C’est du moins ce que l’on croyait lorsque tonnait au Bourget une puissante attaque contre cette « finance sans nom et sans visage ».
Le vendredi 19 juillet, pas de photo non plus, juste quelque banquiers s’attroupant dans un escalier de l’Elysée. A force de ne pas déclarer la guerre à la finance folle, Hollande se condamne à devoir danser quelques pas avec elle.
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- Le lobby bancaire à l’Elysée le 19 juillet dernier, au lendemain de l’adoption de la réforme bancaire bidon de Moscovici. D’habitude, la Présidence publie une photo de tous les invités en compagnie du Président...
Au lendemain de l’adoption d’une pseudo-réforme bancaire instaurant une pseudo-séparation entre « activités utiles » et activités « pas utiles » à l’économie, les plombiers de Bercy ont fait avaliser leurs plans géniaux pour tenter de diriger les flux de la finance en direction de la croissance. Pourtant, Hollande n’ignore pas que sur le bilan cumulé des banques françaises (évalué à 8000 milliards d’euros), seulement 22% représentent des prêts à l’économie réelle, aux entreprises et aux ménages, et 78% des opérations purement financières.
« C’est fâcheux, mais je n’y peux rien, pense Hollande. Merkel et les autres eurocons ne veulent rien entendre et je ne peux pas foutre en l’air l’euro en faisant cavalier seul ! »
Dans les pas d’Obama et de Sarkozy, Hollande croit sans doute qu’en faisant un geste pour ces pauvres banquiers traumatisés par les nouvelles normes de Bâle III, ils l’aideront à inverser les courbes du chômage. Calcul habile ou naïveté impardonnable ? Comme Helmut Schmitt et François Mitterrand, il veut nous faire croire que les profits d’aujourd’hui seront les emplois de demain… François ! On a déjà donné !
Techniquement, (en gros) le deal est le suivant : on a tous besoin de croissance ! Moi pour ma réélection, vous pour vos bilans. Moi, comme je l’ai déjà dit à vos collègues à Londres, je vous affirme que je ne suis pas bien méchant. La preuve : j’ai fait une réforme bidon de non-séparation bancaire ; j’enterre la Taxe sur les transactions financières (Taxe Tobin) qui aurait coûté près de 70 milliards d’euros aux banques, que ces dernières auraient de toute façon refacturés à leurs clients. En bonus, je vous file 30 milliards d’euros de dépôts que les banques collectent déjà mais doivent transférer à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Et si en automne le bilan montre que vous avez ouvert les robinets du crédit aux PME/PMI et que le chômage recule, j’augmenterai le montant jusqu’à 50 milliards d’euros ! De toute façon, ces dépôts, ça nous coûte la peau des fesses en intérêts à payer à des Français apeurés qui veulent planquer leur fric et qui depuis Chypre ont peur qu’on chypriote leurs deniers.
Du coup, vous, les banquiers, vous retrouvez la tranquillité. Vos femmes ne vous menaceront plus de se réfugier auprès d’une étrange baleine à Londres. Mais en échange, c’est la fin de la récré, tous au boulot pour faire démarrer la croissance ! Mais attention, je vous tiens à l’œil ! Karine Berger vous a prévenu ! Faut pas confondre un cessez-le-feu avec la fin de la guerre ! Les ciseaux sont sur la table !
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