200 000 épargnants de Bankia, une banque espagnole formée en décembre 2010 dans le cadre de la restructuration de 7 caisses d’épargne régionales plombées par la crise immobilière, ont été spoliés de leur épargne le 28 mai dernier lorsque le cours des actions « préférentielles » qu’on leur avait frauduleusement refilées en juillet 2011 s’est effondré de près de 60 % dès la première journée de transaction.
Un an plus tôt, le 11 mai 2012, les autorités espagnoles avaient déjà, sur ordre de la Troïka (UE-BCE-FMI), imposé une coupe de 38 % dans la valeur de ces actions et suspendu leur cours sur les marchés pour une durée d’un an, soit entre mai 2012 et mai 2013. Lorsque les transactions ont repris le 21 mai dernier pour les investisseurs institutionnels, ceux-ci ont pu vendre leurs actions au cours de 1,35 euro promis par les autorités, avant que le prix ne s’effondre à 0,57 euros une semaine plus tard, le 28 mai, jour de reprise des transactions pour les détenteurs individuels. Ainsi, les épargnants, qui détenaient le matin du 28 mai quelque 5 milliards d’euros sur un total de 6,85 milliards ont assisté, impuissants, au vol de 3 milliards d’euros de leur épargne (60 % du montant de mai 2012). Comparé au prix d’introduction de juillet 2011 toutefois, qui était de 3,68 euros, le montant total de l’épargne spoliée représente quelque 11,5 milliards d’euros, soit 57 500 euros en moyenne par personne !
Et ceci ne prend pas en compte les pertes subies par un autre million d’épargnants d’autres banques en faillite, qui se sont également laissé convaincre par leur gouvernement et la Troïka de transformer une partie de leur épargne en actions. On s’étonne aujourd’hui d’apprendre qu’un officier de police espagnol est sorti de ses gonds la semaine dernière et a poignardé à quatre reprises l’employé de banque qui lui avait vendu ses actions…
Quoiqu’il en soit, l’Association pour la défense des clients des banques, des caisses d’épargne et compagnies d’assurance ADICAE, qui a intenté des poursuites multiples au bénéfice des épargnants détenteurs de ces actions « préférentielles » [1] a dénoncé ce « double vol et escroquerie » et qualifié l’opération de « stratégie préméditée pour cacher une partie des pertes » et « d’escroquerie pyramidale à l’échelle de tout le système bancaire espagnol ».
Il est désormais clair, à la lumière des révélations récentes sur la mise en place d’un régime de « résolution bancaire » en Europe et aux Etats-Unis, que l’opération espagnole est un ballon d’essai pour des procédures de bail-in faisant appel aux épargnants, et ce sans prise en compte du plafond de garantie de 100 000 euros. La politique des autorités est d’éponger les dettes spéculatives des banques, et ce pendant qu’on continue à cautionner des opérations de marchés de plus en plus déjantées.
C’est ce qui a amené la député italienne au Parlement européen Cristiana Muscardini à soumettre une question à la Commission européenne le 5 juin, où elle demande si la « Commission peut imaginer ce que ressentent les épargnants espagnols [déjà très lourdement frappés par le chômage, ndlr] en voyant des milliards d’euros de leur épargne s’envoler en fumée en une seule journée ? »
Soulignons également, un point que soulève de manière un peu différente Muscardini, que ceci est une conséquence directe de la politique de bail-in en préparation, sous une forme ou une autre, pour toute l’Europe, puisque dans le cas des banques espagnoles, la troïka les a obligées à convertir, sous le prétexte d’accroître leur capital afin de donner l’impression qu’elles pourraient passer les « stress tests » imaginés pour calmer la population, une partie des dépôts qui leur avait été confiés en actions, en mentant bien entendu aux épargnants. Il ne restait plus ensuite qu’à faire boire la tasse aux actionnaires, puisqu’il s’agit, au final, ou plutôt avant tout le reste, d’honorer les contrats dérivés des banques (et de tous les bonus et émoluments qui leurs sont rattachés) qui ont été les partenaires de jeu de toutes ces institutions financières sur le point de rendre l’âme.
[1] Dont une grande partie a entre temps été convertie de force en actions ordinaires, qui donnent droit à des dividendes moins élevés mais en contrepartie au droit de vote.
# petite souris
• 16/06/2013 - 10:27
.... et not’président ose dire au Japonchine que la crise est terminée en europe !
Il ne doit pas avoir ni de ministres ni de conseillers qui lisent ou comprennent l’espagnol !!!!
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