L’une des plus grandes banques britanniques, HSBC, dont l’histoire remonte aux Guerres de l’opium du 19e siècle, a été prise une nouvelle fois la main dans le sac dans des activités illicites.
Le dernier scandale, baptisé « Swiss-Leaks », porte sur les activités de la filiale suisse de la banque, HSBC Private Bank (PB), exposées dans un documentaire de la chaîne CBS, dans le cadre de son émission « 60 Minutes ».
HSBC PB a aidé des clients de plus de 200 pays à dissimuler la coquette somme de 120 milliards de dollars au fisc de leur pays d’origine, tout en facilitant le blanchiment d’argent de la drogue et le financement du terrorisme. Un juge belge chargé de l’affaire a déclaré qu’il envisageait de lancer un mandat d’arrêt contre la direction de cette filiale en raison de son refus de coopérer.
Le Centre international pour le journalisme d’enquête (ICIJ) a travaillé pendant plusieurs mois avec CBS, le quotidien britannique The Guardian, BBC Panorama, et autres média pour assembler le matériel utilisé pour l’émission.
Les preuves rassemblées proviennent d’un ancien salarié de HSBC PB, Hervé Falciani, qui s’est emparé de données informatisées, dont des notes des gestionnaires des comptes privés concernant les pratiques d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent sale.
A l’époque des faits incriminés, Sir Peter Green (aujourd’hui Lord) était le Pdg de HSBC. Bien que le Trésor anglais se soit vu fournir en 2010 les preuves de ces pratiques illégales, aucune enquête n’a été entreprise contre la banque. Lord Green a été au contraire nommé ministre du Commerce dans le gouvernement Cameron en 2011, position qu’il occupe encore aujourd’hui.
Selon les preuves fournies par Falciani, plus de 30 000 comptes ont été créés par HSBC PB pour fins d’évasion fiscale, et pour faciliter d’autres activités illicites.
Les données avaient été remises par l’informaticien aux autorités françaises en 2008, qui les ont partagées avec leurs contreparties américaines et britanniques, ainsi que d’autres.
Les révélations de « 60 Minutes », qui indiquent que le département américain de la Justice avait dès cette époque en main les preuves des activités d’évasion fiscale de la banque en Suisse, ont provoqué de nombreuses réactions au Congrès américain : l’ancien sénateur Carl Levin avait en effet dirigé en 2012 la rédaction d’un rapport de 300 pages sur les activités de blanchiment des revenus des cartels de la drogue mexicains et colombien, au niveau de la branche de New York de HSBC. Ce même rapport avait également détaillé les transferts financiers effectués par HSBC vers des organisations terroristes, de concert avec des banques saoudiennes. Le sénateur Levin avait recommandé la suspension du droit d’opérer de la banque aux Etats-Unis.
Le département de la Justice américain avait refusé d’engager des poursuites au pénal contre les dirigeants de la banque, se contentant de négocier une amende de 1,9 milliards de dollars, une somme dérisoire par rapport aux profits engrangés par ces activités. Pire encore, la responsable de cette entente conclue entre les autorités américaines et la banque en 2011, Loretta Lynch, est aujourd’hui la personne choisie par Obama pour devenir la prochaine ministre de la Justice !
L’attitude plus que complaisante du gouvernement américain contraste fortement avec celle adoptée par le gouvernement argentin, dont la démarche déplait fortement à Wall Street et la City. L’Argentine avait accusé HSBC le 13 août 2014 d’être une « entreprise criminelle », et engagé le 10 septembre 2014 des poursuites pénales contre les dirigeants de la banque à Buenos Aires, pour ses activités de blanchiment d’argent sale et d’évasion fiscale.
Dope Inc.
HSBC, anciennement appelée Hongkong and Shanghai Banking Corporation, une banque créé par l’Empire britannique pour financer le commerce de l’opium, avait été la cible principale du bestseller mondial Dope, Inc., publié en 1978 par une équipe d’enquêteurs de l’Executive Intelligence Review (EIR (et réédité à plusieurs reprises), dans le cadre d’une enquête menée par les associés de Lyndon LaRouche sur le blanchiment du trafic international de la drogue.
La proximité historique de HSBC avec les plus hautes sphères de l’aristocratie britannique et la famille royale, ainsi que l’omniprésence des banques britanniques dans les paradis fiscaux, permettaient aux auteurs du livre d’identifier le rôle crucial joué par les perles de la Couronne et la City dans ces opérations.
A l’époque, EIR avait conduit son enquête dans l’espoir d’empêcher HSBC de s’emparer de la Marine Midland Bank de New York. Bien que le commissaire de l’État de New York pour les affaires bancaires eût à l’époque bloqué la transaction, les autorités fédérales américaines ont fini par faire le nécessaire pour que HSBC étende son empire aux États-Unis.
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