Autre signe de l’inquiétude de l’Establishment britannique face à un système financier en décrépitude : la violente sortie de Tony Blair contre celui qui sera peut-être d’ici peu le prochain dirigeant du Parti travailliste, Jeremy Corbyn.
« Si votre cœur bat pour Corbyn, faites-vous transplanter », a lancé Blair lors d’une conférence le 22 juillet à Londres. Selon lui, les travaillistes « perdront le pouvoir pour 20 ans si Corbyn est élu » à la tête du parti en septembre. Après les 43 % de voix pour Corbyn dans le sondage de YouGov, soit 17 points de plus que son principal rival, un conseiller spécial de Blair, Darren Murphy, a commenté que « le parti travailliste est devenu un club suicidaire ». Un autre de ses conseillers, John McTernan, a qualifié de « crétins » les députés ayant soutenu Corbyn.
Au sein du Parti travailliste, Corbyn mène depuis des années une opposition énergique à la politique de Blair, et soutient un Glass-Steagall pour le Royaume-Uni. Il milite aussi pour une conférence européenne sur la dette destinée à réduire la dette grecque.
Lui et un autre député travailliste, Michael Meacher, avaient d’ailleurs envoyé en mars dernier des messages à la conférence du Citizens Electoral Council en Australie, faisant partie du mouvement international associé à Lyndon LaRouche.
L’instabilité émotionnelle de Blair s’est aussi manifestée le 22 juillet, lorsqu’il traitait d’« homme des cavernes » le Parti national écossais, pour avoir rejeté le programme du gouvernement et ses coupes drastiques dans les aides sociales.
Si certains médias et institutions se plaisent à le flatter, l’ancien Premier ministre est méprisé par l’électorat pour ses mensonges répétés pendant son passage de dix ans à Downing Street, incluant ses efforts pour lancer la guerre contre l’Irak. Par contre Corbyn s’opposait à cette guerre et a milité pour le « non » à une action militaire contre la Syrie, aux Communes en automne dernier.
L’émergence de Corbyn au Royaume-Uni semble confirmer qu’un tournant se prépare dans l’ensemble du monde transatlantique. Après l’élection de Syriza en Grèce en janvier, sur un programme résolument opposé à l’austérité, nous assistons à une montée en puissance de Podemos en Espagne (des élections législatives y sont prévues pour la fin de l’année), sans parler de la candidature remarquée de Martin O’Malley à l’investiture présidentielle démocrate aux Etats-Unis.
Tant O’Malley que Corbyn ont fait part de leur volonté expresse et explicite de rétablir une séparation bancaire de type Glass-Steagall, et de libérer l’économie de l’emprise des mégabanques de Wall Street et de la City.
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