Tant que ce crime d’état ne sera pas résolu, la France ne pourra retrouver son idéal
Audio de l’ensemble de la conférence de presse à la fin de cet article
Nouveau coup de tonnerre dans l’affaire Boulin, le 1er février dernier. Au cours d’une conférence de presse chez son avocat Maître Morice, Fabienne Boulin Burgeat a lancé une nouvelle offensive pour obtenir la réouverture du dossier sur les circonstances de la mort de son père, Robert Boulin, ministre en exercice de Valéry Giscard d’Estaing, trouvé mort le 30 octobre 1979 à l’étang rompu de la forêt de Rambouillet. Aux côtés de Mme Boulin, l’ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel, ami de Robert Boulin, ainsi que M. Fonfrède, militant gaulliste qui avait assisté Robert Boulin dans ses campagnes électorales à Libourne. Parmi les journalistes, une collaboratrice de Jacques Cheminade…
Coup de tonnerre car, après 33 ans de combat, c’est la première fois que la fille de Robert Boulin avance avec un certain soutien politique, des socialistes de surcroit. Le jour même Fabienne Boulin avait demandé à être reçue par la Garde de Sceaux, Christiane Taubira. Le procureur général de la Cour d’appel de Paris ayant éconduit « de façon extrêmement négative », la demande de réouverture du cas en juin 2010, suivant en cela la décision de la Garde de Sceaux de l’époque, Michèle Alliot-Marie, il ne reste aux plaignants que la possibilité de saisir directement l’actuelle Garde de Sceaux. Une procédure entamée auprès de la Cour européenne des droits de l’homme devrait aussi rendre son verdict en 2013.
Dans ses propos introductifs, Me Morice a évoqué de « nombreux » soutiens qu’elle a reçus l’encourageant à tenter de nouveau sa chance « y compris avec des moyens politiques » : « le président de la Commission des lois a saisi le Premier ministre afin que ce dossier puisse être rouvert » a-t-il dit. De jeunes politiques, et de jeunes parlementaires demandent désormais qu’il y ait une nouvelle instruction, a déclaré Fabienne Boulin. M. Fonfrède confirma de son côté que la veille « le député du Libourne, avait déposé une lettre cosignée par le Président du groupe Socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno Leroux, à l’intention du Premier ministre, afin de rouvrir le dossier. Il mentionna également le maire de Libourne ».
Coup de tonnerre aussi en raison des révélations de plus en plus importantes sur ce que Me Morice, qui n’a pas l’habitude de mâcher ses mots, a décrit comme le cas d’un « ministre de la République (…) assassiné dans des circonstances qui ont été maquillées et cachées avec un fonctionnement de la justice qui a été indigne (…) d’une République comme la notre ».
La conférence de presse avait été précédée la veille par la diffusion par d’un téléfilm, Crime d’Etat, suivi d’un débat. Réalisé par Pierre Aknine, Crime d’Etat présente de façon romancée la thèse de la famille, thèse qui a été amplement corroborée par d’excellentes enquêtes menées par quelques journalistes courageux, notamment Benoit Collombat. Gaulliste exemplaire et résistant, M. Boulin a pu faire les frais d’une violente lutte pour le pouvoir qu’opposait trois hommes qui n’avaient plus rien à voir avec ces hauts idéaux de la République : Chirac, Giscard et Mitterrand.
Au niveau de témoignages quelques percées ont été annoncées lors de la conférence de presse. M. Charbonnel, qui a toujours dit être en possession de deux noms qui pourraient être ceux des responsables de l’assassinat — qu’il serait prêt à livrer à un juge d’instruction dans le cadre d’une réouverture de l’enquête, a été un pas plus loin. Dans la crainte d’emporter ces noms avec lui en raison de son grand âge, M. Charbonnel a déclaré qu’il serait prêt à révéler les noms à la Garde de Sceaux.
Idem pour M. Fonfrède, ce fidèle de Robert Boulin qui peu de temps après la mort de Robert Boulin, reçu l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques de l’époque, de détruire ses archives de 15 ans de passage dans les ministères ! « Nous avons été détruire tous ces dossiers dans une usine de carton, a une vingtaine de km de Libourne. J’étais chargé de veiller à ce que personne ne regarde ces dossiers. Ils ont été transférés dans un broyeur, ensuite passés dans une cuve et ainsi transformés en pâte à papier. » Premier à donner une interview sur le sujet en 2003 à Benoit Collombat de France Inter, M. Fonfrède fut passé à tabac chez lui, ce qui lui a valu plusieurs jours de coma et un mois à l’hôpital.
Face à des journalistes qui pressaient les témoins à lâcher leurs secrets, Me Morice rappela les propos de Jean Charbonnel sur France3, que « La poésie peut être plus vraie que l’histoire », une incitation à s’intéresser aux pistes indiquées dans Crime d’Etat. Des personnages politiques encore vivants, pourraient être entendus et seraient susceptibles d’être mis en cause dans cette affaire, a conclu Me Morice.
Cliquez ici pour écouter toute la conférence de presse :
# Robert
• 07/02/2013 - 14:52
La justice en France ne peux se récupérer qu’à condition d’éclaircir ces affaires d’État qui ont orienté si longtemps la politique de notre beau pays.
Mme Taubira, ouvrons ré-ouvrons ce dossier...
Pour voir le téléfilm dont il est question, il reste ce lien :
http://www.youwatch.org/embed-jw2foqfez91y-800x460.html
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# Eric
• 06/02/2013 - 20:46
Si la France avait été une démocratie dans les années 70 et non un gouvernement faussement représentatif, Robert Boulin n’aurait jamais été assassiné car en démocratie il n’y a pas de partis politiques, autrement dit pas de sbires qui assassinent les ennemis politiques de leurs commanditaires. Je rappelle que le sens étymologique du mot "démocratie" est "souveraineté du peuple" et non "souveraineté des membres des partis politiques".
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