Le Forum de la Nouvelle Route de la soie à Beijing a fait naître un nouvel espoir de paix et de développement économique. Non, le monde ne sombrera pas dans une nouvelle guerre mondiale, conséquence des convulsions provoquées par la crise financière, économique, politique et morale que subissent les Etats-Unis, épicentre de notre système occidental, et leurs alliés européens. Le sommeil de la raison engendre des monstres, comme on l’a vu apparaître ces dernières années, notamment dans la résurgence d’un conflit Est-Ouest suranné que rien ne justifie et dans ses métastases en Ukraine, en Syrie et maintenant en Corée du Nord.
Cet espoir reste cependant à consolider, tellement les tensions ont été fortes dans la période récente et le restent encore. Il repose sur les pourparlers qui ont démarré entre les trois grandes puissances, Etats-Unis, Chine et Russie, depuis l’arrivée à la présidence de Donald Trump.
Le 6 avril, Trump recevait le président chinois Xi Jinping à sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, pour un dialogue qualifié de fructueux par les deux parties. Le 12 avril, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson reprenait contact avec la Russie après avoir frôlé une fois de plus la guerre avec elle, suite aux frappes américaines contre une Syrie accusée sans preuves d’avoir utilisé du gaz sarin contre sa propre population. A Moscou, il a rencontré son homologue Serguei Lavrov pendant cinq heures et Vladimir Poutine pendant près deux heures.
Vers une solution à la crise syrienne
Au menu de ces discussions et des progrès escomptés, la Syrie, la Corée du Nord, l’Ukraine... De part et d’autre, on a reconnu qu’il faudrait du temps pour restaurer la confiance. Un dialogue au jour le jour, mené par des représentants spéciaux, a été établi, ayant pour but d’éliminer les anciens sujets d’irritation et de résoudre les problèmes actuels, notamment dans la crise syrienne.
Depuis, MM. Lavrov et Tillerson se sont entretenus par téléphone à plusieurs reprises et Donald Trump et Vladimir Poutine se sont parlé le 2 mai, le tout aboutissant à la rencontre cruciale du 10 mai, aux Etats-Unis mêmes, entre Serguei Lavrov, Rex Tillerson et Donald Trump.
Les deux parties ont exprimé leur satisfaction à l’issue de cette rencontre : « C’était une très bonne réunion », s’est exclamé Donald Trump, cité par l’agence Tass. « Nous allons mettre fin aux tueries et à la mort. (…) Par rapport à la Syrie, des choses ont lieu et elles sont vraiment, vraiment, vraiment positives. »
Lavrov a été particulièrement disert.
Nous avons discuté à fond de la question syrienne, et particulièrement de l’idée de créer des zones de désescalade [voir plus loin]. Nous partageons l’idée que ceci doit devenir une étape commune dont le but est de mettre fin à la violence en Syrie. Nous sommes d’accord sur le concept et même sur les pas que nous devons entreprendre concernant la géographie des zones de désescalade. (...) Nous nous sommes accordés sur le fait de travailler ensemble dans le format des pourparlers d’Astana où les Etats-Unis ont envoyé un observateur. (...) Nous coopérerons au sein du format du processus de Genève qui, selon Staffan de Mistura [l’envoyé spécial pour la Syrie], reprendra la semaine prochaine.
Syrie, vers la désescalade
Le 4 mai dernier, lors d’une réunion à Astana (Kazakhstan), un mémorandum a été signé par la Turquie, l’Iran et la Russie, portant sur la création de quatre zones de « désescalade » en Syrie.
Le but de ces zones sécurisées est d’y faire immédiatement cesser la violence et de faciliter le retour volontaire des réfugiés et des déplacés. L’aide médicale et humanitaire pourra alors y être livrée et les infrastructures reconstruites, les Russes assurant l’interdiction de survol de toutes les forces aériennes.
Pour la Russie, ces zones sont l’étape de transition vers la pacification totale du pays. Leur création va de pair avec la relance des négociations de Genève entre le gouvernement d’Assad et l’opposition syrienne. Si Damas n’est pas partie prenante de l’accord, elle y apporte son soutien. Du côté « rebelles », bien que certains aient prétexté la présence de l’Iran pour quitter les négociations, d’autres sont restés.
Les trois pays ont jusqu’au 4 juin prochain pour délimiter les zones concernées par l’accord, dont la validité initiale sera de six mois, avec possibilité de prolongation. Pour l’heure, le choix s’est porté sur Idlib, Homs et la Ghouta orientale ainsi que les régions de Deraa et de Kuneitra, à la frontière avec la Jordanie et Israël. Il ne touche que la partie occidentale du pays, dominée par les rebelles.
Cette initiative fut l’un des thèmes abordés par Trump et Poutine lors de leur échange téléphonique du 2 mai. Bien que les Etats-Unis n’y participent pas, un observateur américain assistait à la réunion d’Astana. Suite à la rencontre Lavrov/Tillerson/Trump du 10 mai aux Etats-Unis, Serguei Lavrov a même confié à l’agence Tass son espoir que les Etats-Unis s’impliquent dans la création et la surveillance de ces zones, « surtout, a-t-il ajouté, étant donné que Donald Trump fut le premier à parler de l’importance de créer de telles zones ».
Une dénucléarisation de la Péninsule coréenne est-elle possible ?
Autre question clé abordée lors des entretiens russo-américains, les problèmes posés par le nucléaire militaire de la Corée du Nord et son programme de missiles. Bien qu’étant du ressort du groupe des six – Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Corée du Nord et Corée du Sud – c’est surtout vers la Chine que s’est tourné Donald Trump pour tenter de trouver une solution à cette crise. La Chine est accusée, à tort, d’être l’alliée inconditionnelle de Pyongyang. Mais si elle en est bien l’alliée traditionnelle, sa fuite en avant dans le nucléaire militaire inquiète de plus en plus Beijing, au point de devenir un débat national.
Maniant le bâton et la carotte, Trump a fait irruption dans le Pacifique en y envoyant une véritable armada, dans l’espoir de terroriser le régime de Pyongyang pour l’amener à abandonner son programme nucléaire militaire. Peine perdue. De façon prévisible, Kim Jong-un a réagi en lançant un nouveau tir de missile ! Car l’une des caractéristiques de ce régime est de vouloir perdurer coûte que coûte.
Depuis, peut-être grâce au dialogue en cours, Trump semble être revenu à une stratégie plus prudente, en proposant de rencontrer lui-même Kim Jong-un. Dans une intervention au Conseil de Sécurité de l’ONU le 28 avril, Rex Tillerson a défendu « une nouvelle approche », affirmant ainsi : « Notre but n’est pas de changer le régime, ni de menacer le peuple nord-coréen ou de déstabiliser la région Asie-Pacifique. »
Cependant, M. Tillerson a proposé par la suite toute une série d’actions coercitives fortes, y compris de suspendre les relations et de durcir les sanctions contre ce pays, qui ne pourront qu’aggraver les choses. Car, outre sa crainte de subir le sort réservé par les Américains à Saddam Hussein, ce qui pousse ce régime à vouloir à tout prix se défendre est sa volonté d’améliorer les conditions économiques du pays.
Et l’Europe dans tout cela ?
Effrayés par ce dialogue entre grands qui les dépasse, les politiciens européens poussent des cris d’orfraie contre Trump, boudent l’initiative de la Nouvelle Route de la soie de la Chine (quand ils n’en dénoncent pas les visées impérialistes) et poursuivent la Russie de leur vindicte.
Qu’ils ne s’en prennent qu’à eux-mêmes ! Dans la crise que nous vivons, comment s’étonner que cet ensemble d’Etats, bureaucratique et sans âme, dont les coffres forts que sont l’Allemagne et la Banque centrale européenne usurpent le pouvoir jadis détenu par les Etats-nations, dérive au fil de l’eau tel un bateau ivre, sans but ni dessein ?
Tant qu’elle ne deviendra pas une véritable « Europe des patries et des projets », portée par la personnalité spécifique et historique de chacun de ses Etats membres, l’Allemagne promouvant l’industrie, la France une politique de grand dessein, l’Italie, sa créativité, et ainsi de suite, elle ne pourra éviter de sombrer. C’est tout le combat mené par S&P.
# BONIN Stéphane
• 07/06/2017 - 18:32
Ah, s’ ils le pouvaient ! En particulier les States, si ce pays pouvait se débarrasser de ces mauvais conseillers pro-Obama/Clinton . Obama/Clinton, le pseudo prix Nobel de la paix/la mauvaise perdante.
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