Dans un mouvement de panique, le président Barack Obama a convoqué lundi le 19 août le directeur de la Réserve fédérale Ben Bernanke, le secrétaire au Trésor Jack Lew et d’autres responsables de la régulation des marchés à une session à huis clos à la Maison Blanche. Alors qu’une série de bulles financières menacent d’éclater dans les semaines qui viennent, il s’agissait de leur communiquer l’impérative nécessité de compléter les dizaines milliers de pages d’application de la Loi Dodd-Franck.
Cette vaste usine-à-gaz avait été votée au Congrès il y a trois ans à l’initiative de l’administration Obama pour noyer le débat sur la nécessité d’une scission stricte entre banques commerciales et banques d’investissement (Glass-Steagall), et a servi de modèle en France pour la rédaction de la loi Moscovici votée le 18 juillet dernier.
Les deux lois établissent une séparation factice entre les activités bancaires en les « filialisant » sous le même toit et définissent les mécanismes de renflouement interne (bail-in) des banques, une technique permettant notamment de confisquer les dépôts des clients pour sauver ou liquider une institution en difficulté.
Le secrétaire au Trésor Lew a résumé ainsi la situation :
Si nous ne pouvons pas, d’ici la fin de cette année, regarder les gens droit dans les yeux [’’with an honest straight face’’, on dirait du Cahuzac, ndlr] et dire que nous avons mis un terme au ’’trop grosses pour sombrer’’, nous devrons nous tourner vers d’autres options car l’intention de la Loi Dodd-Frank et la politique de cette administration est de mettre fin au ’’trop grosses pour sombrer’’.
Il est évident que ce que Lew et ses acolytes ont à l’esprit est le fait que s’ils n’arrivent pas à imposer un « tout sauf Glass-Steagall » le moindrement crédible, la dynamique en faveur d’une scission nette des banques sera trop puissante pour être arrêtée.
Le New York Times faisait remarquer la même chose :
Certains législateurs se sont inquiétés de ne pas voir les régulateurs bouger assez rapidement. La sénatrice Elizabeth Warren, une démocrate du Massachusetts, et plusieurs autres sénateurs ont proposé de nouvelles lois pour rétablir un coupe-feu entre les banques et les firmes d’investissement, comme la Loi Glass-Steagall votée au cours de la grande dépression.
D’autres sources à Washington confirment que Glass-Steagall était bel et bien au centre du débat à huis clos convoqué par Obama le 19 août.
Nous avons bon espoir que le sujet le plus brûlant de notre époque, celui de la séparation stricte entre banques traversera bientôt l’Atlantique et viendra hanter les couloirs de l’Assemblée nationale et du Sénat français.
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