Dans une interview au Washington Post sur la campagne internationale de vaccination, menée par sa Fondation pour l’éradication de la Polio, le milliardaire américain Bill Gates réaffirme sa croyance dans un monde de ressources limitées, un paradigme promu activement par l’oligarchie financière et la Couronne britannique à l’échelle de toute la planète depuis la fin des années 60 :
Oui, quelqu’un dans cette société doit se confronter au fait que les ressources sont limitées et que nous faisons des choix, et il faut être explicite sur ceci.
Aux Etats-Unis, notre plus grande cause [pour la Fondation Bill Gates] est l’éducation, et si nous regardons les budgets des Etats, ils déplacent de l’argent de l’éducation vers la santé. Ils doivent le faire car les coûts sont en train d’exploser.
Malheureusement, dans le secteur de la santé des pays riches, l’innovation est à la fois votre amie et votre ennemie. L’innovation est l’invention du remplacement d’organes, d’articulations. Nous inventons des manières de faire de nouvelles choses qui coûtent 300 000 dollars et mènent les gens dans leur 70 ans et qui, en moyenne, leur donnent disons deux ou trois années de vie en plus. Alors il faut dire, étant donné les ressources finies, devrions-nous licencier deux ou trois professeurs pour faire cette opération ?
Bien que les efforts de sa fondation dans la vaccination des populations les plus appauvries contre des maladies infectieuses dévastatrices méritent d’être applaudis, il est plus que jamais nécessaire d’éradiquer cette croyance malthusienne en un monde de ressources limitées qui infecte nos sociétés (toutes classes confondues) depuis plusieurs décennies maintenant.
Pour y arriver, rappelons quelques principes :
- Tout d’abord, toutes les ressources et les réserves de ressources disponibles sur cette planète (et à terme dans l’espace) sont définies par nos capacités de les exploiter. Elle doivent donc sans cesse être réévalués à la hausse chaque fois qu’une découverte scientifique et technique fondamentale est accomplie par l’esprit humain.
- Dans un système dominé par la spéculation financière, il est clair que la tendance à donner une valeur comptable (coût/bénéfice) à tout ce qui existe, allant de la vie humaine jusqu’aux organes, en passant par la connaissance et autres valeurs non matérielles, finit par s’imposer et dominer.
- Dans un système monétaire où l’émission d’argent est contrôlée à la source par une oligarchie financière, les Etats ne disposent pas des moyens financiers leur permettant d’assurer les investissements nécessaires au développement et au bien être des populations sur le moyen et le long terme, tant dans les infrastructures énergétiques et de transport que dans l’éducation et la santé. L’activité économique privée se voit quant à elle soumise à la dictature de la rentabilité maximale et immédiate, et les flux d’argent accourent là où ça rapporte le plus.
- Dans ce contexte, même la santé devient l’objet des spéculations les plus veules, allant de la greffe d’organes trafiqués à la soumission de populations entières à des régimes de médicaments ruineux et futiles, en passant par la surfacturation chronique par des compagnies d’assurance et des professionnels de la santé sans scrupules. Ces maux sont les grands responsables de l’explosion des coûts de la santé aux Etats-Unis, mais Bill Gates préfère les ignorer.
Tout ceci démontre la nécessité d’un nouveau paradigme économique, culturel et social, fondé sur l’instauration d’une véritable société humaniste, qui fera en sorte que non seulement les campagnes de vaccination soient accessibles pour les plus pauvres mais également que les soins, l’éducation et les conditions matérielles les plus avancées deviendront une réalité pour tous d’ici une ou deux générations.
Il va sans dire que tout ceci ne peut être accompli sans une séparation des activités bancaires selon le modèle de la loi Glass-Steagall qu’a fait voter Franklin Roosevelt aux Etats-Unis en 1933. C’est ce que devrait immédiatement soutenir Bill Gates s’il désire nous convaincre de l’honnêteté de sa démarche. Car il s’agit ici de vacciner (à très bas coût) le système financier mondial et éradiquer une épidémie de spéculation aussi mortifère que certaines des pires maladies.
# petite souris
• 29/05/2013 - 23:01
Puis qu’il sait, il donnera l’exemple ....
.... dans 13 ans Bill aura 70 ans, s’il est malade, il devra ne pas se faire soigner !!!
Attendons donc qu’il change d’avis !
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