Le 11 mai, quelque 6000 citoyens se sont précipités pour visiter le chantier de l’écluse géante de la Deurgancksdok en construction à Anvers, l’un des plus grands ports d’Europe.
D’une taille de 68 m de large et 500 m de long, l’écluse sera la plus grande du monde, plus grande même que celle de Berendrecht (elle aussi dans le port d’Anvers), qui détient actuellement le record. « Elle n’est pas seulement plus grande, mais aussi plus profonde, offrant la possibilité à des navires plus grands de passer », déclare Annik Dirckx de l’Autorité du port d’Anvers. Ce projet gigantesque, selon l’échevin du port d’Anvers Marc Van Peel (CD&V), est essentiel pour le développement du port. « Grâce à la nouvelle écluse, nous pouvons maintenant rejoindre la ‘Champions League’ des ports européens », souligne-t-il fièrement.
La nouvelle écluse sera aussi longue que 28 bus articulés alignés pare-choc contre pare-choc. La largeur de l’écluse, 68 m, est comparable à une autoroute à 19 voies. 20 000 tonnes d’acier structurel ont été nécessaires pour construire l’écluse, les ponts et les accessoires. C’est presque trois fois tout l’acier utilisé pour construire la Tour Eiffel (7300 tonnes).
Malgré les dimensions énormes de l’écluse, le processus de construction nécessite des manœuvres délicates. Par exemple, les portes de l’écluse doivent avoir des joints parfaits, tandis que le mécanisme d’ouverture des ponts est un travail de précision, car le rail doit évidemment se connecter parfaitement au pont à chaque fois qu’il se referme.
Jan de Nul, l’une des sociétés géantes belges de dragage impliquée dans la construction, est aussi en train de construire les nouvelles écluses du canal de Panama. Le projet de 5,5 milliards de dollars pour élargir le canal de Panama permettra le passage de navires plus large de moitié et plus long d’un quart que ceux que le canal peut actuellement accommoder.
A Anvers, ce projet ambitieux représente un investissement de 340 millions d’euros. En dépit de l’effondrement de la zone euro, la Banque européenne d’investissement (BEI) a financé 160,5 millions d’euros, la banque belge KBC a injecté 81 millions d’euros et les 98 millions restants sont venus de Port d’Anvers et Ports Flamands plc, le partenariat créé pour construire les nouvelles écluses de mer à Anvers, Gand et Zeebrugge.
Pour étendre encore son hinterland, il reste à relier le port d’Anvers d’une part au bassin parisien via le Canal Seine-Nord, dont le financement ne cesse d’être saboté, et d’autre part à l’axe Rhin-Danube grâce à un canal de jonction que l’on pourrait imaginer entre les villes hollandaise de Venlo (Meuse) et allemande de Krefeld (Rhin), proche de Duisburg.
Ce qui est certain, c’est qu’Anvers semble bien avoir compris que son avenir s’inscrit dans le nouveau paradigme des « nouvelles Routes de la soie » promu par la Chine et la Russie. L’Autorité du port d’Anvers a lancé une mission commerciale dans le nord de la Chine du 22 au 25 avril, avec l’objectif d’établir des relations rapprochées avec cette région et de souligner la position unique d’Anvers et ses connections avec l’intérieur de l’Europe. La mission a visité les villes de Tianjin, Qingdao et Dalian, parmi le top 10 des ports chinois.
La collaboration entre les deux pays commence à porter ses fruits, avec une augmentation des volumes d’échanges commerciaux. La Chine est maintenant devenue le cinquième plus grand partenaire commercial du port d’Anvers, avec un volume annuel de fret de 8,3 millions de tonnes. L’arrivée au port de porte-conteneurs toujours plus grands comme les navires ULCS (Ultra-Large Container Ships), exploités par exemple par China Shipping, confirme les bonnes relations entre le port d’Anvers et la Chine.
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