Un colloque sur l’Irak organisé par l’Académie de Géopolitique de Paris le 6 octobre, a permis de mieux cerner le problème DAECH ou État Islamique qui menace désormais non seulement l’Irak, mais aussi la Syrie et beaucoup d’autres États ayant des populations musulmanes importantes. Il a permis également d’éclairer toutes les ambigüités de la coalition qui aujourd’hui s’est formée pour le combattre.
Le député Jacques Myard, une voix hétérodoxe au sein de son parti l’UMP, a donné le ton dans ses remarques introductives à ce colloque qu’il accueillait à l’Assemblée nationale. L’Irak est aujourd’hui l’enjeu international « de tous les défis », mais aussi, « de tous les pièges ». Parmi ces pièges, celui de « l’engrenage ». « Combattre Daech grâce à une coalition menée par les Américains comporte un risque d’être emporté par la logique militaire », a dit M. Myard, rappelant que dans les conflits de la colonisation que la France a bien connu, il y a « le droit de suite, les attaques dans les bases arrières de l’ennemi »...
Deuxième piège « le danger de reconstruire toutes les frontières de la zone », comme certains le souhaitent ouvertement dans la presse américaine. L’enjeu « est celui d’amener toutes les puissances de la zone à régler ce conflit » par elles-mêmes. Or pour le député, cela exige de reconnaître qu’un « certain nombre de puissances ont régionalement et localement joué aux apprentis sorciers ». Impossible de « taire l’ambigüité de la politique du Qatar, ni celle de l’Arabie Saoudite, tout comme celle de la Turquie » à l’égard de l’État Islamique. « Il faut avoir le courage de dire à ces États (...) qu’ils doivent changer de politique ».
Enfin M. Myard a appelé à tirer les conséquences « des erreurs » faites par les Occidentaux dans le dossier Syrien. Bachar al-Assad n’est certes pas un ange, a-t-il dit en gros, « mais il risque d’être remplacé par un danger plus grand encore ». Quant à l’Iran, « pour stabiliser la zone, nous n’échapperons pas au retour de ce pays : l’Iran fait partie de cet enjeu et cela signifie que des États comme l’Arabie et le Qatar devront aussi l’accepter ».
La première table ronde a été ouverte par M. Ali Rastbeen, président de l’ Académie géopolitique de Paris. Dans ses propos préliminaires, il a souligné le caractère multiethnique et religieux de l’Irak. Les chiites constituent cependant la majorité de la population, et les Iraniens, la minorité la plus importante. « Or, depuis l’Empire ottoman et jusqu’à la chute du parti Baas, l’administration irakienne a été exclusivement exercée par les sunnites », facteur « qui a joué un rôle important dans les événements de la dernière décennie dans ce pays, et qui continuent à jouer leur rôle aujourd’hui. »
« Ce pays doit connaître une renaissance mais celle-ci ne peut pas se réaliser à travers les guerres et les pouvoirs militaires », a-t-il dit, notant qu’après la deuxième guerre mondiale, l’ONU avait été créée pour construire un nouvel ordre mondial. « La communauté internationale doit consolider ses efforts dans la lutte contre le terrorisme en Syrie et en Irak, tout en respectant strictement la souveraineté de ces États. »
Parmi les autres orateurs de la matinée, plusieurs ont pointé du doigt le rôle des États-Unis et de ses alliés dans la région, dans la création de Daech, ce monstre de Frankenstein sur lequel il s’agirait aujourd’hui de reprendre le contrôle. Le double jeu mené par la Turquie a tout particulièrement été pris à parti.
Pour aller plus loin consulter le site de l’Académie Géopolitique de Paris
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