L’ancien chef du parti socialiste portugais Mario Soares, qui a été deux fois Premier ministre puis président du pays, a été sous attaque au cours des deux dernières semaines, après avoir suggéré au gouvernement portugais de démissionner avant que les cures d’austérité exigées par la Troïka (UE, BCE, FMI) ne conduisent à une explosion de violence.
Plusieurs membres du gouvernement avaient accusé Soares d’inciter la population à la violence, et même laissé entendre qu’il serait seul responsable en cas d’incident.
Lors d’une séance de dédicace de son dernier livre le 27 novembre, intitulé L’espoir est nécessaire, Soares a souligné que le pape François avait lancé un avertissement identique au sien dans sa récente exhortation apostolique Evangelii Gaudium :
« On m’a traité de tous les noms et affirmé que j’avais incité les gens à la violence », a-t-il dit, avant de souligner que le pape lui aussi dénonce une « économie de l’exclusion qui tue » et conduit à la violence. François a effectivement écrit :
La paix sociale ne peut pas être comprise comme un irénisme ou comme une pure absence de violence obtenue par l’imposition d’un secteur sur les autres. Ce serait de même une fausse paix que celle qui servirait d’excuse pour justifier une organisation sociale qui réduit au silence ou tranquillise les plus pauvres, de manière à ce que ceux qui jouissent des plus grands bénéfices puissent conserver leur style de vie sans heurt, alors que les autres survivent comme ils peuvent. Les revendications sociales qui ont un rapport avec la distribution des revenus, l’intégration sociale des pauvres et les droits humains ne peuvent pas être étouffés sous prétexte de construire un consensus de bureau ou une paix éphémère, pour une minorité heureuse. La dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de la tranquillité de quelques-uns qui ne veulent pas renoncer à leurs privilèges. Quand ces valeurs sont touchées, une voix prophétique est nécessaire.
« Je suis un grand admirateur du pape », a déclaré Soares, contrairement aux médias européens qui ont largement boudé le message de François.
L’ancien président portugais a expliqué que la politique « des marchés usuriers » conduit à la dépopulation du Portugal [qui connaît depuis le dernier cycle de crise une chute démographique, ndlr], et que le gouvernement n’est préoccupé que par l’idée de satisfaire ces marchés en offrant aux détenteurs d’obligations, de manière préventive, des taux d’intérêt plus élevés qui gonflent artificiellement le niveau de la dette.
Ce pillage croissant du pays peut effectivement conduire à la violence. Le chef de la police nationale a dû démissionner de son poste le 28 novembre, après que des milliers de policiers manifestant contre les coupes budgétaires ont réussi à briser les barricades et à entrer dans le parlement, chantant l’hymne national, avant de quitter toutefois l’hémicycle sans incident.
# petite souris
• 05/12/2013 - 22:15
un bel exemple en effet !
Les portugais sont presque tous les jours devant le Parlement à Lisbonne .....
Un peuple qui se bat contre le gouvernement en demandant leur démission et l’hiver risque d’être assez "chaud" ..... de plus en plus de sans abri les gens se précipitent pour un salaire de 500euros/ mois ! les bébés sont rares et les jeunes diplômés partent avec un billet aller ! c’est pire que dans les années 60 ...........
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