Une fois n’est pas coutume mais il arrive qu’un article du quotidien Le Monde mérite d’être signalé tel quel à nos lecteurs. Le 12 novembre, dans le cahier Economie et sous le titre « Désamorcer la bombe », Philippe Escande, en introduction à un dossier très complet baptisé « Credit Default Swaps (CDS), attention finance toxique », trace quelques pistes pour désamorcer ce qu’il décrit avec raison comme « une bombe ».
Alors que le journaliste estime qu’on peut pas interdire les CDS parce que « le produit s’est disséminé partout », nous estimons au contraire que, dans le cadre d’un retour aux critères du Glass-Steagall Act, un tel assainissement s’impose.
Désamorcer la bombe
Théoricien de la main invisible du marché, Adam Smith était aussi un grand moraliste du XVIIIe siècle. Le malheur des hommes, disait-il, "naît de leur incapacité à savoir quand tout va bien et quand il leur faut s’asseoir tranquillement et s’en satisfaire". Deux siècles et demi plus tard, nous en sommes toujours là, et c’est pour cela que nous voguons de crise en crise.
Ce n’est pas la finance qui a tué le monde d’avant 2008, mais la folie de financiers qui, au lieu de s’asseoir tranquillement, ont poussé toujours plus loin leur avantage, pour gagner toujours plus. Ainsi est née l’innovation financière dont nous n’avons pas fini de payer les conséquences. Celle-ci a prospéré sur l’aveuglement, voire la complicité des victimes : citoyens, Etats, entreprises, hypnotisés par le mirage de l’endettement sans risque et sans fin.
Rien ne résume mieux cette malédiction que cette étrange catégorie de produits financiers que les Anglo-Saxons ont baptisés de l’acronyme CDS, pour "credit default swap". Il s’agit tout bonnement d’un contrat d’assurance contre le non-remboursement d’un prêt. L’idée n’était pas absurde, de vouloir protéger les créanciers, comme on protège les automobilistes des conséquences d’un accident. A un petit détail près. Ce produit n’est pas vendu par une société d’assurances. Et cela change tout.
Comme on joue au mistigri
Pas de régulation de l’offreur, pas de fonds de garantie pour activer le remboursement en cas de sinistre. Ce produit est un leurre. On peut en créer autant que l’on veut et on peut se l’échanger sous le manteau à des prix qu’aucune autorité ne certifie. Les banques ont ainsi bâti des fortunes en s’échangeant ces certificats, comme on joue au mistigri en espérant juste ne pas être le dernier possesseur.
Ce faisant, elles ont construit et manipulé une bombe chimique. Le taux de ces produits virtuels a influé largement sur l’envolée des taux, bien réels, des dettes grecque, italienne ou espagnole, aggravant leur crise.
Pourquoi ne pas les interdire alors ? Parce que le produit s’est disséminé partout et a atteint des proportions considérables, mettant en jeu des milliers de milliards de dollars. Mais aussi parce que les Etats ont, eux aussi, été contaminés, fermant les yeux sur ces pratiques en échange du rachat par les banques des dettes souveraines.
Retirer le tapis brutalement ferait exploser la bombe, mais le maintenir serait pire encore. Il faudra bien des années à l’Europe pour se désintoxiquer de l’hyper-finance.
Philippe Escande
# petite souris
• 17/11/2012 - 17:21
Pourquoi ne pas les interdire alors ? Parce que le produit s’est disséminé partout et a atteint des proportions considérables, mettant en jeu des milliers de milliards de dollars. Mais aussi parce que les Etats ont, eux aussi, été contaminés, fermant les yeux sur ces pratiques en échange du rachat par les banques des dettes souveraines.
Quel aveu !!!!!
.........
Oui ! il s’agit d’un véritable cancer ........
Or cela se soigne se guérit même ..... il suffit de le vouloir !!!!!!!!
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