Les élections fédérales du 25 mai, en Belgique, pourraient sonner le glas de l’unité du pays. Alors que le scénario de son démantèlement est promu depuis de nombreuses années par The Economist, ce cauchemar pourrait bientôt devenir réalité. A ce jour, tous les sondages indiquent que le gagnant des élections sera le parti séparatiste flamand, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), qui avait déjà obtenu 28,4 % en 2010 et qui pourrait obtenir entre 30 et 38 % en mai.
Signe de ce raz-de-marée qui s’annonce, la présence ce week-end de plus de 5000 personnes au congrès de la N-VA à Anvers. Aucun autre parti n’aurait pu rassembler autant de monde, ni les garder assis pendant de longues heures sur des chaises aussi inconfortables pour voter des milliers de résolutions.
Officiellement la N-VA devait expliquer aux électeurs ce que signifie sa proposition de faire de la Belgique un Etat confédéré. Pour les juristes, un authentique confédéralisme résulte d’un traité entre États souverains, ce qui suppose un éclatement préalable du pays. Ce qui voudrait dire morceler juridiquement la Belgique entre la Flandre au nord et la Wallonie au sud, et faire de Bruxelles une sorte de Washington DC, ou alors avoir une guerre civile pour l’annexer à l’une ou à l’autre.
Alors que les statuts du parti continuent de revendiquer « l’indépendance » de la Flandre, on préfère cultiver le flou. Siegfried Bracke, l’ex-journaliste vedette de la VRT devenu cadre du parti, reconnaît que « l’indépendance reste dans nos statuts, mais cela fait peur et nous voulons rassurer. Nous allons lancer une campagne pour dire aux gens ‘n’ayez pas peur’ ».
Sur le plan économique et social, le NV-A, qui a fait du Premier ministre socialiste, Elio di Rupo, sa tête de turc, revendique la fin de « l’Etat PS », c’est-à-dire de l’Etat providence basé sur la solidarité nationale et le vouloir vivre en commun.
Son programme combine les pires aspects des politiques de Blair et Schröder avec l’austérité mortifère de David Cameron : gel drastique des dépenses publiques, réforme de la Sécurité sociale, réduction à deux ans des allocations chômage (alors qu’elles sont attribuées à vie en Belgique), système de bonus-malus pour les retraites et, summum du libéralisme européen, baisse du coût du travail. « Nous devons suivre la voie qu’a montrée l’Allemagne et c’est un social-démocrate qui l’a engagée. Même Hollande, en France, a enfin vu la lumière », affirme Ben Weyts, le numéro deux du parti.
Le premier objectif de la NV-A, avertit l’économiste Koen Hostyn, c’est « la démolition du modèle social établi après la guerre et basé sur des accords interprofessionnels entre syndicats et patronat. La Belgique et les pays scandinaves sont les derniers en Europe à avoir ce système ».
Avec un tel programme, il n’est guère surprenant que la N-VA dispose d’un fort soutien de l’Union européenne (UE), des grandes banques et du patronat flamand (Voka, VEV, Vives, etc.). Tous rêvent de découpler les salaires et les retraites de l’index du coût de la vie, réduire les allocations chômage et s’attaquer de front à l’immigration. Pour pimenter le tout, la N-VA appelle cela une « République » et propose de laisser la royauté (trop chère) au bord du chemin.
Dans la section FAQ de son site web, à la question sur la fin de la Belgique, la N-VA répond qu’elle « ne veut mener aucune révolution et ne cherche pas de sécession. Cependant, nous désirons que la Belgique évolue afin de se doter de structures plus démocratiques et plus efficaces. Aussi entendons-nous procéder par étapes. Nous croyons en une évolution graduelle dans le cadre de laquelle un nombre croissant de compétences sont transférées à la Flandre et à l’Europe et où le niveau fédéral s’évapore progressivement. Notre but final est, en effet, une Flandre indépendante en tant qu’Etat membre européen, mais le chemin pour y parvenir est jalonné d’étapes et doit être parcouru dans le respect de la démocratie. »
En tant que cobaye de l’UE, cette Flandre « indépendante » ainsi créée ne sera rien de plus qu’une coquille vide, une satrapie gérant les affaires locales, les taxes, l’éducation, les affaires sociales tandis que sa monnaie, sa défense, sa politique étrangère et ses politiques migratoires et énergétiques seraient livrées aux mains d’une UE impériale. Pourquoi réduire la taille des nations ? Plus l’UE grandit, plus on peut aller vers le local, prétend la N-VA. « Il n’est pas nécessaire d’avoir de grands Etats multinationaux pour participer à la globalisation. C’est le paradoxe de ladite “glocalisation“. Les professeurs Alesina et Spolaore ont écrit sur ce sujet dans le livre The Size of Nations, qui démontre économiquement que les Etats existants et leurs frontières ne sont pas des entités fixes mais des paramètres adaptables. »
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- Le dirigeant du NV-A Bart de Wever salué par une poignée de soldats romains lors de son mariage en juillet 2009.
- Crédit : GVA
Le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers, l’historien Bart de Wever, est fasciné par l’Empire romain et par son ami, l’écrivain britannique et ancien psychiatre de prison, Théodore Dalrymple, qu’il considère comme son alter ego.
Dalrymple passe pour être le père du « conservatisme compatissant ». L’idée de départ est que depuis les années soixante, le « relativisme moral » a amené les progressistes à penser qu’il est bon d’aider la population. Selon Dalrymple, au contraire, couper les subventions de l’Etat pour les chômeurs et l’alimentation des plus pauvres est l’attitude qui exprime le plus « l’amour de son prochain », car elle pousse les plus démunis à mobiliser leurs propres ressources pour subvenir à leurs besoins. La députée NV-A Liesbeth Homans, qui dirige le Centre public d’action sociale (CPAS) d’Anvers, expérimente depuis un an cette approche sur le terrain. Remplaçant la solidarité par la charité, elle réduit l’aide sociale tout en donnant plus au caritatif, le tout présenté comme une « modernisation ». Transposant cette vision à l’échelle nationale, De Wever estime que couper les transferts financiers en faveur des Wallons serait la meilleure chose qui puisse leur arriver.
En harmonie avec ce nouveau régional-libéralisme mussolinien, l’invité vedette du congrès de la N-VA était le hollandais Frits Bolkestein, ancien commissaire de l’UE, célèbre pour sa dérégulation européenne des lois du travail et son parrainage aux Pays-Bas de Geert Wilders, dont on connaît les dérives. A Anvers, Bolkestein a attaqué l’euro, qu’il considère maintenant comme « une drogue qui permet aux pays méditerranéens de rêver au soleil sans régler leurs problèmes de compétitivité ». Mais il ne fut guère applaudi car la N-VA est bien consciente que la monnaie unique européenne (une devise et un marché) reste le levier indispensable pour arriver à ses fins.
L’électeur flamand, à moins d’être un passionné de pratiques sadomasochistes, devrait réfléchir par deux fois avant de se rendre aux urnes. La NV-A, comme on peut le constater en étudiant son programme, trompe son public. Loin d’une « indépendance » des Flandres, elle propose de lui ôter sa souveraineté, en la réduisant à une satrapie de l’Empire européen.
Martin Luther, à qui l’historien De Wever aime tant se comparer, loin d’être un persécuté, n’était qu’une « carte » jouée à l’époque par l’Empire habsbourgeois, tout comme De Wever aujourd’hui, n’est que le chef désigné d’un laboratoire européen conduisant une expérience nouvelle.
Pour conclure, soulignons que ce qui rend la NV-A vraiment incompatible avec notre pays, c’est que les valeurs qu’elle promeut sont aux antipodes de cet humanisme judéo-chrétien éclairé d’Erasme qui marqua la grandeur de nos contrées.
# petite souris
• 05/02/2014 - 21:50
La réalité dépasse la fiction ! une fois !
sont graves les mecs !
z’ont fumé quoi ?
z’ont bu quoi ?
à ce point là j’ai peur que ce ne soit inguérissable ..................
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