Dans son cahier Science & Techno, Le Monde du 26 janvier 2013 publie une tribune du chirurgien urologue Laurent Alexandre. Sous le titre « Allons-nous devenir débiles ? », ce dernier, visiblement ignare des débats scientifiques qui ont précédé la mise en œuvre de l’holocauste lors de la grande dépression des années 1930, appelle sans rougir à l’extension du « champ de l’eugénisme intellectuel » !
L’auteur, nous dira-t-on, ne fait que rebondir sur un article retentissant publié par le journal scientifique Cell. L’auteur de cet article y démontre que « nos capacités intellectuelles vont chuter dans le futur, du fait d’une accumulation de mutations défavorables dans les zones de notre ADN qui régulent notre organisation cérébrale ».
Ce bilan biologique négatif serait le résultat de deux tendances contradictoires : 1) celle, positive, du métissage permettant le mélange des variants génétiques ; 2) celle, négative, de l’accumulation des variants génétiques défavorables dans le génome humain.
Et c’est là que Laurent Alexandre regrette le bon vieux temps où, grâce à une mortalité infantile très élevée, « les mutations négatives étaient éliminées par la sélection naturelle : les génomes concernés ne se transmettaient pas, faute que leur propriétaire atteigne l’âge de la reproduction ».
Depuis, pour l’auteur, on assiste quasiment au déclin biologique de notre espèce, puisque « nous avons considérablement adouci les rigueurs de la sélection naturelle en nous organisant en société humaine solidaire », alors que « notre patrimoine génétique a vocation à se dégrader continûment sans sélection darwinienne ».
Pour réagir, à partir des bilans génomiques qu’on peut réaliser du fœtus grâce à une prise de sang de la mère, l’auteur propose d’étendre « le champ de l’eugénisme intellectuel que l’Etat promeut déjà avec le dépistage de la trisomie 21 (97 % des trisomiques dépistés sont avortés) ».
Puis, dès 2025, « les thérapies géniques nous permettront de corriger les mutations génétiques qui menacent notre fonctionnement cérébral. La fin de la sélection naturelle va nous pousser à pratiquer une ingénierie génétique de notre cerveau qui pourrait bouleverser notre avenir ».
Ainsi, on arrivera sans doute, grâce à ce scientisme que Le Monde prétend tant combattre, au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.
# Andy
• 04/02/2013 - 19:42
Pour un parti politique qui se veut progressiste vous me surprenez sur le coup.
Je ne vois absolument pas où est le problème à vouloir augmenter ses capacités humaine tant sur le niveau sanitaire qu’intellectuelle. L’homme est fait de défauts que la technologie que vous prônez pourtant tant sont capable de régler, pourquoi s’en priver ?
Les millions de personne qui naissent et naitront handicapé eux ne s’en priveront pas, bien au contraire...
# Jean-Gabriel Mahéo
• 04/02/2013 - 21:31
Bonjour,
J’ai lu l’article en question, qui est parfaitement effrayant.
Là où l’auteur piège le lecteur, c’est quand il appuie sa proposition en citant l’exemple du dépistage in-utero de la trisomie, qui mène aujourd’hui à la suppression du foetus dans la majorité des cas.
Mais son article ne parle pas du tout des cas de handicaps lourds dépistables in-utero, pour lesquels les avortements sont une solution aujourd’hui pratiqués. Son article développe une théorie de la sélection par l’eugénisme beaucoup plus générale, suivant des critères d’intelligence soi-disant inscrit dans les gènes. La différence de ce texte avec ceux des années 30 réside dans le fait qu’à l’époque, on employait le mot "race" à la place de celui de "gène".
Cette thèse de l’hérédité de l’intelligence a été depuis longtemps rejetée par l’expérience et la science.
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