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- Le président chinois Xi Jinping et sa femme Peng Liyuan accueillent le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique lors d’une cérémonie officielle mardi à Beijing.
- Crédit : China Daily
Le roi Philippe de Belgique et la reine Mathilde terminent une visite longue d’une semaine en Chine, accompagné d’une large délégation de représentants du gouvernement belge, des ministres-présidents des trois Régions, une centaine de chefs d’entreprise et les recteurs des principales universités. Le roi Philippe connaît bien la Chine et son président car il y a déjà mené cinq missions économiques, mais c’était sa première visite comme chef d’état, qui a commencé à Wuhan pour continuer à Beijing, Shanghai, Suzhou et Shenzhen.
Le président chinois Xi Jingping et le roi Philippe ont conclu une douzaine d’accords de coopération dans les domaines de l’exploration spatiale, des douanes, des sciences et technologies, des combustibles nucléaires et de l’enseignement. Au sein de l’Union européenne, la Belgique est le sixième partenaire commerciale de la Chine, avec un volume d’échanges de 27,3 milliards l’année dernière, en augmentation de 7,3 % par rapport à 2013.
Lors de leur rencontre, Xi Jingping a déclaré au roi belge que la Chine espère que la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure (BAII, et AIIB en anglais) mettra la priorité pour garantir que Bruxelles prenne part à l’institution financière. La BAII fut lancée à Beijing le 24 octobre dernier, et a finalisé en avril la liste de ses 57 membres fondateurs.
Notre parti frère en Belgique, Agora Erasmus, qui depuis des mois appelle la Belgique à rejoindre cette banque, se félicite qu’elle envisage maintenant d’en devenir un membre ordinaire.
Selon la presse chinoise, la Chine apprécie beaucoup la volonté de la Belgique de participer à la construction d’infrastructure en Asie et l’invite à s’investir dans la « Ceinture économique de la Route de la Soie » initiée par Xi Jingping en 2013, car la Belgique est « un pont vers l’UE ». Xi a indiqué que la Chine veut développer les échanges entre l’ouest de son pays et le port d’Anvers, le deuxième plus grand d’Europe, et afin d’assurer la construction d’un réseau ferré sur tout le continent eurasiatique, il invite la Belgique à soutenir les entreprises chinoises qui participent au plan d’investissement pour l’Europe.
La société d’investissement chinoise Xuanshu International a ainsi signé mercredi dernier un accord avec la douane belge baptisé « China Gateway-Zeebrugge Trade Zone », afin d’améliorer et faciliter les processus douaniers dans ce port pour en faire une porte d’accès européenne. Notons que si cette initiative pouvait se combiner avec la construction rapide du canal Seine-Nord, cela transformerait profondément le commerce dans cette partie de l’Europe.
Les officiels flamands espèrent aussi qu’avec la participation de la Belgique à la BAII, la banque investira dans des programmes d’infrastructures européens, et qu’une telle politique pourrait faire revire de vieux projets retardés parfois depuis des siècles.
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- Tracé (en rouge) du projet datant de 1879, de voie ferroviaire permettant de relier le Anvers, deuxième port d’Europe, avec Duisburg, le plus grand port intérieur européen et pour l’instant le terminus de la Route de la Soie de fer reliant la Chine avec l’Europe.
Typique de cela, le fameux projet du « Rhin de fer » qui remonte à 1879 et prévoit de construire une ligne ferroviaire directe pour le fret reliant Anvers avec Duisbourg dans la Ruhr allemande. Situé sur le confluent du Rhin et du Main, Duisbourg, le plus grand port intérieur d’Europe, est aussi relié par train avec l’est de la Chine et Anvers se trouverait de fait connecté avec la nouvelle Route de la Soie. Historiquement, le « Rhin de fer » a été principalement saboté par des intérêts commerciaux des Pays-Bas qui craignent qu’un tel raccourci vers la mer du Nord, détourne le trafic de marchandises de Rotterdam au profit d’Anvers et de la Belgique.
Le grand mérite de cette visite d’Etat en Chine, est que la nouvelle Route de la Soie devient le sujet du jour dans la presse belge. Pour la presse flamande, il s’agit de « l’accord économique du siècle » avec la Chine qui inclut Anvers dans la « Ceinture économique de la Route de la Soie », en particulier comme un maillon connectant ses composantes maritimes et terrestres. La presse francophone met aussi en avant la présence des Régions, voulue par le roi Philippe conformément à la dernière réforme de l’État, et qui a certainement présenté à la Chine une nation unie.
Anvers et la Chine
Les échanges commerciaux et culturels entre la Belgique et la Chine se sont développés sur plusieurs siècles et Anvers a depuis longtemps de très bonnes relations avec les divers ports chinois. Le 30ème anniversaire du jumelage d’Anvers avec Shanghai a été célébré l’année dernière par la visite du bourgmestre d’Anvers. Les autorités portuaires des deux villes, y avaient signé un Accord Cadre qui comprend notamment l’entraînement de marins professionnels. Shanghai est peut-être le plus grand port du monde, mais cette ville géante reconnaît néanmoins le savoir-faire et l’expertise que le port d’Anvers a à offrir, dans les domaines de la gestion des ports, de l’inter-connectivité avec le territoire et le développement de la gestion logistique.
APEC, le centre d’entraînement du port d’Anvers a déjà entraîné 3 800 professionnels portuaires chinois ces dernières années. Comme résultat des connaissances maritimes d’Anvers, et de la connaissance chinoise d’Anvers, celle-ci est bien représentée dans de nombreuses villes portuaires de Chine, et ainsi ses échanges avec l’Asie et en particulier la Chine continue de fleurir.
Changer de cap à Bruxelles
Cependant, il faut être cohérent. Car, au moment de cette visite, la Bruxelles dite européenne, sermonnait tout de rouge les propositions de la Grèce, qui tente toujours d’échapper à une dette pourtant qualifiée d’illégale, illégitime et odieuse. Donc en se lançant sur la nouvelle Route de la Soie, la Belgique commence à s’orienter vers le nouveau paradigme proposé par la Chine et ses partenaires des BRICS. Mais cette nouvelle vision implique de coopérer avec la Russie, ce qui est complètement incompatible avec les politiques actuelles de l’UE et de l’OTAN qui siègent à Bruxelles.
La Belgique ne peut plus suivre une politique dictée à l’Europe par Washington et doit se décider à réaffirmer sa souveraineté, cette fois dans sa capitale.
LIRE ET SIGNER LA PÉTITION DE L’INSTITUT SCHILLER :
« L’Europe et les Etats-Unis doivent abandonner leur approche géopolitique et coopérer avec les BRICS ! »
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