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- François Hollande présidait ce matin la Grande conférence sociale pour l’Emploi, au conseil économique et social (CESE).
- Crédit : Présidence de la République
Aujourd’hui, 20 juin 2013, s’ouvre la deuxième grande conférence sociale du quinquennat de François Hollande. Au centre des discussions entre patronat, syndicats et gouvernement : la réforme des retraites.
Et oui, encore une ! Pourtant, la dernière en date ne remonte pas à si longtemps. C’était en 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy : l’âge légal du départ à la retraite était passé de 60 à 62 ans (ce que n’avaient pas manqué de critiquer les socialistes). Mais alors, de quoi s’agit-il cette fois-ci ? Rompre avec la logique des années Sarkozy ? Non, quand même pas, il s’agirait davantage de perpétuer cette logique en prétendant s’en détacher ! Il faut comprendre, le déficit des retraites devant atteindre 20 milliards d’euros d’ici 2020, le « sérieux budgétaire » prime. Il dictera même les conduites : faire des économies, toujours plus d’économies.
Mais, rassurez-vous, le gouvernement Ayrault ne fera pas comme la droite, non, il ne touchera pas à l’âge légal de départ à la retraite. Et d’ailleurs, pour mener à bien sa réforme, il a fait appel à un de ces grands experts dont notre époque raffole : Yannick Moreau, énarque et ancienne conseillère de François Mitterrand, qui a remis son rapport au Premier ministre vendredi dernier, 14 juin 2013. [1]
Plusieurs pistes ont été retenues :
- Allonger la durée de cotisation : c’est-à-dire, augmenter le nombre d’années de cotisation des travailleurs pour qu’ils aient droit à une retraite à taux plein. L’on passerait de 41,5 ans à 43 ans puis 44 ans de cotisation. Un bon moyen, en somme, de reculer l’âge des départs en retraite sans le faire formellement ! En effet, le choix, pour n’importe quel travailleur qui est entré dans la vie active à 20 ans ou plus, est clair : soit, il partira à 62 ans mais avec une pension réduite soit il travaillera au-delà de 62 ans !
- L’alignement de la CSG (fiscalité pour financer la sécurité sociale) des retraités sur celle des actifs. En d’autres termes, augmenter les impôts des retraités donc baisser leurs pensions.
- Désindexer les pensions de l’inflation, c’est-à-dire, encore une fois, baisser les pensions des retraités dans un contexte où les prix ne cessent d’augmenter.
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Nous ne relèverons pas toutes les mesures proposées par Yannick Moreau mais une chose est claire, le dénominateur commun entre chacune d’elles, ce sont les coupes dans les pensions des retraités.
Et tout cela, pourquoi ? Le rapport Moreau ne manque pas de le mentionner. Voici à la page 46 :
La durée et l’ampleur de la crise depuis 2008 affectent fortement le système des retraites et rendent plus exigeantes les conditions du retour à l’équilibre.
En d’autres termes, la crise économique est la cause du problème qui touche aujourd’hui les retraites. Mais n’attendez tout de même pas que notre gouvernement s’y attaque ! Non, il se contente d’adapter notre société aux conséquences dévastatrices de la crise. Et bien, nous vous livrons notre prévision économique, qui va sans doute beaucoup vous surprendre... Cette réforme des retraites, en réduisant encore plus le pouvoir d’achat des seniors, ne fera qu’empirer cette fameuse crise !
Dans une situation où les plus de 50 ans peinent à trouver du travail, où le chômage ne cesse de gagner du terrain, il est ridicule et vain de prétendre régler le problème des retraites sans créer massivement de nouveaux emplois qualifiés. Car comment une population d’actifs de moins en moins nombreuse et de moins en moins bien rémunérée peut-elle soutenir nos retraités ?
Offrir des conditions de vie digne aux personnes âgées passe donc par le retour à une société de plein emploi. Pour cela, pas de magie ! Il faut reprendre les rennes du système financier, et réorienter le crédit vers le travail et l’économie productive. [2]
À long terme, les effets directs de la crise économique sur les ressources du système de retraite ne seront pas atténués mais la crise, en pesant négativement sur les pensions futures des générations touchées, aura pour conséquence de ralentir l’effet de noria [3] sur la croissance de la pension moyenne des retraités, tant que toutes les générations touchées par la crise ne seront pas parties à la retraite.
A tous ceux qui entrent aujourd’hui dans la vie active, à tous ceux qui y sont déjà et à ceux qui la quitteront bientôt, votre gouvernement vous le dit, votre avenir ne sera pas rose ! Heureuse prévision de dirigeants politiques, n’est-ce-pas ? Prévisions surtout de dirigeants politiques qui ont un rapport passif à leur environnement économique, qui ne voient la crise que comme un événement conjoncturel sur lequel ils ne peuvent pas intervenir. Prouvons-leur le contraire !
Cheminade : remettre le débat sur les rails de la justice sociale
Extrait du programme présidentiel de Jacques Cheminade sur les retraites (version « en bref », la version complète est disponible ici)
Le débat sur les retraites doit être redéfini. Le problème majeur n’est pas entre nombre de retraités et nombre d’actifs. Il faut prendre en compte le fait que les retraités consomment, épargnent et transfèrent du pouvoir d’achat vers leurs enfants et petits-enfants (ils ne sont donc pas « inactifs économiquement ») et qu’une économie dynamique, favorisant les découvertes et les innovations technologiques, permet d’améliorer la capacité des actifs à soutenir les retraités. Aujourd’hui, le problème est celui de la nature du travail dans une société en voie de désindustrialisation. Les emplois de service, peu qualifiés et faiblement rémunérés, sont devenus la norme, sans créer suffisamment de richesse physique réelle pour assurer l’avenir des générations futures et une vie digne à ceux qui ont travaillé. C’est de démarche politique, économique et sociale qu’il faut donc changer.
Mes propositions
- Agir sur la qualité du travail humain et rééquilibrer la répartition des richesses, en réorientant la société vers la recherche, l’équipement de l’homme et de la nature et les activités productives, afin que le travail retrouve son intérêt et redevienne vecteur de cohésion sociale et de dignité.
- Revaloriser immédiatement les retraites avec instauration d’un plancher minimum équivalant progressivement au SMIC
- Rétablir la revalorisation des retraites en fonction des salaires, et si ceux-ci baissent ou sont bloqués, en fonction d’un indice des prix
- Ne prendre en compte que le critère des 41,5 ans de cotisations. Les travailleurs « précoces » pourront donc partir à la retraite avant l’âge légal maintenu à 62 ans
- Rejeter définitivement le système de capitalisation des retraites
C’est une économie productive organisée et d’emploi qualifié qui permettra de servir des retraites dignes.
[1] Nos retraites demain : équilibre financier et justice, par Mme Yannick Moreau, présidente de la Commission pour l’avenir des retraites.
[3] Définition selon Alternatives économiques : au fil des générations les travailleurs acquièrent des droits supérieurs à leurs prédécesseurs.
# bcb
• 21/06/2013 - 20:52
Le Dr Moreau aurait mieux fait de rester sur son île au lieu d’élargir
son expérience à la France.
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# petite souris
• 20/06/2013 - 22:45
Que ne s’attaquent-ils pas aux retraites scandaleuses des parlementaires et des ministres (assimilés fonctionnaires puisque payés avec nos impôts ....) ?
Si leur solution est bonne qu’ils montrent l’exemple ........eux qui continuent à "travailler" au-delà de 70 ans !
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# Eric
• 20/06/2013 - 20:41
Le salaire à vie, que promeut intelligemment Bernard Friot dans l’émission de Taddéi, pourrait résoudre le problème des retraites :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=sIaDmbJ0fTU#!
Mais chez Solidarité et Progrès vous avez un pied dans le futur (les centrales nucléaires de quatrième génération, la conquête de l’espace) et un autre dans le passé (vous défendez le destructeur système monétaire et la République, ou plutôt la Ripouxblique).
Le salaire à vie, qui existerait depuis quelques années si la France était une Démocratie et non une République, est une étape vers l’abolition du système monétaire, car il permettra aux gens de réfléchir, de s’éduquer et de se cultiver, de sorte qu’ils finiraient par se rendre compte que l’argent n’est pas indispensable à la vie.
De plus en plus de gens refusent de travailler pour ces associations de malfaiteurs que sont les entreprises sous le système monétaire : elles sont toutes obnubilées par la recherche du profit (autrement dit du néant) et méprisent le service de l’intérêt général.
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