Tribune libre
Les grands chantiers, dont la maintenance de notre réseau fluvial, nécessitent des investissements permanents. Privé d’une capacité souveraine de financement et cherchant à tout prix à réduire l’endettement, l’Etat a de plus en plus recours à des partenariats public-privé (PPP). S’ils permettent un endettement apparamment moindre au niveau comptable, leur coût final est exorbitant.
Exemple. Alors qu’avec le taux interbancaire actuel [1], le financement d’un projet de 256 millions d’euro sur 30 ans revient à 12,4 millions, Voies navigables de France (VNF), acteur public d’un côté et VINCI, acteur privé de l’autre, ont contracté dernièrement auprès des banques un PPP pour un projet de réfection de 31 barrages sur la Meuse et l’Aisne, pour un coût de financement de 56 millions d’euro. Soit un taux d’intérêt bancaire de 1,36 % !
Les profits juteux iront majoritairement, si on se réfère au communiqué de presse du groupe Vinci, à deux banques Japonaises, une banque allemande et une française. Car pour les banques françaises, ce profit est beaucoup trop à long terme…
La formule de financement par PPP avait complètement disparu de la planète dans les années 1980, avant de réapparaître dans les années 1990 en Amérique Latine, puis en 1992 en Angleterre, et enfin en 2004 en France par l’ordonnance du 17 Juin 2004 modifiée par la loi du 28 Juillet 2008.
De 2005 à 2011, plus d’une centaine de contrats ont été signés dans l’hexagone. Ils ont permis la réalisation entre autres du Zoo de Vincennes, des lignes ferroviaires à grande vitesse de Tours à Bordeaux et de la Bretagne au Pays de la Loire, de l’Hôpital de Caen, de quelques prisons et des portiques ECOTAXE érigés sur les autoroutes françaises pour un coût d’un milliard d’euros, dont il a beaucoup été question dans l’actualité ces dernières semaines. A ce jour on estime que les PPP représentent environ 5% du PIB de notre pays.
Si l’on souhaite que notre pays continue à développer des infrastructures comme les voies ferrées et des voies navigables pour connecter nos fleuves au réseau européen, destiné à favoriser nos échanges commerciaux avec la Russie et l’Asie, il faut d’urgence une autre politique de financement : le « crédit productif public ».
Nos Etats, une fois libérés de la camisole de l’euro, retrouveront leur droit d’investir à long terme dans les infrastructures essentielles à notre avenir.
On pourrait alors mettre enfin en chantier les projets Seine-Nord et Rhin-Saône (y compris le tronçon du coté allemand) ainsi que l’aménagement de la Loire envisagé en 1994 par Michel Barnier, à l’époque ministre du transport. A ce jour, le fleuve le plus long de France n’est que partiellement navigable et se caractérise par des variations de débits entre 22m3/s et 7000m3/s.
Enfin, pour intégrer ces projets à l’échelle européenne, il nous faut des coopérations renforcées à l’échelle du continent et une agence européenne dédiée à la mise en œuvre de ces projets. Ce vaste programme nécessitera avant tout un combat visant à rompre avec la vision purement comptable et monétariste de l’économie.
K.L.
[1] EURIBOR à 3 mois de 0,318 % et un LIBOR à 3 mois de 0,229 %
# petite souris
• 05/06/2014 - 13:47
...........avec les nouvelles régions .de l’europe-fédérale-supra-nationale-au-service-de-la-finance-mondiale-destructruice-des-pays-et-des-peuples .........est-ce que ces accords seront toujours d’actualité ?
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