Si vous pensez que le G7, le G8 ou le G20 décident du sort de l’humanité, peut-être avez-vous oublié le G30 ? Il s’agit d’un institut de réflexion « privé, international, à but non lucratif et composé de hauts dignitaires des secteurs privés et publics, ainsi que du monde universitaire ». Son nom officiel ? Le Groupe consultatif sur les questions économiques et monétaires, S.A., une société anonyme donc réunissant la crème de la crème de l’oligarchie financière internationale opposée à Glass-Steagall.
Selon la propagande officielle, le G30 « cherche à favoriser une compréhension approfondie des questions économiques et financières internationales », à explorer les répercussions globales et peser « sur la structure actuelle et future du système financier global en mettant directement à la disposition des institutions privées et publiques des recommandations rapidement applicables ».
Ce groupe, basé à Washington, a été fondé en 1978 par le banquier britannique Geoffrey Bell (De la banque Schroder & Cie), à l’initiative de la Fondation Rockefeller qui a généreusement fourni les financements nécessaires. Aujourd’hui, le G30 est principalement financé par le FMI, la Banque mondiale et la Banque des règlements internationaux (BRI).
Une sélection soignée de responsables de grandes banques privées et centrales fait partie des heureux appelés, parmi lesquels on compte Jean-Claude Trichet, qui en est le directeur actuel, ou bien Jacob Frenkel, président de J.P. Morgan Chase International et agissant à titre de président du Conseil d’administration, ainsi que Paul Volcker, son président émérite.
Parmi les autres membres du G30 on trouve l’inévitable Mario Draghi de la BCE, Mark Carney (qui a pris hier ses nouvelles fonctions comme Gouverneur de la Banque d’Angleterre et dirigeant actuel du Conseil de stabilité financière (CSF) de la BRI, William Dudley de la Réserve fédérale de New-York et opposé viscéral à Glass-Steagall, l’ancien directeur du Trésor américain Larry Summers (celui qui a tué Glass-Steagall), Tim Geithner, Axel Weber, et Jacques de Larosière (BNP Paribas). Johannes Witteveen, Otto Pohl et le père de la bulle des subprime Alan Greenspan, ancien de JP Morgan, sont des anciens membres.
Le dernier rapport publié par le G30 ? La dette, l’argent et Méphistophélès : comment nous sortir de ce foutoir, de Adair Turner, grand patron de la Financial Service Autority, le gendarme de la bourse anglaise. Tout un programme.
Un ancien membre clé qui a mis en place plusieurs ponts (et tunnels !) entre la BRI, le FMI et la City de Londres est le banquier britannique Sir Andrew Crockett. Après avoir passé 17 ans au FMI à Washington, Crockett a été nommé directeur exécutif de la Banque d’Angleterre. Il a, à ce poste, « été impliqué de près dans l’élaboration de l’infrastructure de taux de changes européenne qui a débouché sur le Traité de Maastricht (1992) », selon sa notice nécrologique.
Crockett était le directeur général de la BRI de 1994 à 2003. C’est sous son mandat qu’a été créé le Forum de stabilité financière (FSF) qui est devenu, en 2009 lors du Sommet du G20 de Londres, le Conseil de stabilité financière (CSF) dont la direction fut confié à Mario Draghi devenu depuis lors président de la BCE.
C’est ce CSF, dirigé aujourd’hui par Mark Carney, le nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui a la charge de concevoir les contours de la future politique de résolution bancaire (bail-in et bail-out) et d’en diriger la mise en œuvre. [1]
La notice nécrologique de Crockett précise :
Son nom peut être associé tant à la direction du FMI que son mandat comme Gouverneur de la Banque d’Angleterre, mais les deux positions ne permettent pas de se faire une idée exacte de son influence. Sa nomination à chacun des deux postes peut avoir fait une différence au cours de la dernière décennie, étant donné sa connaissance des liens entre les déséquilibres financiers, l’économie réelle et les crises financières. Depuis 2003, l’année où il fut ennobli (par la Reine d’Angleterre), il était président de J.P. Morgan International, agissant à titre d’ambassadeur pour la banque et servant d’interprète entre secteurs privé et public. Ses capacités devinrent surtout appréciables lorsque la crise financière commença à s’imposer.
[1] Ce que prévoit la loi Moscovici, c’est qu’en cas où une grande banque française se retrouverait en difficulté (ce qui n’arrivera évidemment jamais), trois Français opéreront de concert avec le patron du CSF de la BRI : Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France ; Ramon Fernandez, directeur du Trésoir et Gérard Rameix, directeur de l’Autorité des marchés financiers.
# petite souris
• 04/07/2013 - 12:54
le G30 est principalement financé par le FMI, la Banque mondiale et la Banque des règlements internationaux (BRI).
Tout est dit !
En quelque sorte, des "privés" qui dirigent des institutions internationales qui existent pour que tous les peuples soient "traités" de la même façon ....
Ce qui devient le cas : austérité
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