Parmi nos lecteurs, signataires de la pétition À Varsovie, ils préparent la guerre. Sortons de l’OTAN !, plusieurs ont pris la peine d’informer leurs députés et sénateurs de leur décision de signer cet appel.
Alors qu’en Belgique, un sénateur socialiste a signé un texte identique, à ce jour, en France, bien que plusieurs maires l’aient fait, aucun député ou sénateur n’a encore eu le courage de signer ce texte. En attendant ce sursaut, voici quelques réponses qui démontrent néanmoins un intérêt indéniable de leur part.
Demain, samedi 18 juin, journée de mobilisation anti-OTAN.
- Patrick Labaune, député LR de la Drôme :
Je viens de prendre connaissance de votre mail, sachez que je partage entièrement votre opinion. Étant foncièrement gaulliste, j’ai approuvé que le Général quitte l’OTAN. Bien cordialement, - Jean-Jacques Candelier, député PCF du Nord, vice-président de la commission de la défense nationale et des forces armées : L’humanité est en effet aujourd’hui menacée dans sa dignité et son existence. Elle doit disposer d’un droit fondamental : le droit à la survie, avec pour corollaire le droit des peuples à disposer de leur survie. Ce droit implique l’abolition des armes nucléaires, armes de destruction massive, de massacre, de crime contre l’humanité. Totalement inopérantes pour juguler le terrorisme, elles lui empruntent le même mépris pour la vie humaine en le multipliant. Elles menacent d’anéantir des millions de personnes, des populations entières, et l’humanité elle-même car une guerre nucléaire rendrait la terre invivable. Vous pouvez compter sur le député Candelier, pleinement mobilisé sur ce sujet et sur la sortie de l’OTAN qui n’est qu’un traité de vassalisation opérationnel, politique et matériel à l’impérialisme américain (voir résolution ici : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/propositions/pion2939.pdf )
- Christian Kert, député LR des Bouches du Rhône :
Comme vous devez le savoir , c’est lors de la précédente législature et sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy que la France a été de retour dans le commandement intégré de l’OTAN, organisme que nous n’avons d’ailleurs jamais quitté. L’OTAN est le système d’alliances militaires auquel la France adhère depuis la fin des années 50 et dans lequel elle entend prendre toute sa place. Cette appartenance ne nous a pas empêchés de déposer et de faire adopter une résolution pour la levée des sanctions contre la Russie. Cette résolution a d’ailleurs été votée contre l’avis du gouvernement le 28 avril dernier. Notre attachement à notre appartenance à l’OTAN n’exclut pas au contraire notre volonté de mettre en place au plus vite une véritable désescalade vis-à-vis de la Russie. C’est d’ailleurs ce que nous demandons au Président de la République de porter comme message auprès de nos partenaires de l’Alliance et de rester ainsi fidèle à l’indépendance de notre pays affichée par le général de Gaulle. - Pierre Lellouche, ancien ministre, député LR de Paris, Conseiller de Paris, délégué Général des Républicains aux affaires internationales :
Je vous remercie de votre courrier électronique dans lequel vous m’informez avoir signé un appel au Président de la République, lui demandant de renoncer à sa participation au sommet de l’OTAN de Varsovie des 8-9 juillet prochains. Je partage vos inquiétudes quant à la dégradation du climat dans les relations entre les États-Unis et la Russie d’une part, l’Europe et la Russie d’autre part. La position qui est la mienne et que j’ai exprimée clairement dans plusieurs de mes interventions à l’Assemblée nationale, comme dans mon parti, est que ni la France ni l’Europe n’ont besoin d’une nouvelle guerre froide, pas plus que d’une reprise de la course aux armements nucléaires avec la Russie, au moment où nous avons bien d’autres problèmes de sécurité en provenance du Sud... C’est d’ailleurs pour cette raison que, à l’occasion de l’examen, en séance publique le 28 avril dernier, de la Résolution introduite par le Groupe Les Républicains au titre de l’article 34-1 de la Constitution, invitant le Gouvernement à ne pas renouveler les mesures restrictives et les sanctions économiques imposées par l’Union Européenne à la Fédération de Russie, j’ai pris au nom de mon groupe clairement position en faveur de la levée des sanctions. Cette Résolution a d’ailleurs été votée, contre l’avis du Gouvernement socialiste, et a infligé un camouflet cinglant à la diplomatie conduite actuellement par le Président de la République François Hollande qui, sur ce terrain, comme en Syrie-Irak ou au Sahel, se contente de coller excessivement aux oscillations souvent erratiques de la politique américaine. - Nicolas Dupont-Aignan, député DLF des Yvelines : Je n’ai jamais caché mon opposition au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, organisation qui est en fait le bras armé de la politique étrangère des Etats-Unis. A ce titre, j’ai vivement protesté contre l’alignement de notre diplomatie sur Washington dans l’affaire de l’Ukraine car je considère que la France n’a rien à gagner à s’éloigner de la Russie, pays avec lequel nous avons une longue tradition d’amitié. Sur le fond, il est permis de se demander si l’OTAN a encore un sens aujourd’hui hors du contexte de la guerre froide. Notre ennemi est l’État Islamique et nous devons coopérer avec la Russie pour combattre cette barbarie. Aussi est-il temps de mettre un terme à notre politique de soumission aux États-Unis, qui n’ont jamais fait preuve de perspicacité concernant le Proche et le Moyen Orient !
- Gaëtan Gorce, sénateur PS de la Nièvre, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées :
Vous avez souhaité me faire part de vos inquiétudes quant aux risques de tension internationale liés au prochain sommet de l’OTAN. Comme vous le savez peut-être j’ai co-rédigé l’an passé avec deux autres collègues du Sénat un rapport consacré aux relations entre l’Union européenne et la Russie. J’étais alors parvenu à la conclusion que, si la Russie portait à l’UE de grande responsabilité dans la dégradation de la situation à l’est de l’Europe, ce grand État devait être considéré comme un partenaire potentiel et certainement pas comme un ennemi. L’équilibre et la sécurité de notre Continent en sont l’enjeu. Il ne saurait du coup être question de cautionner une éventuelle stratégie de tension. Je ne doute pas que la France restera fidèle à cette option lors du prochain sommet de l’OTAN. - Richard Yung, sénateur PS représentant les Français établis hors de France, vice-président de la commission des affaires européennes :
La France, vous le savez, poursuit depuis des dizaines d’années une politique de défense indépendante, appuyée sur une force de dissuasion nucléaire nationale et un potentiel d’armes conventionnelles moderne et diversifié, en sorte de faire face à la plus grande variété de menaces extérieures. En même temps, notre pays fait partie de l’Alliance Atlantique depuis sa création en 1949 et s’y trouve aux côtés de la quasi-totalité de nos partenaires de l’Union Européenne. Ajoutons que tous les pays de l’espace européen, y compris ceux qui se déclarent militairement neutres comme la Suisse, l’Autriche, la Finlande ou encore la Serbie, participent au Partenariat pour la Paix, organisation « sœur » de l’OTAN qui assure à ses membres de participer à la standardisation d’armements et aux exercices militaires de manière à être en mesure de coopérer volontairement en cas d’engagement armé partagé. L’OTAN permet à la France de disposer d’un cadre de coopération militaire adapté à de multiples situations de crise et de participer à des actions servant nos intérêts de sécurité et notre politique internationale, et cela lorsque nous le choisissons librement. Il faut souligner en effet que, à la différence de l’Union Européenne, il n’y a aucune délégation de souveraineté des États membres à l’OTAN. Les décisions s’y prennent à l’unanimité et un État membre reste à tout moment libre de participer ou non à un programme d’investissement en armement ou à une opération armée. La seule obligation résultant du traité fondateur est celle de l’entraide mutuelle en cas d’agression armée contre un des membres de l’alliance ; et, même dans ce cas, chaque État est libre du niveau de soutien qu’il apporterait à l’allié attaqué. L’appartenance à l’OTAN n’entraîne donc pas, pour notre pays, d’abandon de sa liberté de décision en matière de politique internationale ou de défense. Elle nous permet au contraire d’exercer une influence politique auprès de nos alliés en faveur d’engagements partagés des européens, qui pourraient à terme réduire la disproportion de forces militaires entre les États-Unis et les Européens. L’idée que cette alliance « aurait perdu sa raison d’être » n’est partagée par aucune des démocraties européennes qui y participent, et les facteurs de crise qui entourent notre continent, dont certaines actions offensives dont la Russie a pris l’initiative ces dernières années, ne conduisent pas à cette conclusion. Il n’y a pas non plus d’interférence entre le rôle de l’OTAN en matière nucléaire (qui se borne à un engagement des États-Unis de protéger les membres non nucléaires de l’alliance) et la dissuasion française, qui est toujours restée entièrement indépendante. Tels sont les motifs pour lesquels je ne suis pas favorable à un refus de participation à cette alliance, qui nous priverait de moyens d’action sans rien ajouter à notre indépendance de décision. - François Scellier, député LR du Val d’Oise, membre de la commission des affaires étrangères :
Réponse brève que vous voudrez bien excuser : 1) la France au plan international doit garder une liberté totale sur ses choix ; 2) vis à vis de la Russie elle doit préserver le dialogue tout en exprimant si nécessaire ses positions qui bien sûr peuvent être différentes et même en opposition avec celles de ce grand pays d’Europe ; 3) quant à l’OTAN , je considère qu’il n’y a pas lieu de quitter cette organisation au sein de laquelle il est toujours possible de manifester ses différences et son non-alignement. - Gilbert Lebris, député PS du Finistère, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées :
Message transmis (par inadvertance) par son cabinet : « Tu lui réponds que je suis contre cette démarche ! Glb »
# Patrick Fournier
• 19/06/2016 - 01:07
Il aura tout de même fallu près de 3000 caractères au sénateur PS Richard Yung pour expliquer que la Russie est toujours remplies de méchants russes et l’OTAN de gentils atlantistes. C’est d’un simplisme affligeant.
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