Confirmant notre analyse sur la préférence des BRICS pour la diplomatie plutôt que le recours à la force, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a appelé, lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, les dirigeants du monde à reconnaître que « l’usage de la force est incapable d’éliminer les causes profondes des conflits ».
Comme nous le voyons avec les conflits en Palestine, en Syrie, en Irak, en Libye, au Sahel et en Ukraine, a-t-elle poursuivi, « avec chaque intervention militaire, nous n’avançons pas vers la paix mais nous assistons plutôt à une aggravation des conflits ».
Dans un entretien avec le quotidien russe pravda.ru.
Rousseff a pris la Libye comme « cas paradigmatique » de cette doctrine perverse :
Le concept de "responsabilité de protéger" (R2P) les civils a été employé par l’OTAN pour justifier une intervention militaire qui dépassait largement le mandat accordé par le Conseil de sécurité de l’ONU, afin de bombarder un pays, d’armer des milices et de promouvoir un changement de régime. Des groupes radicaux ont été armés, une chose qui a été bénéfique au terrorisme et non aux droits humains du peuple libyen qui s’est retrouvé victime d’un chaos inimaginable occasionnant des affrontements entre milices, incluant la torture, des rapts, des emprisonnements illégaux et des exécutions. (…) L’économie du pays s’est dégradée, de même que les conditions matérielles du peuple. La région a été déstabilisée par le trafic d’armes et l’activité des mercenaires vers le Sahel. Voyez comment le même phénomène est en train de se développer, à divers degrés, en Syrie et en Irak.
Face à cette doctrine « des grandes puissances » Rousseff a opposé la collaboration entre les pays membres des BRICS – Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud – « en tant que pôle de stabilisation de l’ordre mondial, complémentaire des structures anciennes » :
Ces structures, comme nous le voyons tous les jours, ne suffisent pas à contrer les menaces qui mettent à risque de vastes régions sinon la planète entière.
(...) Le fait que les BRICS soient composés de pays divers (…) n’est pas une faiblesse mais constitue le sens même du message qu’ils apportent au monde. (…) Malgré l’existence possible de différends, nous cherchons sans cesse à trouver un consensus à ces problèmes qui ne peuvent qu’être résolus ensemble. Penser différemment, en donnant toujours la priorité à une pensée binaire ou à l’affrontement, former des alliances de pays qui sont "semblables", c’est ignorer les leçons de l’histoire, surtout celles découlant des deux Guerres mondiales du siècle dernier.
Reflétant cet état d’esprit, la Présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner s’est fortement opposée à Barack Obama lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU du 24 septembre, en remettant en question l’efficacité des méthode américaines pour combattre les groupes terroristes tel que l’Etat islamique (EI) au Moyen-Orient.
Bien qu’elle ait voté en faveur de la résolution présentée par Obama, Kirchner a insisté sur le fait que la seule force militaire ne sera pas efficace. Au lieu de disparaître, ces groupes continuent à proliférer, émergeant sous des noms nouveaux, avec des méthodes de plus en plus violentes. La méthode prônée par les États-Unis ne marche pas, elle doit être révisée, a-t-elle conclu. Elle a également demandé que les pays disposant des capacités de renseignement conséquentes cherchent à déterminer qui finance les groupes comme l’État islamique et qui leur fournissent les armes et l’entraînement, qui achète leur pétrole, leur permettant ainsi d’accumuler d’énormes ressources financières.
Sur les changements constants d’alliances en Asie centrale, où les États-Unis et ses alliés occidentaux s’allient « aux combattants pour la liberté » un jour pour renverser un régime donné pour ensuite se voir obligés, dès qu’ils se retournent contre eux, de les combattre, Kirchner a tenu à affirmer qu’elle « partageait le point de vue exprimé par les ministres des Affaires étrangères russe et chinois lorsqu’ils disent : il n’y a pas de bons ou de mauvais terroristes ; ce sont tout simplement des terroristes. »
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