Le 26 juillet, la ville de Philadelphie a lancé des poursuites judiciaires contre plusieurs grandes banques internationales (Bank of America, Crédit Suisse, Deutsche Bank, JP Morgan Chase, Royal Bank of Canada, Royal Bank of Scotland et UBS) pour dommages encourus suite à l’entente illicite entre grandes banques pour manipuler l’indice du Libor (London Interbank Offering Rate) qui sert de référence pour fixer les termes de la dette de 75% des grandes villes américaines.
Le 23 juillet, pour le même motif, la ville de Houston au Texas avait elle aussi entamé des procédures légales contre 16 banques internationales (Bank of America, Bank of Tokyo-Mitsubishi, Barclays, Citigroup, Crédit Suisse, HSBC, JP Morgan Chase, Lloyds Banking Group, HBOS, Royal Bank of Canada, Norinchukin Bank, Société Générale, Royal Bank of Scotland, UBS, Portigon, Westdeutschem Immobilienbank).
Pour en comprendre les enjeux, revenons sur le rôle néfaste des emprunts toxiques et des swaps dans la faillite de Detroit.
En 2005, frappée de plein fouet par la crise de l’automobile et par des rentrées fiscales en baisse, la ville de Detroit a cherché un moyen de remettre à flot les caisses de pension pour les employés de la ville, les policiers et les sapeurs-pompiers.
A la différence de la banqueroute de General Motors et de Chrysler, le département du Trésor américain n’est pas venu à sa rescousse. Detroit se tourne alors vers le géant bancaire suisse UBS qui se charge de vendre environ 1,4 milliard de dollars d’obligations municipales, des « certificats de participation », dont 1 milliard de dollars souscrits par d’autres grandes banques européennes, notamment Depfa, Commerzbank ou encore Dexia. La souscription de ces « certificats de participation » promettait d’être lucrative puisque Detroit aurait dû payer 827 millions de dollars (627,2 millions d’euros) d’intérêts durant 20 ans au pool de banques européennes réuni par UBS. Avant la faillite de la ville, l’opération leur a d’ailleurs permis d’encaisser 46,4 millions de dollars (35,2 millions d’euros), rien qu’en commissions !
Pour « rassurer » la ville déjà fragilisée, UBS et compagnie lui proposent des produits financiers dérivés, dans ce cas-ci des contrats swaps pour « protéger » la ville contre des hausses excessives des taux d’intérêts (variables). Pour simplifier : si le taux montait, les banques payaient ; si les taux baissaient, c’est la ville qui devait mettre la main au portefeuille !
Or, comme le constatent actuellement les avocats de Philadelphie, en secret, les mêmes banques, grâce à leurs manœuvres et mensonges, se sont entendues entre elles pour faire baisser le Libor à Londres, permettant ainsi de toucher des profits juteux sur les contrats swaps avec les villes.
Rappelons que depuis que le scandale du Libor a éclaté l’an dernier, UBS, Barclays et Royal Bank of Scotland, au cœur du scandale, ont dû payer seulement 2,6 milliards de dollars aux régulateurs américains et britanniques, une broutille comparée aux profits énormes engrangés.
Pourtant, alors qu’aucun banquier ne s’est trouvé derrière les barreaux, les villes escroquées et leurs habitants ont dû subir des coupes dans leurs salaires et leurs services sociaux, et comme le démontre le cas de Detroit, la faillite.
Aujourd’hui, voulant tirer les leçons de la faillite de Detroit, Philadelphie et Houston affirment seulement qu’elles ont été privées de revenus considérables découlant d’un taux du Libor honnête, c’est-à-dire plus élevé.
Ce qui engendre les « emprunts toxiques », c’est tout un système bancaire devenu toxique depuis l’abrogation de la Loi Glass-Steagall aux Etats-Unis et ses équivalents en Europe. Sans rétablir une séparation stricte entre banques de dépôts et banques d’affaires, ce sont des milliers de Detroit qui nous attendent.
# petite souris
• 01/08/2013 - 17:30
si de grandes villes commencent à s’en mêler ..... un espoir pour un Glass-Steagall existe bien réellement !
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