Quatre-vingt ans après que le président Franklin Delano Roosevelt a libéré les Etats-Unis du contrôle de Wall Street, grâce à la loi Glass-Steagall qui a séparé les banques d’« investissement » des banques commerciales et de dépôt, Thomas Hoenig, le vice-president de l’Agence fédérale de garantie des dépôts FDIC, a vertement critiqué les défenseurs des « banques universelles » en Allemagne dans une entrevue publiée le 13 juin par l’agence de presse Reuters.
Qualifié d’« ennemi de Wall Street » par le quotidien de la finance allemande Handelsblatt, Hoenig a dénoncé le géant bancaire Deutsche Bank pour son gigantesque portefeuille de produits financiers dérivés dont l’impact sur l’ensemble de son bilan n’est pas correctement évalué, selon lui, en cas de crise, et ce en dépit d’un effort de recapitalisation récent visant à satisfaire les règles de Bâle III. « C’est horrible, je veux dire qu’ils sont horriblement sous-capitalisés », a-t-il déclaré à Reuters, avant de préciser : « Ils n’ont aucune marge d’erreur. »
La Deutsche Bank, qui est aujourd’hui la plus grande détentrice de produits dérivés dans le monde, (elle en détient 10 % du total mondial avec un portefeuille de 72 000 milliards de dollars, comparés à des actifs totalisant 2700 milliards de dollars [1]), a répondu à Hoenig par la voix de son directeur en chef pour les opérations financières Stefan Krause que « de dire que nous sommes sous-capitalisés n’est pas correct car si vous regardez les accords de Bâle, nous sommes aujourd’hui l’une des banques les mieux capitalisées dans le monde à la suite de notre levée de capital ».
Rappelons qu’à la suite de la crise de 2007-2008, la banque avait bénéficié d’un renflouement massif de la part de la Réserve fédérale américaine (dont Hoenig, un critique avéré des méthodes de renflouement, dirigeait la branche du Kansas à l’époque). Rien qu’en novembre 2008, la Fed avait injecté 66 milliards de dollars dans la vénérable institution allemande, dont les activités sur produits dérivés sont centralisées dans sa filiale de Londres. De plus, elle avait reçu 12 milliards de dollars du gouvernement américain dans le cadre du renflouement du géant américain de l’assurance, AIG, un important partenaire de jeu de Deutsche Bank (et de plusieurs autres banques dont la Société Générale) dans le domaine des produits dérivés. Et ce sans compter les gigantesques sommes allouées par la Fed à la BCE (quelque 8000 milliards de dollars !), dont la partie réservée à Deutsche Bank n’a jamais été divulguée.
Soulignons que Hoenig a également écorché au passage d’autres banques pour les mêmes raisons, dont nos vénérables institutions universelles françaises que sont le Crédit Agricole et la Société Générale.
[1] Soulignons ici que les produits dérivés ne sont pas des actifs, mais des paris sur l’évolution à venir de la valeur des actifs sur lesquels il portent. Les produits dérivés détenus par les banques ne sont par conséquent pas inscrits au bilan, ce dernier étant constitué de la comparaison entre les actifs et les passifs.
# petite souris
• 17/06/2013 - 21:01
En fait si je comprend bien la banque universelle signifie que tous doivent payer pour qu’ elle continue à vivre et se développer !
..... et moi qui croyais naïvement que la banque était universelle pour pouvoir prêter de l’argent pour toutes les sortes d’entreprises !!!!!!!!!!!!!!!!!!
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