On le sait. L’immigration est un sujet hautement sensible qui, faussement posé, est régulièrement instrumentalisé par des appareils politiques à la recherche d’une victoire électorale.
Cela n’empêche que ce qui arrive à l’UE est sans précédent. D’après l’agence européenne Frontex, un nombre record de 107 500 migrants est arrivé dans l’UE rien qu’au mois de juillet, c’est-à-dire trois fois plus qu’en juillet l’année dernière.
Au 31 juillet, environ 124 000 réfugiés et migrants sont arrivés en Grèce par la mer en 2015, ce qui représente une augmentation stupéfiante de plus de 750 % par rapport à la même période en 2014, a déclaré le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Durant la même période, plus de 2 400 migrants ont perdu la vie en voulant traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
La Grèce, alors qu’elle est sacrifiée sur l’autel de l’euro, a vu arriver, depuis avril-mai et plus encore en juin-juillet, un flot exponentiel de migrants et de réfugiés par terre et par mer. L’été est évidemment la saison pendant laquelle les conditions météo sont les plus favorables, notamment pour les traversées en bateau.
Du 10 au 16 août, en une seule semaine, 21 000 d’entre eux sont arrivés par la mer dans les îles grecques, autant d’arrivées que sur 6 mois en 2014. Sur la seule île de Kos, qui n’est séparée de la Turquie que par un bras de mer de quatre kilomètres de large, il y aurait actuellement 7 000 migrants pour 30 000 habitants et les structures d’accueil sont totalement débordées.
Après avoir dû faire face à plus de 200 000 demandes d’asile en 2014 – un record depuis 1993 –, l’Allemagne s’attendait initialement à un doublement de ce nombre en 2015. En fait, selon de nouvelles estimations, ces prévisions seront très largement dépassées. L’Allemagne évalue à 800 000 le nombre de migrants qui pourraient cette année tenter leur chance outre-Rhin.
Qualifiée tout de même de « la plus grande crise migratoire depuis la deuxième guerre mondiale », la situation actuelle indique qu’il ne s’agit pas d’une différence de degré mais de nature. Au-delà d’un phénomène d’immigration de masse et de trafic mafieux d’humains, c’est à un véritable exode de populations fuyant ce que le HCR qualifie poliment de « conflits ou de violations des droits de l’homme » que nous devons faire face. Plus précisément, cette catastrophe n’est que la facture tardive des guerres et de la barbarie que nous, Occidentaux, et surtout nos chers dirigeants, ont provoquées dans ces pays.
Car l’immense majorité de ceux qui arrivent en Europe, viennent :
- d’Afghanistan, où Bush et Sarkozy sont allés faire la « guerre au terrorisme » ;
- de Syrie, où Obama et ses laquais européens persistent à vouloir renverser le régime. Notons que le pays voisin, le Liban, accueille le nombre le plus élevé de réfugiés au monde, rapporté à sa population, 1,14 million répertoriés par le HCR. Pour ce petit pays de 4 millions d’habitants, l’impact est considérable. Il équivaut à 24 millions de réfugiés, si on le rapportait à la population de la France !
- d’Irak, où deux guerres lancées par Tony Blair sur la base d’informations tronquées et le démembrement de l’Etat ont provoqué le chaos ;
- de Libye, où Obama, Sarkozy et Alain Juppé (en tête des sondages comme candidat présidentiel en France…), affirmant vouloir protéger les populations de Benghazi, ont piégé la Chine et la Russie à accepter le renversement du régime. Depuis la mort de Kadhafi, on le sait, c’est Daech qui a pris en main le trafic et qui se finance en rançonnant les réfugiés attirés par le voyage vers l’Angleterre. Il y a deux mois, des écoutes téléphoniques de la police italienne qui avaient fuité dans la presse avaient révélé que Daech envisageait d’utiliser les migrants comme « armes psychologiques » contre l’UE, en particulier contre l’Italie qui demandait une intervention militaire en Libye. L’organisation jihadiste évoquait l’envoi de milliers d’embarcations, quelque 500 000 migrants au total, vers les côtes européennes. Des « bombes migratoires » pour tenter de déstabiliser l’Europe.
- des Balkans, où rien n’a été fait pour reconstruire les économies.
Devant cette crise, il faut bien sûr tout faire pour accueillir les réfugiés dans les meilleures conditions. Mais pour tarir le problème à la source, c’est un changement complet de cap dans notre politique étrangère qui est requis d’urgence. Au lieu de chercher la provocation et l’affrontement comme le fait l’OTAN dont la France fait désormais partie, nous devons, notamment avec les pays des BRICS, bâtir la paix par le développement mutuel.
# KAPELA Emmanuel
• 22/08/2015 - 02:32
S’agissant de la forte émigration de Congolais de la République démocratique du Congo, elle s’explique d’abord par une paupérisation des Congolais soumis à la dictature féroce d’un Mobutu parrainé par les Occidentaux pendant 32 ans. Après une légère amélioration de la situation sociale sous Laurent-Désiré Kabila de 1997 à 2000, les Congolais sont de plus en plus clochardisés par un Joseph Kabila qui brade les ressources naturelles du Congo aux multinationales occidentales. Selon des revues spécialisées, Joseph Kabila aurait gagné 75 millions d’euros en 2014 et sa fortune s’élèverait à 25 milliards de dollars planqués dans les Iles vierges britanniques.
Ainsi, malgré les immenses ressources naturelles de leur pays, les Congolais vivent avec moins de 1 dollar par jour.
Quant à la diaspora congolaise, elle compterait 3 millions d’individus pour une population congolaise estimée à 60 millions d’habitants. En 2011, elle aurait transféré au "bled" 9 milliards de dollars.
L’autre facteur qui explique la forte émigration congolaise, c’est l’insécurité et la crise générées par les guerres de 1996-1997 et de 1998-2003 suivies par une guerre de basse intensité qui dure depuis. Le nombre de victimes directes et indirectes de toutes ces guerres s’élève à plus de cinq millions de morts, selon les chiffres des Nations Unies. Alors que celui des déplacés internes se situe entre 1 et 2 millions.
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