Samedi 29 mai, les militants de S&P ont pu constater combien la colère noire des « blouses blanches » n’a en rien détruit ni leur détermination ni leur amour du métier.
C’est ainsi qu’une dizaine d’orateurs, soignants, militants de divers collectifs et organisations se sont succédés à la tribune devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, au départ de la manifestation pour la santé organisée par le collectif Inter-hôpitaux, le Collectif Inter-urgences, le Collectif Inter-Bloc et la Fédération Sud Santé Sociaux. Une mobilisation qui a eu lieu simultanément dans une dizaine de pays en Europe et au Canada, dans le cadre du « SOS international pour la santé » lancé conjointement par plus de 60 collectifs, associations et syndicats.
Même des associations de défense des Droits de l’homme étaient présentes, comme pour rappeler à la France combien le traitement de ses malades et de ses personnels soignants porte honteusement la marque de sa trahison en matière de droits fondamentaux !
SOS pour la santé
Voici les réflexions qu’on pouvait entendre à la tribune ou lire sur les auto-collants des manifestants :
On nous a annoncé un « Quoiqu’il en coûte » pour faire face à la pandémie, mais cette semaine, le ministre de l’Économie nous a fait comprendre que cette période était révolue.
Fermeture de lits, baisse du personnel, bulldozer de la tarification à l’acte, personnel en danger dans les hôpitaux psychiatriques, perspective de devoir encore trier les patients, etc. : nous voici revenus au « monde d’avant », comme si rien ne s’était passé !
Qui va payer la facture de la crise sanitaire ? L’aide-soignante, avec ses 1 200 euros de salaire net par mois, harassée par sa charge de travail insoutenable, ou Amazon, qui s’arrange pour échapper à l’impôt et qui a fait des profits monstres depuis le confinement ?
Répétons-le : la santé n’est pas une marchandise et l’hôpital n’est pas une entreprise ! Macron doit orienter un « pognon de dingue » vers les services de soin, etc.
Leurs revendications :
des moyens à la hauteur des besoins de santé ;
un accès universel aux soins et aux médicaments ;
une vraie revalorisation des métiers de la santé, qui permette un choc d’attractivité ;
un changement de gouvernance associant les acteurs de terrain et les usagers aux prises de décisions.
De l’oxygène pour les services de réa !
Pour rappel, voici l’état de fait ne serait ce que dans les services de réanimation, que nous dénoncions dans les numéros de Nouvelle Solidarité d’avril et mai 2021 :
100 000 lits ont été supprimés ces 20 dernières années, selon le géographe Emmanuel Vigneron, spécialiste de la santé des territoires. Si cette baisse ne concerne pas directement les lits de réanimation, devenus particulièrement précieux, elle reflète un mal bien réel : c’est par manque de personnel que beaucoup de lits ont été supprimés ! Selon le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), 34 000 postes d’infirmiers sont toujours vacants actuellement.
Concernant les places en réanimation, une partie des lits créés pendant la première vague de COVID-19 ont été réaffectés à leurs services d’origine après celle-ci. Logique. Cependant, le rapport de la Cour des Comptes publié le 18 mars dernier est sans appel. La politique suivie depuis une décennie consiste à regrouper les unités de soins critiques pour en améliorer la qualité. Intention louable… sauf que la capacité en réanimation n’a pas été augmentée pour s’adapter au vieillissement de la population ! Or le recours à ce service concerne majoritairement des patients âgés.
Selon le rapport de la Cour des Comptes, pour 100 000 habitants de plus de 65 ans, l’équipement en lits de réanimation est passé de 44 (en 2013) à 37 (début 2020). Et pour l’avenir ? « La planification hospitalière (…) ne prévoit pas d’augmenter le nombre de lits au vu des besoins pourtant croissants d’une population qui vieillit ».
« Enfin, si grâce à des formations « express » mises en place dans les hôpitaux, de nombreux aide-soignants, infirmiers, médecins, internes, etc. sont venus prêter main-forte à leurs collègues des unités de réanimation, cela ne remplace pas le recrutement de personnel supplémentaire spécialisé en soins critiques. Or 40 % des anesthésistes-réanimateurs ont déjà plus de 55 ans, et le gouvernement n’a pas augmenté le nombre de places ouvertes aux concours de médecine dans ces spécialités ! Et pour les infirmiers, il n’existe tout simplement pas de formation reconnue et qualifiante en réanimation. Pourtant, selon Xavier Monnet, interrogé par Le Figaro le 16 avril : « Les infirmiers et infirmières qui sortent d’école avec une formation généraliste peuvent être tutorisés en six semaines et devenir aptes à s’occuper seuls d’un malade. »
35 000 hôpitaux pour le monde
Tout en exprimant, lors de la manifestation du 29 mai, notre soutien et notre reconnaissance face à tant de dévouement du personnel soignant depuis un an, nous avons pu, à travers notre tract et notre banderole, apporter un principe de réalité tout à fait tangible : « L’humanité a besoin de 35 000 complexes hospitaliers – lesquels nécessiteraient l’équivalent de 110 réacteurs nucléaires et 6,5 fois le débit de la Seine en eau potable. »
L’occasion de faire connaître l’appel de Helga Zepp LaRouche lancé le 14 mai dernier dans le cadre du Comité de la coïncidence des opposés, intitulé « Pour une mobilisation sanitaire mondiale ». Un appel pour une réelle exigence de ne laisser personne au bord du chemin. Extraits :
Une carte hospitalière sur celle prévue par la loi américaine Hill-Burton de 1946 peut servir de référence. Elle visait à garantir à chaque Américain, quel que soit son lieu de résidence, l’accès, dans un délai acceptable, à des soins de haut niveau et en nombre suffisant. Par cette loi, l’État garantissait à l’époque 4,5 lits d’hôpitaux pour 1000 habitants. Au-delà de l’équipement des bâtiments, il s’agissait d’assurer la disponibilité et la qualification du personnel requis pour cette mission.
Pour les cas d’urgence, l’hôpital temporaire de 1000 lits de Huoshenshan, construit en 12 jours à Wushan en Chine, en 2020, est une belle démonstration de ce qu’on est capable de faire aujourd’hui.
L’appel dans sa version intégrale ainsi que notre tract sont accessibles ici : https://solidariteetprogres.fr/IMG/pdf/20210528_tract_sante.pdf