En hiver 2008, quand la société sud-coréenne Daewoo signait un contrat pour la « location » de 1,3 millions d’hectares de terres agricoles à Madagascar en échange de la construction de quelques infrastructures, le monde découvrait une nouvelle pratique financière terrifiante : l’accaparement des terres (en anglais land grabbing).
Un article publié le 21 mai par l’hebdomadaire des financiers de la City de Londres, The Economist, intitulé « La troisième vague des délocalisations : l’achat des terres agricoles » pose innocemment la question : « Les pays riches importateurs de nourriture mettent la main sur de vastes territoires agricoles des pays pauvres. Investissement bénéfique ou néo-colonialisme ? ».
En tout cas, il ne s’agit nullement de terres sauvages mais de terres fertiles souvent disposant d’eau et proche des marchés. « La terre — et l’eau qui va avec – s’impose désormais aux côtés du pétrole comme un instrument de puissance et de sécurité économique », écrit Les Echos.
Les pénuries d’eau ont fourni un motif non-avoués derrière plusieurs accords pour des terres. Peter Brabeck-Lemathe, le PDG de Nestlé estime que « Il ne s’agit pas d’acheter de la terre, mais de posséder de l’eau. Car avec la terre vient le droit d’extraire l’eau qui s’y trouve, un cadeau qui s’avère dans la plupart des pays la partie la plus profitable de l’acquisition ». Pour lui, il s’agit de la grande water grab (accaparement des sources en eau).
Le quotidien économique Les Echos estime qu’il s’agit d’un phénomène massif et global. D’après l’ONG espagnole Grain, entre cinq et dix de ces contrats sont signés chaque jour. Pour la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’IIED de Londres (International Institute for Environment and Development), il ne s’agit que du « sommet de l’iceberg ».
« On estime ainsi à 10 millions d’hectares les terres cédées en 2008 et, selon l’International Land Coalition, qui regroupe ONG et agences intergouvernementales, 30 millions d’hectares auraient fait l’objet de négociations au premier semestre 2009, soit l’équivalent de la surface cultivable de la France », écrit le journal.
Parmi ceux qui achètent on retrouve plusieurs pays ayant un intérêt légitime à nourrir une partie de leur population croissante dont la Chine, l’Inde, la Malaisie, la Corée du sud ou encore le Japon. Plusieurs d’entre eux dépendent à plus de 60% d’importations de denrées alimentaires. L’unité de base des contrats est passée à la centaine de milliers d’hectares. Rien qu’au Soudan, la Corée du sud a signé des accords pour 690000 ha et les Emirats arabes unis pour 400000 ha. L’Egypte a signé des accords similaires pour fournir du blé. Un responsable soudanais affirme que son pays, traditionnellement considéré comme le grenier à blé du monde arabe, réserve en gros un cinquième de ses terres arables pour l’étranger.
« Le privé n’est pas en reste. Le secteur alimentaire offre des perspectives insoupçonnées et l’évolution du climat, l’écologie, la crise de l’énergie et les crédits carbone ont mis à la mode les biocarburants, qui exigent de nouveaux et vastes espaces cultivables pour remplacer le pétrole. Les taux de rendement annuels sont élevés (+400% en Afrique…) et la spéculation bat son plein », admet Les Echos.
Sur ce créneau on trouve les grands acteurs traditionnels de l’agroalimentaire tels que le suédois Blach Earth Farming, le russe Alpcot-Agro ou encore le Britannique Lonrho en Angola. La firme sud-africaine Agri SA cultive 10000 ha de biocarburants en République démocratique du Congo. Les poids lourds de la finance ne ratent pas l’occasion d’investir dans ce qu’ils considèrent comme des valeurs refuge. La société new-yorkaise Black Rock Inc vient de créer un énorme fonds spéculatif agricole. Morgan Stanley et Renaissance Capital sont en Ukraine et au Brésil tandis que Deutsche Bank et Goldman Sachs ont investi dans l’élevage… en Chine.
Article :
La crise alimentaire mondiale accélère les "délocalisations agricoles"
# yann
• 20/10/2009 - 07:54
La question est : pourquoi ?
Faire de la nourriture une denrée suffisamment chère pour que ceux qui vivent dans le NOM puissent vivre et ceux qui sont hors du NOM crèvent ?
Transformer la terre en une planète inhabitable sauf par ceux qui ont le droit d’y vivre.
A cela je dis NON, NON, et encore NON !
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# la truie qui file
• 20/10/2009 - 07:45
C’est encore ici les méfaits de l’ultra capitalisme que l’on retrouve et ce que cet article ne mentionne pas c’est les méthodes agricoles utilisées :
Agriculture intensive , utilisation outrancière de pesticides , engrais , chimères génétiques (OGM).
La conséquence est la destruction à terme des terre cultivées de cette manière et la disparition des eco-systemes voisins , disparition des especes ...pollution des eaux.
Et l’enjeu de cet accaparement n’est pas de nourrir des humains mais le systeme de profits honteux, des multinationales avec qui plus est une alimentation malsaine meme pour ceux qui benéficient de ce vol de ressources.
Il reste à considérer que cet accaparement commence dans les pays occidentaux avec la politique agricole reliée aux meme intérets mercantiles et qui continue à concentrer la possession des terres en exploitations de plus en plus grandes sous controle des memes lobbies (et elles sont de plus en plus destructrices donc les terres deviennent peu à peu des déserts !)
Et il ne n’agit pas dans ce post de faire de l’ecolo-tartufferies en culpabilisant le plus grand nombre mais de faire prendre conscience qu’il existe des alternatives durables en la matière.
Le veritable enjeu devrait concerner la revalorisation des déserts autant que la pérénisation d’une agriculture respectueuse autant des humains que des systemes sous jacents qui lui permettent une vie decente et ceci pour tous !
Le combat commence donc ici meme si tous ceux doivent egalement faire l’effort d’offrir cette meme prise de conscience à des populations qui ont eté ruinés par des siecles d’obscurantisme econo-politico-scientistes.
Il y a tout un programme à developper autant dans le domaine politique que dans celui de la connaissance à la faveur d’une nouvelle education non basée sur le rendement mais sur la qualité .
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