En vieillissant, l’ancien Premier ministre François Fillon, qui vient de remporter avec bravoure les primaires de droite et se trouve donc en position de vainqueur potentiel des présidentielles françaises de 2017, a transformé son respect pour le général de Gaulle en admiration sans limite pour... Margaret Thatcher.
Or, avec le bénéfice du recul, plusieurs études que Fillon feint ignorer permettent de confirmer à quel point la « Dame de fer » a réussi à ruiner son pays.
Pour s’en convaincre, l’article excellent publié aujourd’hui par Les Echos, intitulé Margaret Thatcher a-t-elle fait redémarrer l’industrie britannique ? ainsi que l’article de Christian Chavagneux, publié en juin 2015, sous le titre : Politiques libérales : le bilan négatif des années Thatcher dont voici quelques extraits :
Elue Premier ministre britannique en 1979, Margaret Thatcher lance le pays dans une politique de libéralisation à outrance : déréglementation des prix, des salaires, de la finance, privatisations, réduction du pouvoir des syndicats, etc. Une politique poursuivie par ses successeurs et un peu assouplie lors du passage au pouvoir des travaillistes.
Deux économistes [1] de l’université de Cambridge ont voulu en avoir le cœur net : ces changements ont-ils permis à l’économie britannique de mieux se porter durant les décennies qui ont suivi ces politiques par rapport aux décennies qui ont précédé ? Leur constat est sans appel : la réponse est non.
Après les politiques de libéralisation, la capacité de l’économie britannique à produire de la richesse s’est amoindrie. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant de 2014 est inférieur de 20 % à ce qu’il aurait été si la croissance moyenne des années 1950-1979 s’était maintenue.
(…) Avant 1979, seules 1974 et 1975 ont connu une baisse de croissance. Depuis, il y a eu trois récessions majeures dont la plus forte depuis un siècle du fait de l’excès d’endettement dû à la libéralisation financière.
Le problème clé de l’économie britannique tient à la baisse de la productivité, sa capacité à produire plus efficacement. Elle a surtout perdu en productivité globale des facteurs, c’est-à-dire dans sa capacité à combiner travail et capital, plus que par une baisse de la productivité du travail ou du capital.
La productivité globale a crû de 1,4 % par an en moyenne sur la période 1980-2007, contre 1,8 % sur la période 1950-1979. L’explication tient à l’affaissement de l’industrie au profit des services, un secteur où les gains de productivité et où les dépenses de recherche et développement sont plus faibles.
(…) Un point positif mérite d’être souligné : entre 1979 et 2013, nos voisins d’outre-Manche ont ajouté 4,7 millions d’emplois. Quels que soient les autres résultats par ailleurs, n’est-ce pas là le résultat ultime qui montre la force des politiques libérales ? Clairement non : les deux tiers de ces emplois ont été créés dans le secteur public ! Le tiers restant provient essentiellement du commerce de gros et de détail et du secteur immobilier, tous portés par une bulle d’endettement qui a mal fini.
[1] Ken Coutts et Graham Gudgin, dans The Macroeconomic Impact of Liberal Economic Policies in the UK (Avril 2015)
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