Ayant étudié au lycée technique de Redon (à mi-chemin entre Rennes et Saint-Nazaire), nous entendions toujours que les futurs emplois à pourvoir étaient ceux de PSA Rennes, d’Airbus et des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire.
A Rennes, PSA réduit ses effectifs de 1400 postes, tout en entretenant le doute sur une possible fermeture totale du site. Les employés du site STX France des chantiers navals de Saint-Nazaire sont, eux, en train de se battre face à la direction pour refuser la mise en place de l’ANI (Accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013). Cet accord propose aux salariés de STX, une augmentation de salaire de 1,2 % en contrepartie de 20 minutes de travail supplémentaires par jour et de la perte d’une partie de leurs 14 jours d’ARTT et d’un temps de travail hebdomadaire oscillant entre 0 et 48 heures. A cela s’ajoutent le carnet de commandes qui est vide et la dette de 14 milliards d’euros du constructeur sud-coréen (environ 30 Queen Mary, gros paquebot de croisière).
Pour Nouvelle Solidarité, Alexandre Noury a interrogé Nathalie Durand-Prinborgne, du syndicat Force ouvrière (FO), dessinatrice sur le site et leader du mouvement.
Alexandre Noury : Pourquoi lutter contre l’accord de compétitivité ?
Nathalie Durand-Prinborgne : Car les sites des entreprises qui ont accepté dans le passé cet accord (flexibilisation du travail), comme Bosch, Continental, Goodyear... n’existent plus aujourd’hui ou ont largement diminué leurs effectifs. Ce n’est donc pas une solution. Depuis 2 semaines, il y a entre 500 et 800 ouvriers mobilisés à l’occasion des grèves et débrayages.
Vous avez rencontré récemment M. Montebourg, le ministre du Redressement productif. Que s’est-t-il passé ?
NDP : Je lui ai fait part de la nécessité de nationaliser le site, pour sauver le savoir-faire, les emplois. Ayrault ne veut pas en entendre parler sous prétexte d’incompatibilité avec les traités européens. La France détient déjà 30 % de STX France. Pourtant, un journaliste du Washington Post ne comprenait pas qu’un président de « gauche » ne fasse pas la nationalisation.
Qu’en est-il des autres chantiers en Europe ? La croisière Europe s’amuse-t-elle ?
NDP : Les autres pays font du protectionnisme déguisé. En Allemagne, la région de Basse-Saxe aide les chantiers Meyer Werft de Papenburg. L’Italie avait nationalisé les chantiers de Fincantieri à Trieste, société qui vient de racheter STX Norvège Offshore en décembre. Si cela, ce n’est pas du protectionnisme, qu’est-ce que c’est ?
Quelle est la différence entre ce gouvernement et l’ancien ?
NDP : C’est blanc bonnet, bonnet blanc. Heureusement que l’un comme l’autre poussent les banques à ne pas être frileuses pour offrir des solutions de financement et des garanties bancaires pour l’obtention de commandes.
Dans le cas de projets de réindustrialisation, les Russes sont en train de mettre en place des centrales nucléaires flottantes. Combien de temps faut-il à STX pour répondre à une offre et construire un bateau complètement différent ?
NDP : Nous pouvons donner une réponse dans 1 à 2 mois et la construction prendrait entre 24 et 36 mois.
Pour quelles raisons vous êtes-vous engagée dans le militantisme syndical ?
NDP : C’est nouveau, cela fait 7 ans que je suis syndicalisée, et ce n’est pas par tradition familiale. Avant, j’étais dans des PME et j’ai trouvé que le seul moyen de s’investir dans une grosse société, c’était l’action syndicale. Car c’est trop facile de se plaindre et de ne rien faire. J’ai cité l’autre jour à des syndicalistes, de manière amusée, Jaurès qui disait : « De quel droit les non grévistes peuvent-ils bénéficier eux aussi des acquis des luttes ? » Je comprends très bien que des collègues ne puissent pas, ou ne veuillent pas, pour des raisons financières ou personnelles, sortir avec nous dans les débrayages.
Qu’avez-vous à dire aux lecteurs de Nouvelle Solidarité, aux adhérents du parti politique Solidarité et Progrès et à tous ceux qui vous liront ici ?
NDP : La nationalisation, ce n’est pas un gros mot. Il faut se donner les moyens de sauver l’industrie, de sauver les emplois, sur des décennies. Car un pays comme la Suède, autrefois un pays fort du point de vue industriel, est aujourd’hui devenu faible à cause de la concurrence. Les sociétés françaises sont toujours rachetées par des capitaux étrangers. J’ai demandé pourquoi à Montebourg, il est resté muet.
Pour Jacques Cheminade, dans le cas de STX, nationaliser n’est pas une idée absurde
Dans une déclaration publiée le 15 mai, Jacques Cheminade, après avoir dénoncé la logique purement financière qui menace STX, a exprimé son indignation devant la déclaration cynique du PDG d’Alstom, Patrick Kron. Ce dernier s’était moqué de la situation en déclarant que son groupe n’était « pas intéressé par la reprise de STX ni par celle du volailler Doux ».
Du côté du gouvernement, c’est tout aussi inquiétant, puisque l’Etat, qui revoit tous les budgets à la baisse, « regarde ailleurs » et exclut donc toute nationalisation. Les syndicats ont donc bien raison de se battre pour la nationalisation du site, car « c’est précisément par ce biais que l’Etat pourrait apporter son aide à Saint-Nazaire : les chantiers devraient être choisis par la Direction générale des armées pour construire quatre pétroliers ravitailleurs pour la marine nationale », a-t-il conclu.
# petite souris
• 21/07/2013 - 20:44
des emplois en danger ! donc des familles avec enfants en péril..........
des gens vont souffrir voir mourir.........au nom de la compatibilité avec les traités européens !!!
et la non assistance d’enfants et de personnes en danger c’est quoi !
et la responsabilité de nos politichiens ?
Allô ! nan ! mais ! Allô quoi !
Nationalisez ! vous m’recevez !
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# gdfontaines
• 22/07/2013 - 00:58
Après le Portugal, la France ?
http://www.youtube.com/watch?v=-9HPhdFz-K8
Vite retrouvons l’esprit du CNR : coupons les banques en 2 pour mettre la spéculation hors d’état de nuire !
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