Au moment où Renaud Girard parle dans le Figaro de la nécessité d’un dialogue pour le retour « à la raison » entre Moscou, Berlin et Paris, pour calmer les « excités du gouvernement post-révolutionnaire de Kiev » trop prompts à répondre à une « précarité sociale » (à l’Est du pays) « à coups d’automitrailleuses pilotées par une garde nationale composée en majorité par les gros bras nationalistes de Svoboda et Secteur droit », Paris-March publie de son côté une série de dix photos choc sur le rôle des néonazis dans les tueries en Ukraine orientale.
Intitulé « Ukraine : Révélations sur la tuerie de Krasnoarmeïsk », le reportage de Paris-Match décrit le meurtre de deux civils non armés de Krasnoarmeïsk, dans le bassin du Donbass, alors qu’ils tentaient de voter lors du référendum du 11 mai dernier.
Dans ses remarques préliminaires, le journaliste Alfred de Montesquiou explique que jusqu’à présent, lorsque l’on accusait le « Pravy Sektor (Secteur droit) d’avoir joué un rôle relativement significatif lors des combats de rue qui menèrent à la chute de l’ex-président Viktor Ianoukovitch en février pendant la Révolution de la Place Maïdan, « le doute qu’il s’agisse là de la désinformation russe subsistait souvent dans les esprits. » « Cette accusation, qui a été reprise en boucle par les médias russes proches du Kremlin », était tournée en dérision sur le Web » en raison « du manque de preuve ».
Aujourd’hui, Paris-Match vient de confirmer la rumeur par des « images irréfutables » montrant « Andreï Denisenko, l’un des chefs de Pravy Sektor, parmi le mystérieux groupe de miliciens en armes qui a saccagé le bureau de vote dans la ville de Krasnoarmeïsk pendant le référendum de dimanche, à une soixantaine de kilomètres de Donetsk. Quittant les lieux au bout de plusieurs heures, les miliciens ont blessé à bout portant un homme et tué deux autres résidents, tous désarmés. »
Quand à Renaud Girard, grand reporter international du Figaro, celui-ci appelle dans son article du 13 mai à ce que la France et l’Allemagne prennent les devants pour rencontrer Poutine et fassent le nécessaire pour éviter que n’éclate une guerre civile lourde de conséquences :
Après avoir intimé l’ordre à Kiev de se calmer, le duo franco-allemand devrait aller interroger Poutine, lui demander droit dans les yeux : ’’C’est quoi, ta solution ?’’ Si ce dernier avait eu l’intention de s’emparer militairement de l’Est ukrainien, il l’aurait déjà fait, après le grave incident d’Odessa (une trentaine de militants pro-russes brûlés vifs). La seule solution réaliste aujourd’hui au problème ukrainien, c’est celle des deux F : finlandisation et fédéralisation. Que risque-t-on à aller sérieusement et longuement en parler à Moscou avec Poutine ?
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