Le chroniqueur Jonathan Steele du Guardian de Londres a écrit un article dénonçant sans ambiguïté l’administration Obama et l’OTAN pour avoir provoqué une crise totalement artificielle sur la question de l’Ukraine. Sa suggestion, telle que formulée dans le titre de son article, est : « John Kerry et l’OTAN doivent se calmer et reculer. » Extrait :
L’empressement de Kerry pour punir la Russie, ainsi que la décision de l’OTAN de répondre à l’appel de Kiev en tenant une réunion des ambassadeurs des Etats membres à Bruxelles aujourd’hui, ont été des erreurs. L’Ukraine n’est pas membre de l’alliance : par conséquent aucune des obligations de défense commune n’entre en jeu ici. L’OTAN devrait se retenir d’intervenir en Ukraine, tant par les mots que par les actes. Le fait qu’elle insiste pour s’engager révèle le véritable sujet tabou : sous la crise en Crimée et la résistance intense des Russes à tout changement potentiel se trouvent l’ambition mal dissimulée de l’OTAN de poursuivre sa politique expansionniste des deux dernières décennies, dans ce qu’elle avait l’habitude d’appeler l’ « espace post-soviétique »...
Depuis l’indépendance, tous les sondages en Ukraine ont montré que la majorité des citoyens était opposée à l’adhésion de leur pays à l’OTAN : et pourtant les élites qui se sont succédées au pouvoir jusqu’en 2010, et qui sont maintenant de retour aux affaires, ont ignoré la volonté populaire. Séduites par les largesses de l’OTAN et par le sentiment d’appartenir à un club high-tech global, elles ont pris part aux exercices militaires conjoints et ont même envoyé des troupes en Irak et en Afghanistan. »
Steele ajoute que malgré tout ce qui a pu être dit du président élu Viktor Ianoukovitch, il « était le premier président à s’opposer à l’adhésion à l’OTAN dans sa campagne électorale, et a ensuite persuadé le Parlement de faire du non-alignement la pierre de touche de la stratégie du pays en matière de sécurité, suivant l’exemple de la Finlande, de l’Irlande et de la Suède.
Mais, écrit-il, l’OTAN a refusé d’accepter cela, et « Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire-général de l’effort pour la construction de l’empire [l’OTAN], a déclaré à la Conférence sur la sécurité de Munich [en février de cette année] : ’’l’Ukraine doit avoir la liberté de choisir sa propre voie sans pression de l’extérieur.’’ L’implication était claire : si ce n’était pas que pour ces bêtes russes, l’Ukraine serait des nôtres. »
Steele appelle ensuite à une désescalade de la part de l’Occident et demande que l’Ukraine rétablisse immédiatement la Loi sur les langues officielles, dont le Russe à l’Est du pays, et « s’attache fermement à empêcher que des groupes armés de nationalistes anti-russes menacent les immeubles publics dans cette région ».
Il conclut :
La majorité russophone dans la région est autant en colère à l’égard de la corruption des élites, du chômage et des inégalités économiques que les Ukrainiens de l’Ouest. Mais elle se sent assiégée et provoquée, son héritage culturel se trouvant menacé. Les seuls responsables en mesure de répondre à ces préoccupations ne sont pas à Washington, à Bruxelles ou à Moscou, mais uniquement à Kiev.
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