Washington » (FMI, Banque Mondiale, OMC) et le nouveau monde des BRICS.
D’un côté il y a le projet de Partenariat trans-pacifique (TPP) prôné par les Etats-Unis de Barack Obama et qui vise avant tout, comme l’a expliqué Helga Zepp-LaRouche le 5 novembre lors d’un entretien avec Radio China International, à maintenir « le contrôle complet du ’’libre-marché’’ par les corporations multinationales, ainsi que les banques trop grosses pour sombrer ».
Ce TPP, qui excluerait, faut-il préciser, tant la Chine que la Russie, éliminerait presque entièrement la souveraineté nationale et c’est pourquoi il se négocie dans le plus grand secret puisque même les parlementaires des pays concernés n’ont aucune idée de ce qu’il contient. « Il s’agit donc, a poursuivi Zepp-LaRouche, d’un mécanisme qui manque totalement de transparence, qui donnerait les pleins pouvoirs aux dirigeants des 400 plus grandes corporations mondiales, aux dépens du bien commun et de la souveraineté des peuples », à l’image du système transatlantique qui domine actuellement en Occident, « qui ne vise plus qu’à préserver le système bancaire, à payer les dettes, à renflouer les spéculateurs et à imposer le coût de tout cela aux populations par l’entremise de programmes d’austérité ».
De l’autre côté, la Chine et les BRICS souhaitent un modèle de développement « inclusif », où il n’y aurait plus de gagnants et de perdants, contrairement à l’attitude prônée par les néoconservateurs américains et leurs acolytes depuis la chute du Mur de Berlin, il y a maintenant 25 ans. Comme l’a précisé Zepp-LaRouche lors de son entretien à RCI :
Depuis que le président Xi Jinping a proposé sa politique de Nouvelle route de la soie/Route de la soie maritime, il a énormément inspiré le monde, et ceci a conduit au sommet extraordinaire des BRICS de juillet dernier au Brésil. Et depuis que ces politiques ont été mises de l’avant, beaucoup de pays dans le monde qui ne font même pas partie des BRICS, comme l’Égypte et autres, ont fait preuve d’un grand courage en reprenant des projets de développement qui avaient été abandonnés depuis fort longtemps.
Par ailleurs, a-t-elle précisé, la Nouvelle banque de développement (NBS) que les BRICS sont en train de mette en place, ainsi que la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure (AIIB) et la future Banque de l’Organisation de coopération de Shanghai, représentent un état d’esprit complètement différent car elles « visent avant tout l’investissement dans l’économie réelle ».
Cette dynamique s’inscrit dans la continuité du vaste programme d’infrastructure entrepris par la Chine au cours de la période qui a suivi le krach de 2008, et qui a permis de maintenir la croissance en Asie, malgré l’effondrement de l’Europe et des États-Unis.
Cette différence de point de vue a été mentionnée, quoique de manière un peu voilée, par le président Xi Jinping lui-même, dans un discours à des chefs d’entreprises qui a eu lieu juste avant le sommet des chefs d’États. Xi a déclaré que la région Asie-Pacifique se trouvait
confrontée à des tâches gigantesques en vue d’accroître la qualité et l’efficacité de l’économie et de remplacer des vieux secteurs de croissance par des nouveaux. Il y a des directions et des priorités différentes dans l’accélération des processus d’intégration régionale et divers arrangements de libre-échange sont proposés, ce qui fait que certains ont de la difficulté à choisir.
Le président Xi a insisté sur le fait que son pays a l’intention de fixer une feuille de route concrète pour établir une zone de développement entièrement inclusive, fondée sur « une nouvelle voie et un nouveau modèle », visant à rassembler « les deux rives du Pacifique », et inspirée de la Ceinture économique de la route de la soie et de la Route de la soie maritime du XXIe siècle. Il a rappelé que l’AIIB doit être conçue comme une « plateforme pour la coopération et la croissance », et qu’elle sera un « pas substantiel vers l’avant »
Sous la pression des Etats-Unis, l’AIIB et la politique de Nouvelle route de la soie/Route maritime de la soie n’ont pas pu être inscrites à l’ordre du jour officiel, ni mentionnées dans le communiqué qui a suivi la réunion des Ministres du 8 novembre, et ce malgré le fait que la Chine soit la puissance organisatrice du sommet.
Mais le rôle de marionnette que joue Barack Obama, au service des mégabanques de Londres et de Wall Street, n’a jamais été aussi évident, et le sommet a permis la multiplication des accords de coopération économique entre la Chine, la Russie et l’Inde et, chose importante, à un renouement des relations entre la Chine et le Japon, marqué par la signature d’une déclaration commune en quatre points par le président chinois et le Premier ministre japonais, sans oublier la reprise des pourparlers pour la conclusion d’un traité de paix entre la Russie et la Japon (en suspens depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale !). Autre reflet de l’affaiblissement d’Obama suite à sa débâcle lors de la dernière élection de mi-mandat : l’un des plus proches alliés de Washington, le président philippin Noynoy Aquino, cherche lui aussi à tempérer son discours belliqueux à l’égard de la Chine et a indiqué une volonté de d’approfondir les discussions entre les deux pays.
De l’autre côté du Pacifique, des pays comme le Chili ont également profité du sommet pour signer de nombreux accords de coopération économique avec la Russie et la Chine, et les Philippines ont fait part de leur intérêts .
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