Lors d’une conférence au Roosevelt Institute/Americans for Financial Reform à Washington, la sénatrice Elizabeth Warren, à l’origine de l’une des propositions de loi pour un nouveau Glass-Steagall (déposée le 12 juillet dernier au sénat), a secoué une audience endormie en insistant sur l’urgence immédiate de passer au vote, avant qu’il ne soit trop tard.
Le discours de Warren a été largement couvert par la chaîne parlementaire C-SPAN. La sénatrice a expliqué qu’on n’a plus de temps pour attendre l’entrée en vigueur des dispositions de la loi de réforme bancaire Dodd-Frank, devenue une véritable usine à gaz, car les risques d’explosion des marché financiers se multiplient. Le Congrès doit agir dès maintenant, en votant la nouvelle Loi Glass-Steagall pour le XXIe, siècle, actuellement en attente dans les deux chambres.
Warren a résumé la situation de la manière suivante :
Rassemblons les morceaux du puzzle :
Cela fait trois ans que Dodd-Frank a été votée, et les grosses banques sont plus grosses que jamais, le risque pour le système s’est accru, et les distorsions du marché se sont maintenues. (…)
En séparant les traditionnelles banques de dépôt des institutions financières à plus haut risque, la version de 1933 de la loi Glass-Steagall avait jeté les bases pour un demi-siècle de stabilité financière. Au cours de cette période, nous avons favorisé l’émergence d’une classe moyenne solide et prospère. Mais au cours des années 1980 et 1990, le Congrès et les régulateurs ont sacrifié les protections de Glass-Steagall, encourageant la croissance des mégabanques et une forte hausse du risque systémique. Ils ont complété leur œuvre en 1999 en adoptant la loi Gramm-Leach-Bliley, qui a complètement éliminé les protections de Glass-Steagall. (...)
La nouvelle loi Glass-Steagall attaquerait les banques trop grosses pour sombrer. Elle réduirait les faillites des grosses banques en faisant du métier bancaire un métier ennuyeux, protégeant les dépôts et conférant au système une stabilité à toute épreuve, y compris dans les temps difficiles. Elle réduirait les banques « trop grosses » [pour sombrer] en démantelant les mastodontes, afin que les grosses banques soient encore grandes mais pas trop grosses pour sombrer, ou pour être jugées ou condamnées. Les grandes banques auraient à nouveau des bilans compréhensibles, et avec ceci amènerait une plus grande discipline sur les marchés.
Bien sûr, les lobbyistes de Wall Street disent que le ciel va nous tomber sur la tête s’ils ne peuvent utiliser les dépôts pour financer leurs activités à haut risque. Mais ils disaient la même chose au cours des années trente. Ils avaient tort à ce moment là, et il ont tort aujourd’hui. (…)
De puissants intérêts vont se battre pour garder tous les avantages et les subsides auxquels ils sont habitués. Même après avoir exploité les clients, en bardant leurs bilans de risques excessifs, en faisant de mauvais paris qui ont détruit l’économie et forcé le contribuable à les renflouer, les grosses banques de Wall Street ne se sont pas assagies. Elles se sont démenées pour retarder et paralyser la mise en application de la réforme financière, et vont continuer à le faire à tout instant.
La sénatrice a conclu son discours en rappelant qu’il suffit de reprendre la fronde, car dans la bataille opposant David à Goliath, c’est bien David qui a gagné. Une référence qui a été interprétée par la magazine de Wall Street, American Banker, comme de la pure rhétorique...
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