La Russie et la Chine poursuivent la consolidation de leurs relations à tous les niveaux, notamment dans la défense, la recherche scientifique et le développement économique.
Le patron des chemins de fer russe Vladimir Iakounine
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- Vladimir Iakounine, Président des Chemins de fer russes (RZD) et coprésident du Dialogue Franco-Russe.
« L’une des priorités de la coopération russo-chinoise est la mise en œuvre d’un mécanisme complet pour le dialogue, afin d’unifier le processus d’intégration économique de l’Eurasie et de développer la Ceinture économique de la Route de la soie », a expliqué le 25 mai le président des Chemins de fer russes Vladimir Iakounine lors du 10e Forum de Shanghai.
Selon un communiqué publié sur le site de la Société des chemins de fer russe, Iakounine a « rappelé aux participants du Forum les déclarations conjointes adoptées par les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping le 8 mai 2015, concernant le renforcement du partenariat global et des relations stratégiques, ainsi que la promotion d’une coopération bénéfique mutuelle et la coopération dans la construction de l’Union économique eurasiatique (UEEA) et la Ceinture économique de la Route de la soie. »
« Dans ce contexte, nous voyons une occasion unique pour intégrer le méga-projet russe de Ceinture de développement trans-Eurasie (TEBR) et l’initiative de nos partenaires chinois, ’’Une Ceinture, une Route’’ », a poursuivi Iakounine.
A part la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse de 7000 km tout le long du transsibérien, qui devra relier Moscou à Beijing en seulement quelques jours, le projet TEBR comprend également la construction d’un ensemble d’axes routiers, de gazoducs, d’oléoducs, de réseaux d’électricité et de canalisations d’eau permettant de désenclaver et d’irriguer de développement l’intérieur de la Fédération russe. Iakounine travaille depuis longtemps sur ce concept avec le chercheur Gennady Osipov et le recteur de l’Université d’Etat de Moscou, Viktor Sadovnichy. Lorsqu’il a présenté le projet le 25 mars à l’Académie russe des sciences, Iakounine a souligné qu’il s’agit d’un « projet inter-Etat, inter-civilisation qui doit devenir l’alternative au modèle néo-libéral actuel qui a provoqué une crise systémique. »
L’ambassadeur de Chine à Moscou, S. E. Li Hui
Le même dessein a été clairement mis de l’avant par l’ambassadeur de Chine en Russie, Li Hui, lors d’une conférence internationale qui s’est tenue le 29 mai : « Je conçois comme principale tâche de notre coopération le développement conjoint de la Ceinture économique de la Route de la soie et de l’Union économique eurasiatique », a-t-il dit.
L’UEEA a signé à la mi-mai un protocole d’entente avec la Chine sur la coopération économique qui prévoit, selon le site Russia Beyond the Headlines, des investissements conjoints dans le développement de l’infrastructure. Le ministre du Commerce de la Commission économique de l’UEEA, Andreï Slepnev, a précisé que l’accord facilitera les investissements de l’UEEA dans l’industrie et les transports, ainsi que les services et l’infrastructure.
L’un des principaux sujets en discussion porte sur la nécessité de synchroniser la modernisation et développement du Chemin de fer transsibérien russe (la principale composante du TEBR), qui traverse tout l’est de la Russie et doit passer par la Corée du Nord et rejoindre la Corée du sud, avec le développement de la Ceinture économique de la Route de la Soie, dont la principale route relie déjà la Chine à l’Europe en passant par le centre du continent, soit le Kazakhstan et la Biélorussie.
Le professeur Li Xin
Les deux projets ne doivent pas être antagonistes mais plutôt se compléter. C’est ce qu’a indiqué un expert chinois en la matière, le Professeur Li Xin, directeur du Centre de recherche pour la Russie et l’Asie centrale de Shanghai et l’un des auteurs du modèle de coopération pour la mise en œuvre conjointe du TEBR et de la Ceinture économique de la Route de la soie.
Celui-ci a effet expliqué qu’il s’était mis d’accord avec Iakounine en juin 2014 pour dire que si les convois de containers en provenance de la Chine occidentale suivront la route actuelle à travers le Kazakhstan et la Biélorussie, ceux provenant de la Mandchourie et du Nord-est, une vaste zone qu’entend développer davantage le gouvernement chinois, emprunteront le couloir transsibérien, en s’y connectant à la future jonction située sur la frontière entre la Russie, la Corée du Nord et la Chine. « Ainsi, de notre point de vue, la concurrence a déjà été éliminée », a-t-il conclu.
L’objectif est donc de définir une meilleure synchronisation des investissements à faire pour le développement des deux couloirs, tant du point de vue de l’infrastructure que celui de l’activité industrielle et du développement social. Xi explique avoir rédigé une note, reprise par le Comité central du Parti communiste chinois et le Président Xi Jinping lui-même, stipulant que la revitalisation des territoires du nord-est chinois doit être conçue comme faisant partie de la Route de la soie au sens large et qu’elle ne peut pas se faire sans accès au Chemin de fer transsibérien.
Rappelons que le Transsibérien est vu par les Russes dans le contexte plus vaste de la Ceinture de développement trans-Eurasie (TEBR), modelée sur le projet chinois « Une Ceinture, une Route ».
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