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- Que dans la jungle financière, une hyène comme Bolkestein soit appelée au secours des fonds vautours, quoi de plus naturel ?
- Crédit : pratique.fr/hyene-hyenes.html
Dans une tribune publiée le 2 juin par l’hebdomadaire flamand Knack, l’ancien commissaire européen au Marché intérieur Frits Bolkestein [1] accuse la proposition de loi, introduite à la Chambre le 5 mai par la majorité des partis politiques belges, de n’être qu’« un chèque en blanc pour la mauvaise gestion et l’enrichissement personnel ».
En y apposant une grande photo de la Présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner, dont le pays, soutenu par les pays des BRICS, résiste courageusement aux fonds vautours, Bolkestein annonce la couleur.
Il revient justement sur la crise argentine, mélangeant mensonges et contrevérités. Pour lui, le gouvernement argentin continue à utiliser des subterfuges pour échapper à l’épurement de la vieille dette. « En cela aidé par des politiciens occidentaux ignorants, qui se laissent à chaque fois influencer par la rhétorique victimiste » de l’Argentine. La proposition de loi belge visant à leur « couper les ailes » en serait le dernier exemple en date et la Belgique le fait bien rire quand elle veut jouer un rôle pionnier dans « la protection des ‘faibles’, en l’occurrence des « ’pays en voie de développement fragiles’, contre l’exploitation des ‘plus forts’ ».
Bolkestein ne manque pas de culot. Alors qu’il est parfaitement conscient que NML Capital, qui s’acharne sur l’Argentine, opère à partir des îles Caïman, selon lui ce sont les élites locales, pour qui « échapper à la responsabilité financière est une façon d’exister », qui planquent l’argent à l’étranger et en particulier dans « des paradis fiscaux lointains ».
Et la Belgique, avec sa proposition de loi, deviendra complice, pas seulement moralement, mais aussi juridiquement. Car, en sortant son latin le plus savant, Bolkestein affirme qu’« en fixant un prix arbitraire, largement en dessous de la valeur nominale des titres souverains [ce qu’autoriser la nouvelle loi], le Parlement belge mine le principe juridique de pacta sunt servanda, qui stipule que des accords doivent être respectés. En privant des institutions financières de leur droit de faire appel à une protection juridique de l’État de leur implantation, on les prive de droits fondamentaux fixés par le Traité de Rome ». En clair, un fonds vautour basé aux îles Caïman, donc de fait au Royaume-Uni, Etat membre de l’UE, doit pouvoir recouvrer ses créances usurières à Bruxelles avec la bénédiction de la loi européenne et sans interférence de la loi belge.
Face à une telle érudition, évidemment, les braves Belges sont de pauvres naïfs, car ils se laissent manipuler par des pays comme l’Argentine qui ne respectent pas leurs engagements et qui sont tout sauf des victimes. « La proposition de loi est bourrée de bonnes intentions, mais la route vers le paradis est rarement pavée de bonnes intentions ».
A travers l’Argentine, c’est la nouvelle dynamique des pays des BRICS qui est visée, une dynamique qui est en passe de créer un nouvel ordre international et qui devient une alternative à l’enfer du système transatlantique. Avec la présence d’institutions internationales vitales pour ce système sur son territoire (UE, OTAN, SWIFT, Euroclear, etc.), la Belgique ne doit pas être surprise que son audace fasse autant s’agiter les ailes des vautours, qui craignent tant de se les faire couper.
Pour signer la pétition, rendez-vous sur le site d’Agora Erasmus !
[1] Le grand public connaît surtout Bolkestein par l’image du « plombier polonais » en référence à sa directive sur les travailleurs détachés.
Membre du Royal Institute for International Affairs (RIIA), il a travaillé de 1960 à 1976 pour la multinationale Royal Dutch Shell. Le politicien synthétique néoconservateur et islamophobe Geert Wilders, qui jouera un rôle de provocateur dans la stratégie du choc de civilisations du géopoliticien britannique Bernard Lewis, sera sa plume et gardera un respect et une admiration immenses pour les idées et le style provocateur de Bolkestein qu’il amplifie de son mieux. Bolkestein est un vrai libéral du type Milton Friedman. Comme ce dernier, il plaide pour la légalisation de toutes les drogues et promeut le droit au suicide. Il estime que les juifs ont intérêt à quitter l’Europe au plus vite pour un endroit plus sûr : Israël. Son nom apparaît aussi comme conseiller de Bank Menatep, la banque de l’oligarque russe Mikhael Khodorkovsky.
Pour Bolkestein, le système financier se porte très bien. Si l’Occident échoue, ce n’est pas à cause de sa propre corruption, mais à cause de l’agression d’une civilisation « inférieure », celle de l’islam qui gagne du terrain grâce au relativisme culturel absolu. Que dans la jungle financière, une hyène comme Bolkestein soit appelée au secours des fonds vautours, quoi de plus naturel ? Déjà, le 21 mai, un ancien de son cabinet, Derk Jan Eppink, un senior fellow du London Center for Policy Research de New York, s’était payé une tribune dans le quotidien flamand socialiste De Morgen pour dépeindre la proposition de loi comme l’œuvre de « chevaliers de la moralité ».
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