Dans une lettre adressée et remise en main propre hier au président de la Commission bancaire du Sénat Tim Johnson, douze élus de l’Etat du Dakota du Sud, appellent celui-ci à tenir immédiatement des auditions sur Glass-Steagall.
Une copie de la lettre a également été remise à la sénatrice Elizabeth Warren, à la tête du groupe de cinq sénateurs ayant déposé les deux propositions de loi présentement en attente pour le rétablissement de la séparation des banques commerciales et d’investissement, et envoyée par internet à tous les autres co-signataires des initiatives déposées dans les deux chambres (soit 77 députés et sénateurs en tout).
Les douze élus locaux rappellent à Johnson, également originaire du Dakota du Sud, que leur Etat a été le premier à adopter plus tôt cette année, et ce dans les deux chambres, un vœu demandant au Congrès d’agir urgemment pour rétablir la loi sur la séparation bancaire, et soulignent qu’il existe maintenant, tant dans la Chambre des représentants qu’au Sénat (au niveau fédéral), « un fort soutien en faveur de Glass-Steagall ». Ils poursuivent :
Notre peuple fait face à la ruine économique et sociale et l’effondrement de Détroit, notre ancien ’’arsenal de la démocratie’’ [une référence au rôle de l’industrie de cette métropole du mid-ouest dans la production du matériel nécessaire au cours de la Deuxième guerre mondiale], est le signal d’une ruine économique se propageant à tout notre pays.
Comme le rapporte toutefois le principal quotidien du Dakota du Sud, le Sioux Falls Argus Leader, le sénateur, visiblement secoué par cette initiative en provenance du terrain, s’est vu forcé de sortir de son mutisme et d’avouer platement qu’il « n’est pas intéressé par Glass-Steagall ». Dans un exercice de rhétorique peu convaincant, Johnson explique doctement :
Au cours de ma présidence à la Commission bancaire, j’ai fait de la réforme de la supervision de Wall Street ma principale priorité, et j’ai tenu de nombreuses auditions sur cette question du risque systémique, la plus récente le 11 juillet dernier. Nous avons appris au cours de ces auditions que la plupart des économistes [qui n’avaient pas du tout vu venir la crise de 2007-2008, ndlr] disent qu’un retour à Glass-Steagall ne résoudrait en rien les défis auxquels nous sommes confrontés. La taille, le risque et la complexité ne sont pas synonymes, et je crois la réforme de Wall Street adoptée par le Congrès en 2010 fournit les outils nécessaires pour mettre fin au ’trop grosses pour sombrer’.
L’un des initiateurs de la lettre des élus du Dakota du Sud, Tim Luke a déclaré qu’il n’était pas du tout surpris par la réplique de Johnson. Celui-ci est en effet bien plus intéressé par l’argent de Wall Street. En consultant la liste des contributions reçues par le sénateur pour sa campagne électorale, surtout depuis qu’il préside la prestigieuse Commission bancaire du Sénat, « il a été soigné au p’tits oignons par Wall Street », a fait remarquer Luke.
# Eric
• 31/07/2013 - 21:21
"En consultant la liste des contributions reçues par le sénateur pour sa campagne électorale, surtout depuis qu’il préside la prestigieuse Commission bancaire du Sénat, « il a été soigné au p’tits oignons par Wall Street », a fait remarquer Luke."
Si les Etats-Unis étaient une Démocratie au lieu d’être une République, il n’y aurait pas de sénateurs. Les députés de la Chambre des représentants auraient pour fonctions, notamment, de relever les carences législatives. Puis ils organiseraient les séances de tirages au sort permettant de désigner les Américains qui auraient pour fonction de rédiger les projets de loi. Ces derniers deviendraient des lois après que la majorité des Américains les aurait approuvés.
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