Le 7 mars 2016, dans la revue Horizons & Débats, l’économiste suisse Gotthard Frick s’inquiète, non sans raison, du fait que l’armée suisse se retrouve de façon sournoise intégrée dans l’OTAN.
Et le 15 mais, c’est dans les colonnes du quotidien chinois Global Times qu’il sonne le tocsin à propos du danger d’une guerre mondiale.
Sous le titre Est-ce que c’est la Russie qui menace la paix mondiale ?, l’auteur constate le fait qu’un « nouvel ordre mondial commence et que les Etats-Unis sont déterminés à rester, à tout prix, y compris au prix d’une guerre, la puissance hégémonique mondiale ».
En 1962, poursuit Frick, la situation était en image miroir exacte de celle d’aujourd’hui, précise-t-il. L’Union soviétique avait positionné un grand nombre de ses missiles nucléaires à Cuba et sur des sous-marins à proximité. Or, le Président américain John F. Kennedy avait réagi de façon assez semblable à celle du gouvernement russe aujourd’hui en disant que les Etats-Unis ne pouvaient pas, à leur porte, accepter une telle menace et répondraient par la guerre si aucune solution n’était trouvée. Un Armageddon nucléaire menaçait le monde. Les Soviétiques ont fini par accepter de retirer leurs missiles.
Un autre exemple : tout le monde sait qu’une velléité puissante se développe en Ecosse pour son indépendance, en Angleterre pour quitter l’UE, et en Catalogne pour faire succession. On s’imagine aisément que les hommes politiques et les média occidentaux crieraient au scandale si le Président russe Vladimir Poutine appuyait ces mouvements autant qu’Obama les a appuyés en Ukraine…
Que dirait l’Occident, si des ministres et autres responsables russes de haut niveau se rendaient dans ces pays pour assurer l’opposition du soutien de la Russie et s’entretenaient avec les dirigeants des partis sécessionnistes afin de planifier et financier leurs prochaines opérations et donnaient des instructions aux ambassadeurs russes qu’on mettrait en avant pour devenir des Premiers ministres au cas où des nouveaux pays verraient le jour ? Rien de cela n’a eu lieu. La Russie ne s’est pas ingérée dans les affaires intérieures de ces pays.
![]()
- Nouvelle Solidarité N° 10/2016 - S’abonner
Pourtant, pour l’Occident, se mêler des affaires de pays étrangers au noms de ’’valeurs plus élevées’’ est la norme. Tous les moyens sont bons : l’intervention militaire, le soutien aux groupes d’opposition, des coups d’Etat organisés via la CIA ou d’autres services secrets, le choix de l’aide au développement et toutes sortes de façons. Au tout début du mouvement Maïdan en Ukraine, l’influent sénateur américain McCain s’est entretenu avec des dirigeants de l’opposition, y compris avec ceux du parti fasciste Svoboda, afin d’organiser le soutien des États-Unis. Il s’est adressé aux Ukrainiens lors d’un rassemblement public sur le Maïdan pour les assurer du soutien américain. Et la secrétaire d’Etat-adjointe américaine, Victoria Nuland, dans un long entretien avec l’Ambassadeur américain à Kiev, lui a affirmé qu’Arseni Iatseniouk devait devenir le Premier ministre d’Ukraine. Jusqu’il y a récemment, il était aux commandes.
Beaucoup d’autres politiciens occidentaux de haut niveau, tel que Catherine Ashton en charge de la politique extérieure de l’UE, se sont également impliqués dans l’insurrection. Et suite à ces interventions, le Président-élu d’Ukraine a été victime d’un putsch et a été remplacé par Petro Poroshenko, le magnat d’un empire économique. Rapidement, l’idée de rejoindre l’OTAN fut au centre des pourparlers alors que la Russie avait, depuis 1991 (date où l’Ukraine cesse d’être membre de l’URSS), un accord avec Kiev pour pouvoir opérer sa flotte à partir de Sébastopol, son principal port d’ancrage.
Ces développements ont conduit le pays à une guerre civile et le retour de la Crimée à la Russie. Et aujourd’hui, l’Occident blâme la Russie et la punit avec des sanctions pour avoir défendu ses intérêts et sa sécurité dans une situation de pré-guerre créé par l’Occident.
Voilà ce qui brise agréablement avec la langue de bois qui prévaut en France !
Un message, un commentaire ?