C’est officiel : ExoMars ira bel et bien de l’avant. C’est ce qu’a décidé le 21 novembre la Réunion du Conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA) au niveau ministériel, qui vient de se tenir pendant deux jours à Naples (Italie). Les ministres ont décidé de donner leur aval à un protocole d’entente entre l’ESA et l’agence spatiale russe Roscosmos pour la poursuite du projet, dont l’avenir avait été menacé après le retrait de la NASA en février dernier.
Le projet prévoit l’envoi d’une sonde orbitale plus une plate-forme d’atterrissage en 2016, suivis d’un astromobile (rover) muni d’une foreuse pouvant creuser jusqu’à deux mètres sous la surface du sol martien en 2018. Quatre cents millions d’euros ont déjà été dépensés sur le projet, mais 350 millions d’euros manquaient pour compléter le budget total de 1,2 milliards. Les Russes fourniront des fusées Proton pour les deux missions, et participeront au développement de la plate-forme d’atterrissage et du rover ainsi que de leurs instruments, permettant ainsi de combler le trou budgétaire. Ces deux missions doivent préparer la voie au rapatriement sur Terre d’échantillons martiens à partir de 2020.
Les ministres des 20 États membres de l’ESA et du Canada ont décidé d’allouer un budget global de 10 milliards d’euros aux activités et programmes de l’ESA pour la période allant de 2013 jusqu’à 2017, soit deux milliards de moins que le montant accordé en 2008 pour une période similaire.
Deux autres décisions importantes ont également été prises. La première est le feu vert pour les études de définition détaillée du nouveau lanceur Ariane 6, tout en poursuivant le développement de la version adaptée d’Ariane, appelée 5 ME, et en s’assurant que les deux lanceurs puissent intégrer le plus d’éléments communs possible. Une décision sur la poursuite du développement des deux versions d’Ariane sera prise en 2014. Si les deux versions étaient maintenues, Ariane 5 ME devrait être opérationnelle en 2017 et Ariane 6 pourrait suivre en 2021 ou 2022.
La deuxième décision concerne la contribution en nature que l’Europe doit fournir à l’exploitation de la Station spatiale internationale (ISS) pour la période 2017-2020. Il s’agit de fournir le propulseur du nouveau véhicule de transport d’équipage polyvalent Orion de la NASA (MPCV). Cette décision est d’une grande importance car elle place l’Europe, pour la première fois, en position d’envoyer des hommes dans l’espace en comptant, du moins en partie, sur ses propres moyens.
Le futur de l’exploration spatiale
Situé à mi-chemin entre les programmes de recherche scientifique pure et ceux répondant à des visées industrielles ou commerciales plus étroites, ExoMars est le seul programme européen ouvrant la voie à une exploration robotique et humaine de l’espace, car aucune décision concernant le retour sur la Lune n’a été prise. Il faut rappeler cependant que in fine une colonisation soutenable de la planète Mars ne pourra pas se faire sans passer par la Lune, même s’il est vrai que la question ne se pose pas dans l’immédiat.
S’il est vrai de dire, comme l’affirme le communiqué publié à l’issue de la réunion par la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la recherche Geneviève Fioraso, que « la politique spatiale représente, dans un contexte de crise économique et financière d’une ampleur exceptionnelle, un enjeu majeur pour l’Europe en termes d’indépendance et de souveraineté et comme levier de compétitivité, de croissance et d’emploi », cela ne signifie nullement que l’espace doive être rabaissé au niveau d’une simple filière industrielle.
Un programme détaillé d’exploration robotique et humaine de l’espace est un des deux principaux moteurs, avec un grand programme de développement de l’infrastructure à l’échelle de la planète, pouvant tirer l’économie terrestre hors du bourbier dans lequel elle s’est enlisée au cours des trente dernières années. Au-delà des mesures de relance keynésienne de soutien à la consommation, ou des concessions schumpeteriennes à l’entrepreneuriat (soutien de l’Etat aux entrepreneurs sans se soucier de l’utilité sociale de ce qu’ils produisent) mises en œuvre par les gouvernements occidentaux depuis le débit de la crise en 2008 (sans compter les renflouements massifs des pertes spéculatives des institutions financières), seuls ces deux programmes impliquent une véritable coopération à l’échelle internationale et une vision sur le long terme.
Si les décisions prises lors du sommet de Naples sur l’espace méritent d’être saluées, nous rappelons ici l’engagement pris par quatorze grandes agences spatiales nationales en 2005 lors de l’adoption d’une Stratégie d’exploration globale commune visant à mieux coordonner les efforts de tous les pays en matière d’exploration spatiale. Nous terminons donc sur quelques extraits du document publié à cette occasion.
Stratégie globale d’exploration : un cadre pour la coordination
L’une des caractéristiques les plus fondamentales de l’homme est une curiosité sans fin qui nous pousse à investiguer l’inconnu. A travers notre histoire, nous avons regardé au-delà des frontières apparentes vers les mystères qui s’y trouvent.
Poussés à explorer, à comprendre et à utiliser le monde dans lequel nous nous trouvons, nous nous sommes étendus à travers les continents et les océans. Nous avons sondé les endroits les plus reculés de la planète – les pôles gelés, la profondeur des océans, la haute atmosphère.
Avec une intention et une détermination croissantes, nous sommes résolus à explorer nos compagnons les plus proches – la Lune, Mars et certains astéroïdes proches de la Terre. Notre objectif n’est pas quelques courtes visites, mais une présente humaine soutenue et éventuellement auto-suffisante au-delà de la Terre, aidés par des robots explorateurs. Une exploration spatiale soutenable est un défi qui ne peut pas être entrepris par une seule nation. C’est pourquoi quatorze agences spatiales ont développé une Stratégie globale d’exploration : un cadre pour la coordination, présentant une vision pour l’exploration robotique et humaine de l’espace (...) et un plan d’action pour partager les stratégies et efforts des nations individuelles afin qu’elles puissent accomplir leurs objectifs d’exploration de manière plus efficace et sécurisée. (…)
La Stratégie globale d’exploration va apporter au peuples de la Terre des bienfaits sociaux, intellectuels et économiques. Nous allons mieux comprendre l’évolution de notre système solaire et apprendre à nous protéger dans des environnements hostiles. En comprenant comment les planètes fonctionnent, nous apprenons plus à propos de notre Terre. Les technologies créées nous aideront à construire une société plus soutenable. (…) Finalement, cette nouvelle ère de l’exploration spatiale renforcera les partenariats internationaux par le partage de défis stimulants et pacifiques. »
# petite souris
• 22/11/2012 - 23:53
Enfin une bonne nouvelle pour l’avenir !!!!!!!!!!!
Enfin une bonne nouvelle pour le bien commun.........
.........
Que les combats de S&P puissent tous aboutir ainsi !!!!!!!!!!!!
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